Demain, la médecine :

Peut-être que beaucoup des lecteurs et les lectrices qui ont pris le temps de se pencher sur mon article "Demain" ont estimé qu'il s'agissait-là que de science-fiction. Une vision fantasmée équivalente à celle qu'ont les auteurs de ce genre de littérature lorsqu'ils composent un ouvrage traitant de ce thème...

Et pourtant... Mème si j'estime que je vais très loin dans la perspective que j'ai énoncée, je suis convaincu que, d'une manière ou d'une autre, et en y intégrant des paramètres que j'ai involontairement omis de mettre en avant, la destinée de l'Humanité ressemblera un jour plus ou moins à celle-ci. Qu'on le veuille ou pas, qu'on l'accepte ou pas, qu'on le voit ou pas, tous les indices que la société hyper-capitaliste dans laquelle nous vivons aujourd'hui - qui a atteint ses limites, et qui brule ses derniers feux - le montrent.

Aujourd'hui, je vais prendre un exemple auquel chacun peut se référer puisqu'il fait déjà amplement partie de notre quotidien. Mieux : ce phénomène, bien qu'en n'étant qu'à ses balbutiements, ne cesse de s'amplifier.

Depuis la fin des années 60, et surtout à partir des années 80-90, la médecine a fait des progrès considérables dans bien des domaines. Certaines maladies autrefois chroniques et éminemment dévastatrices ont été vaincues - ou presque totalement ; du moins en Occident. La chirurgie a permis de réparer ou de remplacer des organes vitaux qui, sinon, condamnaient le patient à une mort certaine. Les médicaments nouvelle génération permettent de contenir ou de résorber des maux qui conduisaient autrefois les hommes et les femmes qui en étaient atteints, à une diminution de leurs capacités, voire à une mort certaine. Le Sida, fléau du dernier tiers du vingtième siècle, a été maitrisé - même si un vaccin n'a toujours pas été trouvé afin de l'éradiquer, désormais grâce aux nouveaux médicaments, on peut vivre avec une vie à peu près normale. Une espérance de vie beaucoup plus prolongée que lors de son apparition est désormais possible. Les vaccins, une nourriture plus équilibrée, plus saine, un peu de sport, etc. permettent d'avoir une espérance de vie qui ne cesse de progresser.

Cependant, tout ceci n'est rien comparé à ce qui nous attends : les transplantations d'organes ouvrent une nouvelle voie aux possibilités quasi-illimitées. On sait remplacer des poumons, des reins, un cœur assez aisément. Éventuellement, la micro-robotique peut les remplacer ou les seconder plus ou moins momentanément. Depuis quelques années, la technologie réussit à remplacer des membres coupés : bras, jambes, mains. Des puces électroniques implantées dans le cerveau permettent d'amoindrir les effets de la maladie de Parkinson. Des Pacemakers permettent de remplacer les faiblesses d'un cœur usé. Et pourtant, tout ceci n'est rien.

Aujourd'hui, bien avant la naissance d'un enfant, certaines maladies héréditaires - ou non - peuvent lui être ôtées. Les progrès de la génétique en sont capables. Cependant, choisir le sexe d'un enfant au niveau cellulaire n'est pas grand chose. Un jour, il est évident que toutes les maladies possibles et imaginables pourront lui être enlevées. Nous pourrons choisir sa couleur de peau, sa taille, sa couleur de cheveux, et autres caractéristiques diverses et variées. C'est ce que nous nommons l'eugénisme. Ceux et celles qui n'ont pas vu le film "Bienvenu à Gattaca", je le leur conseille vivement, car il décrit très bien ce futur plus ou moins proche.

Avec Dolly, le clonage a effectué ses premiers pas. Un jour, grâce à cette nouvelle science, nous pourrons produire des doubles de nous destinés à réparer nos malfaçons. D'ailleurs, plusieurs tentatives ont déjà été faites dans ce sens ; et elles ont fait polémique du fait des problèmes éthiques qu'elles posaient. Pour autant, on peut l'interdire pour des raisons philosophiques et humanistes - totalement justifiées à mon avis -, cela n’empêchera pas certains médecins ou scientifiques de progresser au sein de cette "Terra Incognita". Par ailleurs, l'éthique étant une notion relative suivant les époque, les modèles de société, il est évident que ce qui est proscrit aujourd'hui ne le sera peut-être - certainement ? - pas demain.

Donc, il est probable que dans l'avenir, l'eugénisme permettra aux hommes et aux femmes de ressembler à l'idéal qu'ils se font de leurs caractéristiques physiologiques et esthétiques. D'autre part, avec le clonage, au cas où un accident inattendu surviendrait, un double pourrait être engendré afin de remplacer les "pièces défectueuses de son corps".

Non seulement ça, mais il sera également possible de créer de nouvelles espèces humaines - ou pas - dotées de certains talents, éradiquées de certaines caractéristiques. Il en sera engendré des espèces "sous-humaines" dont la seule fonction sera des taches auxquelles l'homme ne souhaitera plus se plier. Des serviteurs, des esclaves dévoués et fidèles, sans conscience de soi et des autres, des soldats aux aptitudes militaires, aux sens développés. Ils seront destinés à remplacer cette nouvelle caste humaine "supérieure" puisqu'aux caractéristiques parfaites choisies avant leur naissance , pour combattre un éventuel ennemi.

Grace à la micro-technologie, aux progrès du tout-connecté, l'Homme pourra également se métamorphoser en un "plus qu'humain". Ce sera probablement le futur outil de son individualisation. Chacun pourra choisir des caractéristiques développant des capacités dans "la norme" en fonction de ses gouts, de ses désirs, de ses projets. Il pourra en changer comme bon lui semble, comme des vêtements modifiant son apparence chaque jour. Cet homme tout-connecté sera interdépendant de l'ensemble de sa communauté. Il n'en sera qu'un exemplaire aux émotions minorées puisque non indispensables à son besoin de se perpétuer. En effet, s'il pourra se modifier indéfiniment, si ses besoins les plus vitaux seront maitrisés de cette façon, il est indubitable que ses instincts les plus primaires en seront progressivement amoindris.

Comme je l'évoquais précédemment, son taux de natalité chutera. Néanmoins, avec sa domination sur d'autres espèces semi-humaines, sur des robots hautement évolués pourvoyant à tous ses désirs, à toutes ses nécessités, il deviendra une sorte d'unité agglomérée à un ensemble d'autres avec lesquelles il sera connecté en permanence. La virtualité deviendra sa nouvelles réalité. Réalité qu'il pourra modifier en fonction de ses nécessités, de ses besoins. Les ordinateurs - si on peut les appeler ainsi puisque leurs capacités seront quasi infinies, engendreront de nouveaux univers parallèles à l'intérieur desquels homme et machines ne feront plus qu'un.

A contrario, à force d'user de ces multiples révolutions à la fois médicales et technologiques, nous le voyons déjà, l'Homme deviendra plus faible face aux aléas de la nature. Le Sida, la cache folle, etc, en sont des exemples récents. Ils n'en sont, là aussi, que les balbutiements. Nous voyons combien les antibiotiques doivent être de plus en pus puissants pour éradiquer des maladies qu'autrefois notre physionomie était capable d'endurer ou d'éradiquer grâce à un simple antibiotique de base. D'un autre cité, avec la pollution de nos terres et de nos océans, l'ingestion involontaire de produits qui ne sont pas destinés à être consommés produisent des mutations génétiques jusque dans notre ADN. Et nous n'en connaissons pas les effets à long terme. Il est cependant certains que les caractéristiques humaines en sont inévitablement altérées. Les cas de malformations, de fausses couches, de déficiences de toutes sortes, la dégradation spermatique en sont les inévitables conséquences.

Dans ce cas, ces modifications humaines via la micro-biologie, via l'eugénisme, via la biotechnologie, deviendra probablement à plus ou moins long terme la seule option pour garder l'apparence humaine de base que nous connaissons depuis l'émergence de Cro-Magnon. Et une fois encore, ceux qui en auront le privilège seront la nouvelle "Race Supérieure", favorisée, face aux aberrations de la nature ou aux sous-espèces engendrées par l'Homme lui-même.

Effrayant, mais face aux bouleversements en cours, dont nous n'entrevoyons que les premiers effets à échelle individuelle ou globale, l'unique voie de l’Évolution Humaine ; effrayant, parce que ce ne sont que quelques exemples de base parmi d'autres, faciles à prévoir ; à compléter à celle que j'ai spécifiée dans mon précédent texte : Demain...

Dominique Capo