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Mes Univers
20 juillet 2019

A propos de mon texte d'hier sur les femmes...

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Apparemment, il semble qu'il y ait certaines personnes qui n'aient pas compris le sens de mes propos. Mais il est vrai qu'il est plus simple et facile de juger et de condamner quand on ne connait pas l'auteur du texte, son parcours, sa vie, sa personnalité, ses épreuves, etc. Tellement simple et facile, oui, comme d'habitude...
 
Évidemment, comme d'habitude également ceux et celles qui jugent en condamnent sont des gens "normaux". Ils ne sont ni handicapés, ni malades, ni différents, autant que l'on puisse parler de différence puisque nous sommes tous différents les uns des autres. Cependant, ils sont dans les "normes" de la société actuelle. Comme l'immense majorité, ils ont un "métro-boulot-dodo", une famille, des amis, des contacts quotidiens avec l’extérieur. Ils partent en vacances. Ils ont une voiture. Ils ont une stabilité affective, matérielle, financière, amicale, etc.
 
Ou en tout cas, à peu près, car chacune de ces micro-communautés a ses propres épreuves, ses propres difficultés, ses propres problèmes, se heurte au même maelstrom de la vie quotidienne "'normale", se situant en phase avec le monde d'aujourd'hui.
 
C'est à la fois un privilège et une malédiction. Privilège, parce qu'ils ne sont pas isolés. Parce qu'ils n'ont pas de soucis à s'intégrer dans un groupe, une communauté, un emploi, dans des activités où ils peuvent rencontrer des hommes et des femmes qui leur ressemblent, avec lesquels ils peuvent nouer des amitiés aisément, sans se poser de questions. Ils peuvent croiser des hommes ou des femmes par lesquels ils sont attirés, et qui sont attirés par eux, naturellement, simplement, sans mème y penser, sans que ce soit une souffrance, une source d'angoisse, de malaise, de blessures, de violence. Oui, ce ne sont pas des éléments qui les hantent en permanence quand ils sont en contact avec des gens qui, comme eux, sont dans la norme.
 
Quel privilège, quel bonheur, quel soulagement. Ils n'ont même pas conscience du fardeau qu'ils n'ont pas à porter toute leur existence, du regard qu'ils ont, justement, sur les personnes comme moi - ou d'autres - pour qui ce qui leur semble naturel, sans source de problème ou de difficultés, est un tourment de chaque instant. C'est là leur malédiction. Comme ça leur semble évident, ils ne se soucient pas, ils ne se rendent pas compte du véritable parcours du combattant pour ceux qui sont e dehors de ces normes.
 
Je parlais des femmes. La question n'est pas une question de "penser avec sa quéquette", pour reprendre l'expression d’une de mes contradictrices. Si ce n'était que cela, quel soulagement ce serait. Quel fardeau en moins sur ses épaules.
 
Hélas, à supposer cela, c'est ne voir que par le petit bout de la lorgnette. C'est justement montrer que cette personne qui est dans la "norme" n'a aucune conscience de la difficulté, de la souffrance, de la violence d'être considéré comme différent.
 
Je ne lui souhaite pas, un jour, d'être la victime d'une maladie grave ou d'un accident qui l'oblige à demeurer chez elle 24h/24, 7j/7. Je ne lui souhaite pas que les personnes avec lesquels elle était amie, compagne, amante, etc avant, se détournent soudain d'elle parce qu'elle serait en incapacité de suivre leur rythme de vie. Je ne lui souhaite pas de ne plus avoir les facilités à se déplacer qu'elle possédait avant, sans même y songer. Je ne lui souhaite pas de ne plus avoir autant d'aise, à se dévoiler en public. Je ne lui souhaite pas de ne plus pouvoir approcher des inconnu(e)s aussi instinctivement que jadis. Je ne lui souhaite pas de réaliser que c'est souvent une épreuve quasi-impossible souvent, de se faire apprécier d'eux pour ce qu'elle est réellement, et non pas l'image immédiate qu'ils se feraient d'elle.
 
Je ne lui souhaite pas la solitude amicale, amoureuse, sensuelle, sexuelle. Je ne lui souhaite pas de devoir faire une croix sur tous ses petits ou grands plaisirs, satisfactions, bonheurs, joies, de la vie. Je ne lui souhaite pas de voir tous ceux et toutes celles qui l'entourent profiter pleinement des facilités à être attiré et attirant. Ses facilités à séduite autant qu'être séduit. Ces facilités à charmé autant qu'être charmé. Ces facilités à désirer autant qu’être désiré. Ces facilités ou ces possibilités d'ouvrir son lit à une personne avec laquelle on a envie de faire l'amour, que ce soit pour une nuit, pour une semaine, ^pour un mois, pour un an, ou pour toute la vie.
 
Peu importe, en fait, que le vecteur de ces rencontres, de ces croisements de vie, de la naissance de ces idylles d'un soir ou d'une vie, se fasse par internet, ou que ce soit parce que l'on découvre, apprend à connaitre et à apprécier cette personne dans la vie "réelle". Peu importe qu'il s'agisse d'une jeune femme - terme générique -, qu'elle ait la quarantaine, davantage. Peu importe que l'objet de sa passion amoureuse, voluptueuse, sensuelle, soit in homme. Peu importe s'il s'agit d’hétérosexuels, d'homosexuels, de bisexuels, de couples mariés ou non, etc. Ça n'a aucune importance.
 
Non, ce qui est important, essentiel, vital, dans le cas présent, c'est que celui ou celle qui n'est pas dans cette "normalité" n'a pas le droit à ce que d'autres pensent comme dénué de sens. Comme dénué d’intérêt ou d'importance, puisque c'est tellement simple pour eux ou elles de vivre ces partages.
 
Car, même si ce n'est faire l'amour à quelqu'un que pour un soir, il s'agit de partage. Il s'agit d'échange, de communion des corps et des esprits dans un mème élan de désir, de sensations, de plaisir, de joie, de tendresse, d'attention, d'affection, etc. Ce n'est pas - en tout cas, à mes yeux, qu'une simple "partie de jambes en l'air", de "sauterie" sans conséquences. C'est beaucoup plus que ça, même si ce ne doit durer qu'une heure, qu'une nuit, qu'une semaine...
 
Et justement, c'est ce que les gens "normaux" perdent systématiquement de vue. C'est ce qu'ils ne comprennent pas. C'est pour cette raison qu'ils ne réalisent pas qu'il s'agit pour ceux et celles qui, comme moi, sont handicapés ou différents, d'une souffrance intolérable. Qu'il s'agit d'une peur irraisonnée de voir dans le regard de ceux ou celles approchés le mépris, le dégout, la moquerie, l'embarras.
 
A chaque fois, cette personne différente ressens leur comportement, leur réaction de rejet, de fuite, de dédain, d'indifférence, comme autant de lames de rasoir qui leur lacérerait un corps déjà meurtri par leur "anormalité". A chaque fois, ils déchirent une âme déjà blessée de ne pas avoir les mêmes chances qu'eux à éprouver et à exalter pleinement et sereinement leurs élans. A chaque fois, ils mutilent un cœur qui rêverait de se libérer des entraves auxquelles ils l'ont enchainé.
 
Et tout le leur rappelle continuellement dans leur quotidien. Chaque personne croisée dans la rue, chaque contact affiliée à son profil des réseaux sociaux, chaque ami, chaque membre de sa famille, le lui rappelle en permanence, démultipliant ainsi à l'infini les tortures dont il est l'objet. Alors, cet être différent, handicapé, malade - homme ou femme - est contraint de se replier sur lui-même. Il vit malheureux, triste, trop conscient qu'il est du poids de sa différence. Ce poids démultiplié pour les raisons que j'ai évoqué ci-dessus.
 
Les relations sexuelles, l'amour physique - je déteste le mot "baiser", tellement dévalorisant, tellement dégradant - n'est pas qu'un simple acte anodin, évident, simple, facile. C'est là le privilège et la malédiction des gens "normaux", qui en bénéficient, sans se rendre compte ce qu'il recèle en vérité derrière. Il faut en être privé pour en réaliser toutes les subtilités, toute la force, tout le bonheur, toute la sérénité, toute la confiance en soi et en les autres, qu'il draine avec lui. Le dénier à des gens comme moi, en les considérant comme des asexués est une humiliation supplémentaire. Ne pas s'apercevoir combien il est difficile, éprouvant, usant, que c'est source de tristesse et de malheur infinis, pour celui qui tente sa chance sachant qu'inévitablement, il va être repoussé, est une douleur insurmontable.
 
Ne pas imaginer que lorsque quelqu'un comme moi tend la main à une jeune - ou moins jeune - femme, que ce soit dans la rue ou sur le net n'a pas d'importance, dans le but de l'approcher, est un supplice, montre un manque d'humanité, de sensibilité, évident. Ne pas voir que sa timidité, sa maladresse, sa gène, ses larmes, sa passion, sa ferveur, est dû au fait qu'il ne sait pas comment faire pour séduire, charmer, intéresser, qu'il ne sait pas comment faire pour ouvrir son âme, son cœur, et éventuellement l'entrainer vers son lit, est d'une violence inouïe. Il y en a qui se sont mutilé, qui sont devenu fous, qui se sont suicidé, à cause de tout ce que je viens de dire précédemment.
 
Et que répondent les gens "normaux" : on s'en fout, ce n'est pas notre problème. Notre petite vie ordinaire de "métro-boulot-dodo", nitre cercle amical, professionnel, familial, etc., il n'y a que ça qui existe. Le reste ne nous touche pas, ne nous émeut pas, ne nous concerne pas. Alors que petits soucis quotidiens, aussi pénibles soient-ils, sont mille fois moins durs, éprouvants, délicats, blessants puisqu'ils ont l'essentiel, l'indispensable, le vital, pour se sentir véritablement homme ou femme à part entière.
 
Si ce que je dis choque, dérange, gène, épouvante, tant pis. Si je m'attire l'hostilité, la virulence, la condamnation, j'en ai vu d'autres, j'ai le dos large. Et ceux ou celles qui supposent que mes propos sont teintés de ressentiment, de malveillance, de rancune, etc. se trompent lourdement. C'est qu'ils ne me connaissent pas. Car si moi j'écris ces mots d'après mes expériences - ou d'expériences d'autres dans le même cas que moi -, d'après ce que j'observe, d'après ce que je constate, être rempli d'animosité, de mépris, de vindicte, ou de tout autre émotion du même ordre, me mettrais au même niveau qu'eux. Et cela, je le repousse de toutes mes forces. Que l'on croit ou pas en cette vérité qui est la mienne m'importe peu. J'ai ma conscience pour moi. Et les gens qui me lisent, qui me suivent, qui sont au fait de la complexité de mes raisonnements, de mes réflexions, de mes textes, etc. le savent. Les autres se contentent en effet généralement de simplifications à outrance, de facilités, voire de paresse intellectuelle. C'est aussi là l'un des effets pervers de la "norme"...
 
Car, dans ce cas, allons plus loin dans cette négation, puisque ces personnes handicapées, malades, différentes, dans une société où il faut faire partie de la norme pour ne pas en être éjectée. Il y a une solution toute simple que d'autres régimes beaucoup plus barbares ont mis en œuvre jadis. Puisque la normalité doit tout écraser, pourquoi ne pas mettre ces "différents dans des camps. Mieux encore, pourquoi ne pas les gazer, puisqu'ils n'ont pas leur place dans notre société, puisque leurs efforts pour s'insérer - y compris amoureusement et sexuellement - leur est dénié. Puisque leur spécificité, puisque ce qu'ils ressentent, puisque leur désir de partage n'a aucune valeur. Pire, qu'ils sont fuis, que leur main tendue à l'encontre de ceux ou celles qui suscitent leurs émois, sont indifférents, se sentent salis par eux ou elles.
 
Oui, pourquoi ne pas s'en débarrasser définitivement : ainsi, ils ne seraient plus une charge financière, sociale, affective, familiale. Les hommes et les femmes par lesquels ils seraient attirés amicalement, amoureusement, sensuellement, n'auraient plus à subir leurs ridicules et méprisables élans passionnés et affectifs. Quel soulagement, quelle tranquillité, quelle paix, quelle sérénité ce serait, cette société uniformisée, institutionnalisée, normalisée. Chacun à sa place, dans son petit groupe, avec des gens qui leur ressemblent, aux mêmes idées, aux mêmes valeurs, aux mêmes projets, qui se ressemblent. Et qui éjectent, annihilent, effacent, celui ou celle qui n'est pas comme eux.
 
Car, finalement, derrière tout ce que j'ai évoqué précédemment en ce qui concerne l'amour physique et sexuel, les sentiments amoureux d'un soir ou d'une vie, l'envie de s'intégrer invariablement éconduite de toutes les façons possibles et imaginables, n'est-ce pas ce monstrueux, cet abominable projet social et collectif inconscient des "normaux" vis-à-cis des "différents" qui se dessine derrière....
 
Dominique Capo
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