Je suis en train de devenir fou :

Il y a une seule chose que je peux rajouter à tout ce que j'ai déjà dit. Et que l'on ne m'affirme pas que je n'ai prévenu mon entourage - ou autres - depuis des années, voire depuis plusieurs décennies. Car c'est quelque chose que je ressens au plus profond de moi depuis tout ce temps :

Chaque épreuve, chaque difficulté, chaque embuche, chaque souffrance physique ou psychique, chaque moment de peur, durant lesquels j'ai été livré face à moi-même pour affronter ces atteintes à l'intégrité de mon existence - sous ses aspects les plus divers et les plus variés, m'ont torturé, m'ont brisé, m'ont miné, m'ont diminué, m'ont poussé vers une permanente dépression nerveuse dont je ne parviens jamais me délivrer.

Elles ne me laissent aucun repos, aucun répit. Chaque jour qui s'écoule est de plus en plus éprouvant, est de plus en plus violent, est de plus en plus destructeur. Je sais que d'autres personnes - ici ou ailleurs - sont eux aussi, d'une manière ou d'une autre, à ce genre d'enfer. Je ne suis pas le premier, je ne suis pas le dernier, je ne suis pas le pire, je ne suis certainement pas le plus à plaindre, comparé à d'autres situations probablement plus extrêmes.

J'en suis conscient. Et j'en suis triste, affligé, malheureux, désemparé, pour tous ceux et toutes celles qui subissent également ce que je vis. Pour autant, il y a donc une chose dont je suis viscéralement persuadé : c'est que malgré tout mes efforts pour surmonter chaque événement au mieux de mes possibilités et de mes capacités, c'est que malgré toute ma volonté, c'est que malgré toute ma force morale, c'est que malgré toute ma raison et toute mon intelligence, le moment de bascule que j'ai toujours crains de voir se manifester se profile devant moi.

Cet instant où, à force de ne pas avoir la possibilité et la capacité d'avoir un équilibre de vie au quotidien, où chaque geste, où chaque expérience, se transforme inévitablement en enfer - en enfer solitaire - que je suis incapable de surmonter -, cet instant donc est celui où la folie, l'écroulement total et irrémédiable - sans retour en arrière - me dévore complétement.

Ce moment, au fur et à mesure d'avoir été confronté à tout ce que j'ai vécu, je sais qu'il se trouve devant moi. Et je sais qu'il est de plus en plus proche. Je sais qu'actuellement, tous les signes sont au rouge, qu'ils se multiplient, et de plus en plus vite. Il n'y a pas d'alternative, pas de solution, pas d'aide à attendre, de quiconque...

D'ici quelques jours, si je ne parviens pas à retrouver définitivement ce calme, cette tranquillité, cette paix, après lesquels je cours depuis si longtemps - et qui se dérobent à moi systématiquement ; si je ne parviens pas à sauvegarder le peu que j'ai, et qui malgré tous les affres de la vie, m'a permis de tout endurer - mes livres, écrire, poursuivre mes recherches historiques, philosophiques, mes articles sur l'actualité ou le devenir de l'Homme, etc. -, je vais devenir fou. Je serai bon pour l'asile d'aliéné. Je le sais, je le sens...