Lundi :

Nous sommes lundi, et aujourd'hui, je me suis battu dès tot ce matin afin de contacter les professionnels pouvant aider à contrecarrer la faiblesse actuelle de Vanessa, due à sa sclérose en plaques. J'ai téléphoné, j'ai contacté, j'ai tenté de joindre toutes les personnes qui sont aptes à lui venir en aide.

Hier, je lui ai apporté tous mes soins, toute ma tendresse, toute mon attention, toute ma douceur, toutes mes forces ; et ce, même si j'étais moi-même épuisé physiquement et psychiquement.

Aujourd'hui, normalement, il y a notre médecin référant qui doit passer chez nous pour faire un diagnostic de sa situation. Il y a aussi son kinési qui doit venir lui faire faire ses exercices en début d'après-midi.

Heureusement, sa jambe la plus atteinte par les symptômes de sa sclérose en plaques semble aller mieux aujourd'hui. Pourvu que cela dure. Cette dernière nuit de sommeil n'a pu que lui faire du bien. Néanmoins, contrairement à d'habitude, c'est moi qui ait pris en charge la presque totalité des taches ménagères auxquelles elle s'emploie normalement. Je ne souhaite en effet pas qu'elle se fatigue outre mesure tant que l'on n'en saura pas plus sur ce passage "à vide", je l'espère momentané.

Néanmoins, hier, j'ai pris conscience que je n'ai personne vers qui me tourner. Tous ceux et toutes celles qui pourraient m'appuyer, me soulager, me rassurer, sont loin, ont leurs vies à mener. Ni moi, ni Vanessa, ne sommes leur priorité. Quant à ses parents, ce n'est même pas la peine d'y penser, bien qu'ils habitent à une dizaine de kilomètres de chez nous. Pour eux, c'est moi le responsable de sa maladie. Je suis, à leurs yeux, à vouer aux flammes de l'enfer parce que c'est moi qui m'occupe d'elle, et non eux. Je leur ai "volé " leur fille, et la moindre occasion serait bonne pour qu'ils s'imposent à nouveau dans notre vie, dans notre façon de fonctionner, dans les décisions concernant notre couple. Leur seul but, s'ils réapparaissaient, après dix ans où ils l'ont vampirisé au point de, presque le détruire à une époque, ce serait de nous séparer. Pour eux, pas pour Vanessa, bien entendu. Car il n'y a qu'eux, malgré le fait que Vanessa soit en couple depuis quinze ans, que ce qu'elle aime, qui elle est, ce qu'elle désire, etc. a évolué, qui savent ce qui est le mieux pour elle. Malgré les dires de Vanessa, malgré nos explications, et tout le reste, ils sont resté quinze ans en arrière. Ils voient Vanessa comme une enfant qui n'a pas son mot à dire sur sa destinée.

Et moi qui ai osé le leur dire, ils ne me l'ont jamais pardonné. Alors, avec l'apparition, en 2012, de sa sclérose en plaques, leur ressentiment à mon égard n'a fait que s'exacerber.

Je me sens don seul, abandonné, isolé, face à la maladie de Vanessa à gérer. Quitte à y laisser ma santé, physique, morale, psychique, mentale. Hier, j'ai encore eu une poussée de furoncles, comme j'en ai de temps en temps. Je sais qu'elles sont dues au stress, à l'angoisse, à la fatigue, à mes nerfs que je peux jamais soulager. Ma seule façon de me délester de ce que je ressens dans ces périodes si destructrices pour moi, c'est d'écrire. C'est de me plonger dans la rédaction de mes textes à corps perdu. C'est d'être dans ma bulle, où nul mal, o^ù nulle peur, ne peut m'atteindre. Cela ne dire jamais longtemps. La réalité de la maladie de Vanessa, associée à mon propre handicap, et à ma propre maladie, me rattrapent rapidement.

Et je dois faire face, envers et contre tout. Même à genoux, même seul, même terrorisé, je ne peux me permettre de baisser les bras. Alors que souvent, c'est ce que je souhaite. Alors que mon vœu le plus cher et d'avoir le temps, la sérénité, le calme, la tranquillité, qui me sont nécessaires - pire, dont j'ai un besoin vital - pour ne pas m'écrouler. Pour pouvoir me consacrer à l'écriture, à la recherche historique, à la lecture ; qui sont mes seuls refuges, mes uniques sources de réconfort et d'apaisement...