Un jour, il est trop tard...

Chaque personne se croit essentielle, nécessaire, utile, intéressante, parce qu'elle appartient à une communauté - famille, amis, réseau professionnel, etc. Chaque personne part du principe qu'on l'apprécie pour elle-même, pour sa personnalité, pour ses activités, pour ses passions, pour ses centres d'intérets, pour ce qu'elle apporte aux autres, et pour ce que les autres lui apportent. En nait de la complicité, de la jovialité, des instants de partage, des instants de rires, des instants de convivialité. Ces personnes se sentent bien enxsemble ; elles se xsentent épanouies, en paix, sereines, détendues. Elles oublient momentanément le reste du monde, les soucis, les épreuves, les difficultés de la vie. Car elles appartiennent à la communauté.

Elles se sentent comme des privilégiées, que rien ne peut atteindre, dont nul événement ne peut remettre en cause les certitudes, le bonheur, la joie de vivre, l'enthousiasme. Cette euphorie de se sentir être le centre de l'attention de chacun et de chacune parait éternelle, immuable. Le charisme, la lumière, le d"sir qu'ont les gens d'être à à leurs cotés, de faire partir de leur entourage, est une bénédiction. C'est un divertissement chaque jour renouvelé. Elles en plaisantent, elles en sourient ; elles oublient toit le reste - ça n'a pas d'importance -, puisque c'est elles qui ont la capacité, le don, d'être aimé, apprécié, choyé, envié. Elles peuvent choisir au gré de leurs plaisirs qui a le privilège et l'honneur d'être convié parmi leurs familiers.

Pourquoi remettre tout ça en question ? Il en a toujours été ainsi ; il est évident que ça ne changera jamais. Mieux encore : c'est normal, naturel, qu'il en soit ainsi. Elles n'imaginent même pas q'un jour, pour une raison ou pour une autre, il est possible qu'elles ne soient plus sur le devant de la scène.

Pourtant, les années passent. La roue tourne. D'autres personnes, peu à peu, ont les faveurs de la communauté. Celles qui, hier encore, brillaient, étaient admirées, idolatrées, celles dont on désirait la présence, un regard, un mot, s'effacent peu à peu à leur profit. Elles n'ont plus les qualités, les capacités, les possibilités, que jadis on leur prétait. Pire encore, désormais, on se rit d'elles, on se moque d'elles. Elles qui étaient le centre de toutes les conversations, de tous les rèves, de tous les espoirs, elles sont oubliées. D'un Soleil éblouissant, elles sont contraintes de se réfugier dans l'obscurité. Plus personne ne les regarde, plus personne n'a le désir d'être à leurs cotés.

Le temps des désillusions arrive. Il suffit d'un accident de la vie - maladie, décès, handicap, soucis financiers... -, et l'ego dont elles ont fait preuive jusqu'alors se brise en mille morceaux. Les amis, les membres de sa famille, les collegues de travail, qui les idéalisaient, se détournent d'elles à tout jamais. Ceux et celles sur lesquelles elles pensaient pouvoir s'appuyer en cas de nécessité, ne se souviennent même plus qu'ils les ont fréquenté. Ceux et celles qui se disaient leurs familiers, leurs amis, les fuient, ne les contactent plus, les raillent ; dans leur dos les ridiculisent.

Alors, ces personnes souffrent, sont malheureuses. Jamais elles n'ont été confrontées à de tels cas de figure. Elles qui, de tous temps, on été le centre de l'attention de tout le monde, elles ne comprennent pas ce qui leur arrive. Elles ne supportent pas cet état de fait. Elles crient, elles se débattent, elles font tout ce qui est en leur pouvoir pour briller à nouveau. Une fois de plus, une toute petite fois encore. Parce que c'est ce à quoi elles sont destinées, sont-elles convaincues. Pourtant, toutes leurs tentatives échouent les unes après les autres ; elles s'y épuisent, mais rien n'y fait. Leur Age d'Or s'est évanoui ; leur grandeur s'est ternie. D'autres les ont définitivement remplacé.

Elles se souviennent alors de tous ceux et de toutes celles qui, autrefois, désiraient les cotoyer, les aimer, les apprécier, au-delà des apparences qu'elles divulguaient à leur communauté. Elles se rappellent comment elles les ont rejeté, mises à l'écart, oublié, négligé. Elles se remémorent leur sincérité, leur fidélité, leur amitié, qu'elles ont malmené parce qu'elles étaient au coeur de toutes les passions, de toutes les ferveurs. Elles se souviennent combien elles les ont blessé. Or, maintenant, ce sont elles qui sont à leur place. Ce sont elles qui sont torturées par le désintéret, par la désaffection, par le mépris et la méchanceté de ceux et celles qui étaient, il n'y a pas si longtemps, près à tout pour les contenter. Et elles pleurent.

Elles se disent : "Si j'avais su, si j'avais vu, si j'avais réalisé, que ces gens auxquels je n'ai pas permis de m'approcher, m'appréciaient au-delà de l'image que je dévoilais, je n'aurais pas eu ce comportement en vers elles". Elles se disent : "C'était pour moi, et pour mi seulement, qu'elles étaient là. Non pas pour la gloire, la richesse, les bienfaits que j'avais la possibilité de leur donner. Juste parce que j'étais moi, avec mes qualités et mes défauts, mes bonheurs et mes malheurs, mes victoires et mes défaites, mes rires et mes larmes..., sans me juger ni me condamner.

Elles étaient présentes en toutes circonstances, elles souhaitaient me soutenir, m'apporter leur réconfort, leur amitié, durant les épreuves et les difficultés que j'ai traversé. Mais je n'en n'ai pas voulu. J'ai voulu profiter le l'auréole que l'on m'avais mise sur la tète. J'ai voulu aller vers des gens qui ensuite, au premier accroc, au premier problème, m'ont abandonné. Alors que je sais qu'elle, n'e l'auraient pas fait. Jamais elles ne m'auraient trahi. Jamais elles ne m'auraient oublié, délaissé. Elles auraient été toujours là pour moi, pour être à mes cotés, quoiqu'il advienne.

Quel(le) imbécile j'ai été, se lamentent-elles. Si je pouvais revenir en arrière, je ferais différemment. Mais il est trop tard, désormais, répètent-elles à l'infini. Et ça les meurtrit, ça les ronge, ça les hante, ça les détruit...