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Mes Univers
8 août 2019

Cauchemar :

X1

Je dois le dire, je dois l'écrire : Le matin, je me réveille d'un cauchemar qui n'a ni début ni fin. Celui-ci s'aggripe à moi à la nuit tombée. Dès que je ferme les yeux, il est là. Je le sens approcher, pénétrer mon âme, mon esprit enfiévré. Il me fait hurler des mots qui n'ont aucun sens. Il me fait voir des images aux obscurs reflets luminescents.

Ce cauchemar chaque soir ressucitant continuellement suscite en moi des émotions contradictoires : la peur, la terreur même ; les tourments du coeur, de la chair, de l'esprit ; les humiliations d'autrefois que je n'ai jamais oubliées ; les déchirures de ma conscience écorchée vive ; les meurtrissures d'une destinée souillée par une réalité extrème. Se mêlent à elles l'extase la plus grisante ; l'amour des autrs le plus puissant ; la ferveur la plus retentissante ; la passion la plus dévorante ; l'espoir le plus enivrant. 

Il s'empare de moi, ne me lâche jamais. Il dévore mes émois. Il ébranle mes certitudes. Il brise tout ce qu'il y a d'humain en moi. Il me livre à la folie et à l'épuisement le plus total. Le matin, lorsque je me réveille, j'ai l'impression que mille démons ont joué avec moi. Je les aperçoit fugitivement. Ils se rient de mes larmes. Ils se délectent des troubles qu'ils suscitent en moi. Ils aiment me voir seul, abandonné, livré à moi-même. Leur plaisir et de constater que je suis désemparé, blessé. Ils souhaitent que je devienne un monstre aussi laid et dépravé qu'ils le sont. Ils souhaitent que je rejoigne les sombres cohortes luminescente dont ils sont constitué. Ils cherchent à m'attirer au sein de leur démence, que je sois le sujet des fléaux qui les accompagnent. Leur joie quotidienne est de me voir haîr ce que je suis en train de devenir. Ils se cachent, guettent le moindre instant de faiblesse de ma part. Alors, ils se jettent dessus avec avidité. Ils s'en repaissent, ils me contraignent à leur ouvrir les portes d'autres outrages qui me feraient me décourager.

Je ne suis pas assez fort pour tout endurer. Car ce cauchemar avale ma vie depuis que je né. Ce cauchemar se nourrit de mes espoirs déçus, de mes rêves que je ne pourrais jamais réaliser, de cette quête du bonheur que l'on m'a dénié. J'aspire à la lumière, aux rires, aux joies simples, sincères, auxquelles tout être humain a normalement droit. Mais non : je suis le prisonnier de ses Gardiens du Néant qui m'ont maintes fois jugé et condamné. Au coeur des brumes obscures de ce cauchemar, ils m'ont enchainé à des lieux, à des situations, à des créatures, dont je suis le jouet. Un jour, je suis là quand ils ont besoin de moi ; le lendemain, ils m'oublient ou me négligent parce qu'ils ont mieux à faire que de me torturer.

Et moi, je meurs, surement mais lentement de ces images, de ces sons, qui ne me quittent pas. Je me bats pour m'en protéger, pour m'en préserver. Je me réfugie en des endroits où ils ne peuvent m'atteindre. Mais même là, ils surgissent soudainement ; ils me brutalisent, ils me malmènent, ils se moquent de mes errements. Ils me montrent des chemins sur lequels ils avancent ; ou ils sont heureux, le centre de l'attention, de l'affection, de la compréhension, de la concorde, de leurs sujets. Ils me disent : regarde comme nous, on est vivant, comme nous on est heureux, comme nous on est jamais abandonné, comme nous, on est privilégié d'être aux cotés de ceux et celles que l'on apprécie réellement. On est capable de faire des milliers de kilumètres, de franchir des éons habituellement infranchissables. Juste parce qu'on le peur, juste parce qu'on le veut. 

Mais pas toi : on est là juste pour alimenter ton cauchemar. On est là pour réceiller tes blessures. On est là pour te faire hurler d'horreur ; pour que tu pleure des larmes de sang. La lumière éclatante dont la vie est le centre, ce n'est pas pour toi. Tu auras beau te battre, tu aura beau t'épuiser, tu auras beau soulever des montages, tu aura beau affonter toutes les épreuves, toutes les difficultés que l'on met devant toi, n'espère rien de plus que ce cauchemar qui se répète chaque soir. C'est notre devoir d'y participer jusqu'à ce que la mort t'approche, et te broie définitivement...

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