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Mes Univers
2 novembre 2019

Pensée

X1

Aujourd'hui, nous sommes samedi, et je suis particulièrement fatigué physiquement et nerveusement. Ça n'a rien à voir avec mes écrits, auxquels j'aurai souhaité consacrer plus de temps et d'énergie. Non, c'est la sclérose en plaques de Vanessa qui me vide et qui met à mal mon besoin de calme, de tranquillité, et de sérénité.
 
Je sais que Vanessa n'est pas responsable de cette situation. Cependant, je ne peux pas me battre continuellement à sa place ; pour tout et tout le temps. Ce qui est terrible, irritant, c'est que quand elle le souhaite, et pour les choses qui l'intéressent, elle sait se battre. Elle se montrer qu'elle a de la volonté, de la mémoire. Pour tout le reste, c'est à dire 80 % du quotidien, elle se laisse aller. Elle me laisse prendre les initiatives, décider, me débrouiller seul. Y compris quand je suis stressé, usé, angoissé, perdu, seul, désespéré. Je ne peux compter sur elle en aucune circonstances. Je ne peux me tourner vers personne, ma famille habitant à 300km de chez nous.
 
Bien-sur, nous avons une aide-ménagère deux fois par semaine, un kiné deux fois par semaine également. Tous les soins utiles et nécessaires lui sont apportés. Je suis vigilant, attentif au moindre de ses besoins. J'y mets toute mon âme, tout mon cœur, j'use de toutes les capacités et de toutes les possibilités susceptibles d'être mises en œuvre, pour lui faciliter la vie. Je ne sors pratiquement plus de chez moi, je n'ai aucun contact avec le monde de l'extérieur, je n'ai presque plus d'amis, si ce n'est ceux que je croise parfois sur les réseaux sociaux. Je n'ai plus de vie intime.
 
Mes seuls refuges sont la lecture et l'écriture. Et là encore, c'est quand elle m'en laisse la possibilité. Car, ne se battant pas, comptant sur moi pour avoir la volonté et l'énergie d'endurer la maladie à sa place, je suis constamment sur le qui-vive. Du matin au soir, 24h/24h, 7j/7j, 365 jours par ans ; sans vacances ni jour férié.
 
Bien-sûr, jamais je ne m'en séparerais, jamais je ne l'abandonnerai, jamais je ne la délaisserai. Je sais ce que c'est. Je connais ce désespoir, cette solitude, ce sentiment qui fait qu'on a le sentiment d'être seul au monde, que personne ne se préoccupe ou ne se soucie de vous. Je connais cette indifférence, de voir le autres vivre "normalement" alors que vous, vous vous battez au-delà de la limite de vos forces. Je sais ce que c'est de demander grâce, de crier intérieurement "pitié, laissez-moi me reposer un instant" ; mais non, systématiquement, un événement inattendu, soudain, vous rappelle que vous n'y avez pas droit. Que vous devez vous battre pour l'autre, contre l'autre parfois pour lui montrer que c'est à lui, aussi, de mener ce combat.
 
On a toujours tout fait pour Vanessa depuis qu'elle est enfant. On l'a mis dans un cocon. Tous les problèmes, toutes les épreuves, toutes les difficultés, qu'elle a dû affronter, ce sont d'abord ses parents, puis moi, qui les ont enduré. Vanessa est quelqu'un de faible - non seulement physiquement du fait de sa maladie -, mais aussi moralement, et ce bien avant l'apparition de son mal. Elle s'est toujours appuyé sur autrui pour prendre les décisions pénibles, pour dire ce qu'elle a à dire, pour affronter le jugement des autres, pour trouver des solutions à ses problèmes. Une question d'éducation, en partie certainement. Sa personnalité joue son rôle également. Désormais, sa maladie amplifie tout ceci.
 
Et pourtant, je l'aime. Et pourtant, je ne pourrais pas vivre sans elle. Et pourtant, je suis prêt à tout faire pour qu'elle soit, au quotidien, heureuse, sereine, épanouie, apaisée. Pour que sa vie ne soit pas perturbée outre mesure. Pour lui apporter tous les soins dont elle a besoin. Pour réfléchir à sa place, pour porter ce que je peux, quitte, parfois, à mettre ma santé physique ou mentale en péril. Je suis là. Je sacrifie tout ce que je suis, tout ce que j'ai, pour son bien-être ; souvent sans un regard, sans aucune aide, sans aucun remerciement, sans aucune reconnaissance, d'elle ou de quiconque d’ailleurs.
 
Le pire, je crois, c'est le manque de tendresse, et pire encore, avoir fait une croix sur le "sexe" depuis plus de dix ans, et avec elle, parce que c'est devenu impossible. Ni avec aucune autre femme. J'en suis très malheureux - à un point que ces pauvres mots ne peuvent décrire -, et j'en souffre énormément - là aussi, bien plus que je ne saurai le dire.
 
Alors, je compense. Les rares moments à moi, c'est quand j'écris l'après-midi - quand j'ai assez de temps pour cela. Parce que je suis déjà tellement fatigué à la mi-journée que j'ai besoin de me vider la tète en jouant à une sorte de casse-briques une heure ou deux. L'après-midi est alors bien avancé. Je commence à me pencher sur mes textes vers 16h ou 16h30, sachant que vers 17h ou 17h30, Vanessa m'attend pour que je m'occupe d'elle. Je déborde dans ce cas, parce que je suis concentré. Et je ne la rejoint désormais que vers 18h ou 18h30. Pendant ce temps, elle fait des mots fléchés. Évidemment, j'aimerai la rejoindre plus tôt, commencer à écrire plus tôt donc. Mais ce besoin de me vider la tète en début d'après-midi, avant de m"'y atteler, est le plus fort. Et je ne progresse donc dans mes écrits qu'au compte goutte alors que si j'en avais l'occasion, je pourrais progresser plus vite.
 
C'est cependant impossible, c'est la quadrature du cercle. Elle a besoin de moi, je ne veux pas l'abandonner. Plutôt m'annihiler moi-même. Et, évidemment, aucune alternative ne s'offre à moi.
 
Bon weekend à tous et à toutes...

 

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