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Mes Univers
17 avril 2019

Pour que vive notre patrimoine :

X1Aujourd'hui, je n'avais pas l'intention de m'exprimer, ni à propos de l'incendie de Notre-Dame, ni sur un quelconque autre sujet. Cependant, une fois encore, je suis contraint de sortir de ma réserve. Malgré mon ardent désir de me retrancher dans refuge, et me consacrer entièrement à mes écrits qui n'ont rien à voir avec Facebook et ce qui y est partagé, je suis obligé d'intervenir...

 
Ma colère est grande aujourd'hui. Mon chagrin est immense du fait de ce à quoi nous avons assisté lundi soir. Mon exaspération, mon indignation, mon mécontentement, en sont d'autant plus grands.
 
Depuis la fin de cet événement qui dépasse nos "misérables" petites existences, je vois et j'entends des personnes s'indigner des dons - millions ou centaines de millions d'euros - qui affluent du monde entier afin de participer à la reconstruction, à la rénovation, et à la réfection de Notre-Dame. Ceux et celles qui s'en indignent s'écrient que ces dons seraient mieux utilisés pour les plus faibles et les plus nécessiteux d'entre nous. Ils s'indignent aussi que les plus favorisés, tels Pinaut ou autre, savent mettre la main à la poche en ce genre de circonstances, alors qu'ils ne le font pas pour relever des sociétés qu'ils gèrent, qu'ils liquident, et dont ils envoient des centaines, des milliers de travailleurs au chômage. J'entends et je vois les commentaires des Gilets Jaunes, qui crient au scandale en disant que ces centaines de millions seraient mieux employés pour augmenter leur salaire, leur pouvoir d'achat.
 
Et là, je dis : non !!! C'est trop. Comment peut-on proférer de telles absurdités. Pire, à mes yeux, les jugements, les partis-pris, les condamnations, qu'ils adressent, m'irritent au plus haut point.
 
Premièrement, ils ne réalisent même pas que de ce chantier hors normes sur le point de débuter, va découler des centaines, des milliers d'emplois pour des dizaines d'années. Ouvriers, menuisiers, tailleurs de pierre, architectes, verriers, j'en passe. De plus, ce sont des métiers en voie de disparition ; ils en sont d'autant plus précieux parce que c'est grâce à eux que de tels monuments ont pu jadis être érigés. C'est grâce à eux qu'au fil des siècles, de ces dernières décennies, et aujourd'hui encore quotidiennement, ceux-ci peuvent être restaurés, réhabilités, rouverts au public ; français et étranger. Combien de compagnons, d'ouvriers spécialisés, se consacrent à longueur d'année un peu partout en France - voire dans le monde - à la résurrection de tels chefs-d’œuvre de notre patrimoine national ou international.
 
Deuxièmement, ils ne réalisent même pas que des quantités d'emplois annexes sont concernés : transports, nourriture, logement, etc. Pour que ces mêmes ouvriers puissent travailler dans de bonnes conditions, il leur faudra nécessairement dépenser une partie de leurs salaires aux alentours de leurs chantiers c'est une évidence. Restaurants, hôtels, magasins, distractions.
 
Troisièmement, ils ne songent pas qu'une fois réhabilité, ce patrimoine attire des milliers, des centaines de milliers, des millions - quatorze millions pour Notre-Dame jusqu'à présent - de touristes dans notre pays. Et ce tourisme emploi, lui également, des dizaines, des centaines de milliers de personnes dans notre pays. Si notre patrimoine national n'était pas si riche, si diversifiés, si fascinant, pour des gens venus du monde entier, gageons que l'emploi - qui ne va pas bien, c'est certain -, se porterait encore plus mal.
 
Mais, évidemment, ces impératifs, uniquement économiques, ceux et celles qui critiquent les centaines de millions d'euros promis à la réfection de Notre-Dame, n'y pensent pas. Ils songent seulement à leurs intérêts partisans. A leurs difficultés personnelles ; c'est légitime...
 
Mais ça n'a aucun rapport avec Notre-Dame, l'argent qu'on veut y consacrer, et le drame majeur que l'incendie dont cette "vieille dame" si chère à notre cœur - à mon cœur - a été victime. Il ne faut pas voir plus loin que le bout de son nez pour proférer de tels propos, de tels ressentiments outranciers et hors sujet.
 
C'est calomnieux, c'est une insulte à notre identité individuelle ou collective. C'est une injure faite à notre nation, à notre continent, à notre civilisation. C'est un manque de respect envers nos racines, envers notre histoire. Peut-être que ces mots ne veulent rien dire pour certains et certaines qui lisent ces mots. Dans ce cas, je les plains, j'ai pitié d'eux ou d'elles. C'est qu'ils n'ont même pas conscience d'où ils viennent, de ce qui a fait qu'ils sont là aujourd'hui. Ils n'ont pas conscience que ces racines que symbolise Notre-Dame, ce sont leurs parents, leurs grands parents, leurs ancêtres. Et que sans eux, ils ne seraient pas là à geindre parce que la vie ne leur fait pas de cadeau pour tout un tas de raisons qui n'ont rien à voir avec Notre-Dame et sa réfection.
 
Comprenez moi bien : je partage les revendications de ceux et celles qui souffrent de la misère, qui n'arrivent pas à terminer leurs fins de mois, qui aimeraient voir leur pouvoir d'achat augmenter, etc. J'appartiens à cette catégorie sociale, moi qui suis handicapé, atteint d'une maladie rare, ma compagne ayant la sclérose en plaques. Je n'ai pas d'emploi "normal". Mon métier, c'est historien-écrivain, parce que je n'ai pas le choix. Le handicap et la maladie que j'ai, ceux de ma compagne, fait qu'aucune entreprise ne veut m'employer. De plus, j'ai la cinquantaine, donc, trop vieux pour cet univers.
 
Alors, c'est grâce à mes capacités personnelles, mes connaissances, ma différence, que je tente, modestement, humblement, de faire mon chemin. J'use des moyens qui sont à ma disposition, malgré les épreuves, les difficultés, au quotidien, qui m'accablent. Malgré la fatigue, malgré le fait que je ne suis ni aidé ni soutenu par quiconque. Je me bats, plutôt que de m'en prendre à ceux qui ont une place plus privilégiée dans la société. Plutôt que de damner le monde entier, plutôt que de montrer du doigt l'étranger, les autorités, les politiques, etc. Je me bats, mème quand je n'ai plus d'espoir, mème quand je suis à genoux, mème quand je suis blessé, même quand je n'en peux plus.
 
C'est trop facile, c'est trop simple de s'en prendre aux autres, de tout attendre de l’État en s'imaginant qu'il peut tout pour trouver des solutions à notre place. C'est avant tout à chacun d'entre nous, malgré les situations calamiteuses, désespérées parfois, auquel il est confronté, qui doit faire le premier pas. Nul ne peut être aidé si lui même ne poursuit pas le combat pour montrer qu'il est susceptible d'être soutenu ; qu'il a la volonté farouche de s'en sortir envers et contre tout.
 
Donc, Notre-Dame, son incendie, les centaines de millions qui vont lui être attribués pour la reconstruire, ne sont qu'un prétexte pour ceux et celles qui s'insurgent contre les donations qui lui sont attribuées. D'autant que Notre-Dame, qu'ils soient croyants ou non, c'est aussi eux. S'ils sont français, ils devraient comprendre que Notre-Dame, c'est la chair de leur chair, au même titre que la Tout Eiffel, que le Louvre, que Versailles, que Chambord, etc. C'est un morceau de la terre de France. C'est notre passé, notre présent, notre avenir. C'est à l'ombre de celle-ci que le peuple de France se rassemble quand il veut fêter des victoires, quand il est blessé, quand il a peur, quand il souffre, quand il est heureux, quand il est fier de ce qu'il a accompli. C'est ses cloches qui ont fêté la Libération, qui ont pleuré les morts du Bataclan....
 
Nier, huer, s'indigner, se révolter, se scandaliser, envers les efforts financiers qui sont entrepris pour rénover, rebâtir, Notre-Dame, c'est nier, huer, s'indigner, se scandaliser, etc. contre ce peuple de France, et au final, contre eux-mêmes.
 
J'espère plutôt, au contraire, que cela fera prendre conscience aux gens de la fragilité de notre patrimoine. J'espère plutôt qu'ils se rendront compte combien il est essentiel, vital, de mettre les moyens utiles et nécessaires pour le restaurer, pour le conserver, pour y faire attention. J'espère qu'ils réaliseront que les méconnaitre, que les négliger, que n'y voir que "de vieilles pierres" va à l'encontre de ce qu'ils sont, de leurs valeurs, de ce qu'ils chérissent, de ce qui est beau, de ce qui est grand, de ce qui reste d'eux après leur disparition.
 
J'espère que nos politiques mettront désormais les fonds indispensables pour en faire de même avec tous les chefs d’œuvres de notre nation qui en ont grand besoin. Car combien d'autres sont en péril, attendent depuis des années, des décennies, pour être remis en état, pour être rendus au public, pour qu'ils dévoilent à "ceux et celles qui ne savent pas" les pages magnifiques ou terribles de notre histoire qu'ils incarnent. Pour qu'ils rappellent l’héroïsme, les mérites, les exemples, les qualités, que nous ont légué nos ancêtres. Ainsi que les médiocrité, les décadences, les faiblesses, les mesquineries, les misères, dont nous sommes dotés, évidemment...
 
Que chacun et chacune qui s'emporte contre les centaines de millions investis pour Notre-Dame, réfléchisse un peu à tout ce que je viens d'évoquer dans cet article, avant d'être choqué, exaspéré, et ne pas voir plus loin que le bon de son nez....
 
Dominique Capo
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