Exil :

Quoi que je dise, quoi que je fasse, quoi que j'espère, quels que soient mes projets, quelles que soient mes ambitions, jamais je n'aurai droit au bonheur. Peu importe ma personnalité, peu importe mes émotions, peu importe mon parcours personnel ou professionnel, je demeurerai toujours à l’extérieur.

J'aurai beau affronter mille épreuves épouvantables, j'aurai beau m'affranchir de mille difficultés qui, pour d'autres, seraient insurmontables, tout ceci est sans importance. Pire, c'est nier de l'immense majorité de mes semblables. J'aurai beau hurler sur tous les toits du monde, j'aurai beau tendre la main dans toutes les directions, je reste inaudible et invisible ; au mieux indiscernable. J'aurai beau frapper aux portes de toutes les cités de la Terre, j'aurai beau faire mille efforts supplémentaires afin que l'on m'accepte, il n'y a rien à faire.

J'aimerai tant qu'on m'aime. J'aimerai tant que l'on me dise : viens, n'ai pas peur, je ne te fuirais, je ne t'abandonnerai jamais. J'aimerai tant lire dans le regard de ces femmes vers lesquelles je vais sans vraiment y croire - pourquoi y croire puisque, que ce soit ici ou dans la réalité quotidienne, elles se comportent toutes de la même façon - un sourire de bienvenue qui illuminerait mon âme et mon cœur.

Car mon cœur est si solitaire. Mon âme a tellement froid. Mon corps est brisé à un point que je ne puis plus le préserver. L'homme que je suis se sent mutilé de ne pas pouvoir éprouver aux cotés de ceux et celles qu'il admire, qu'il apprécie, qu'il en dépérit. Il pleure des larmes amères aux fins fonds d'un désert où il a été oublié. Ou son existence n'a aucune valeur. Ou seuls ses mots, ses phrases, ses textes, sont tolérés.

Tout le reste de sa personne meurt lentement. Tout le reste de sa personne a froid, a peur, cri son amertume et son désespoir à la face du monde. Et nul ne l'entend, nul ne le voit. Jusqu'au jour où, vraisemblablement, un itinérant passant par là par hasard, retrouvera ses ossements blanchis par le Soleil. Et il se demandera : Qui était tu ? Qu'as tu fait pour mériter de tels tourments, pour vivre un exil aussi épouvantable ?...