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Mes Univers
5 décembre 2019

Jeudi 05 Décembre 2019, la France paralysée :

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Aujourd'hui, nous sommes le jeudi 05 Décembre 2019, et comme chacun le sait en France depuis des semaines, nous assistons à un blocage de notre pays comme il n'y en a pas eu depuis 1995. Je m'en souviens, puisqu'à l'époque j'habitais Paris. Le mouvement social contre la réforme des retraites - déjà - a duré trois semaines. Et le gouvernement Jupé a fini par plier face au mécontentement général de français.
 
Toutefois, depuis, rien n'a changé. La situation est la même. Je dirais plutôt qu'elle est pire qu'il y a un quart de siècle. Ce ne sont plus les mêmes qui nous gouvernent. Pour autant, les choses n'ont fait que se dégrader. Pour illustrer mon propos, je vais prendre un exemple assez simple.
 
Comme ceux et celles qui me suivent, qui me lisent, le savent, j'habite la petite ville de Valognes. C'est une ville agréable, tranquille, paisible. Il n'y a que peu de délinquance. Comparé à Saint-Denis, dans le 93, où j'ai vécu entre 1999 et 2002, c'est le jour et la nuit. Valognes est située à une dizaine de kilomètres de la grande agglomération du nord-Cotentin qu'est Cherbourg. Non loin d'elle se trouve l'une des 5 plages du Débarquement du 6 Juin 1944 : Utah Beach. Non loin d'elle, il y a également le petit port touristique de Saint-Vaast. A priori, c'est un lieu idéal pour y résider, pour y être heureux.
 
Pourtant, ne vous y trompez pas, l'image est certes belle. Mais lorsqu'on creuse un peu, la réalité est toute autre. Valognes se trouve être la banlieue de Cherbourg. Celui qui n'y a pas de moyen de locomotion - ce qui est mon cas, du fait de la maladie de Sturge-Weber dont je suis atteint depuis ma naissance -, ne peut se déplacer. Le train qui s’arrête à Valognes, en direction de Cherbourg d'un coté, ou en direction de Paris de l'autre, est de moins en moins présent. Je me souviens qu'il y a quelques années, ses usagers, le maire de Valognes, ont dû se battre bec et ongle pour maintenir des horaires fixes et indispensables aux gens qui vont travailler à l'extérieur de Valognes. Il y a des lignes de car qui vont vers Cherbourg, et qui passent dans les villages alentours.
 
Mais ils sont, soit tôt le matin, soit tard le soir. De plus, il n'y en a aucun qui sillonne la ville de Valognes elle-même. Pour s'y déplacer sans voiture, c'est soit le taxi, soit à pied. Pour une personne handicapée comme moi - je ne parle pas de Vanessa, qui est atteinte de la sclérose en plaques, et pour laquelle les aménagements sont peu nombreux -, c'est le parcours du combattant de se rendre d'un point à un autre.
 
Maintenant, parlons des médecins. Comme un peu partout en France, ils y sont de plus en plus rares. Beaucoup arrivent à l'age de la retraite et ne sont pas remplacés. Il y a un hôpital, à Valognes. En fait, il s'agit d'une extension de l’hôpital de Cherbourg. Les urgences y ont fermé il y a trois ou quatre ans. Désormais, quand un problème de santé apparait, et qu'il faut agir sur l'instant, la personne est systématiquement expédiée à Cherbourg. Comment fait celui ou celle, une fois encore, qui n'a pas de moyen de locomotion pour s'y rendre ; ou rendre visite à sa compagne ou son compagnon qui y est alors hospitalisé.
 
Nous avons découvert l'existence de la sclérose en plaques de Vanessa en 2012. Après sa poussé inflammatoire, nous nous sommes rendus aux urgences de Cherbourg vers 14h. Ce n'est que vers 17h que le premier infirmier est venu lui demander les premiers renseignements sur ce qu'il lui arrivait. Tout autour de nous, les brancards s'accumulaient. Les infirmiers, les médecins, les aide-soignantes, couraient dans tous les sens. Nous avons dû attendre minuit avant que quelqu'un prenne la décision de l'hospitaliser pour des examens complémentaires. Tout d'abord, ils ont trouvé un lit en gériatrie, ce qui n'avait rien à voir avec sa situation. Il a fallu deux semaines pour qu'elle soit transférée en neurologie, là où son médecin officiait. C'est seulement à partir de ce moment-là qu'elle a véritablement prise en charge, et que son neurologue a trouvé le mal qui la touchait.
 
Nous avons encore un médecin personnel à Valognes, mais il approche, lui aussi, de l'age de la retraite. La ville, en ce moment, fait construire un centre médical tout neuf, avec tout le matériel dont des médecins ont besoin pour s'installer confortablement. Des logement vont être mis à leur disposition. Ce chantier devrait être terminé fin 2020. Cependant, faudrait-il encore que des professionnels de santé aient la volonté de s'installer à Valognes. Car, sa population est une population essentiellement vieillissante. Et vieillissante veut forcément dire ayant besoin d'être régulièrement soignée. Vanessa, qui est suivie par un kinésithérapeute à domicile deux fois par semaine, est submergé par les demandes de prise en charge. Ses confrères également. Il n'y a plus d'ophtalmologiste à Valognes. Le seul dentiste qui reste officie à l’hôpital de Valognes une fois par semaine.
 
Que dire des commerces. Quand on se promène dans les rues du centre ville, la plupart sont fermés. De temps en temps, il y en a des nouveaux qui tentent leur chance. Ils ne résistent pas longtemps à la concurrence des grandes surfaces telles que Leclerc, Carrefour, implantés à sa périphérie. Il ne reste, à ma grande tristesse, qu'une seule librairie digne de ce nom d'ouverte. Jadis, avant que Vanessa soit malade, et malgré mon handicap, je m'y rendais parfois. Il y a peu, Vanessa a essayé d'y entrer en fauteuil roulant. Impossible, celui-ci ne passait par la porte ; elle a dû rebrousser chemin.
 
Notre seul moyen de faire nos courses est donc par internet. Le Carrefour de Valognes fait aussi Drive - contrairement au Leclerc, qui est pourtant plus grand et plus achalandé -, donc, c'est de cette manière que nous nous ravitaillons en nourriture une fois par mois. Notre aide-ménagère va récupérer nos courses, puis je les range avec elle. C'est épuisant à chaque fois. Mais c'est la seule solution.
 
Au niveau culturel, Valognes est une ville pratiquement morte. Bien-sûr, il y a de nombreux clubs sportifs. Déjà, le sport, ce n'est pas mon truc, ni celui de Vanessa. En plus, handicapés et malades comme nous sommes, c'est incompatible avec nos capacités et nos possibilités. A une rue de chez nous, se trouve une maison des associations. Les activités qui s'y pratiquent sont, soit pour les personnes âgées de plus de 60 ans, soit de 13 à 25 ans environs. Au début de notre installation à Valognes, Vanessa et moi avons arpenté les rues de la ville dans tous les sens. Nous avons cherché partout. Nous nous sommes renseigné partout, y compris à la mairie. Rien.
 
De fait, notre isolement n'en n'est que plus grand. Heureusement que j'ai deux ou trois ami(e)s virtuel(le)s. Noucky, ma meilleure amie - j'aimerai tant pouvoir lui parler de vive voix un jour, la rencontrer. Si je n'ai qu'un vœu que Dieu aurait la bonté d'exaucer un jour s'il me prenait juste un instant sous sa protection, ce serait celui-ci : rencontrer Noucky. J'en pleurerai d'émotion. Je sais cependant qu'il n'y a que peu de chance que mon rêve se réalise un jour. J'y pense souvent, et ça me brise le cœur. Elle demeure pour autant ma meilleure amie, de ces personnes qui comptent le plus dans mon existence aux cotés de Vanessa, de ma maman, de Marie - qu'il sera certainement plus facile de rencontrer un jour - mais ce n'est pas la même chose -, d'Olivier - mon meilleur ami depuis plus de 25 ans -, de Lucie - la seule qui, habitant Cherbourg nous rends parfois visite.
 
Heureusement, la seule consolation que Vanessa et moi avons, c'est que nous n'avons pas de problèmes financiers, et que nous logeons dans un bel appartement. Une cage dorée où la seule alternative que j'ai trouvé, c'est décrire. Je ne me plains pas, il y a pire que moi ou Vanessa. Je fais juste un simple constat. Et j'explique que Valognes et ses habitants, comme tant d'autres villes ou villages "de la France périphérique" - le terme est à la mode actuellement -, est confrontée, elle aussi, à ce fléau qu'est le désengagement généralisé des autorités envers les populations qui en ont le plus besoin.
 
Puisque ma maman qui, elle, vit dans la Sarthe, notamment, vit la même chose : plus de médecin dans sa commune. Elle doit aller à Angers - à une heure de route de chez elle - pour voir celui qui la suit. La Poste y est fermée la moitié du temps, la pharmacie y est en sursis. Il n'y a presque pas de commerce. Il faut se rendre à Sablé sur Sarthe, à une dizaine de kilomètres, pour en trouver. Et encore, là de même le centre-ville périclite au profit des grandes surfaces.
 
De fait, comment ne pas être exaspéré par cet abandon généralisé. Quand on y réfléchit, le mouvement de grève d'aujourd'hui n'est qu'un symptôme d'un mal beaucoup plus profond de la société française. Les retraites, certes, sont au cœur des préoccupations de beaucoup de gens. Mais, il n'est qu'un élément parmi d'autres. Les français, dans leur grande majorité, désespèrent. Ils ne comprennent pas que l’État se désengage de ses prérogatives essentielles pour faire des économies budgétaires, afin de redresser des finances publiques qui, on le sait, ne retrouveront jamais l'équilibre. D'ailleurs, quel État, dans le monde, par le passé, a t-il jamais fait des bénéfices. Pour avoir étudié l'Histoire - et l'Histoire de France en particulier -, je sais que ça n'a jamais été le cas. L’État a toujours été endetté.
 
Les français n'ont jamais demandé à nos gouvernants de rééquilibrer les finances de l’État. Ce n'est pas la vocation de ce dernier. Tout simplement parce que l'on ne gère pas un État comme on gère une entreprise. L’État est là pour pourvoir aux services publics. Et ceux-ci non plus n'ont pas vocation à être rentables.
 
Je ne dis pas qu'il faut inconsidérément creuser son déficit. Ce serait dévastateur. Ce serait de l'inconscience pure, il faut en être conscient. Mais être rentable ne devrait pas être la priorité de nos gouvernants. Ils administrent l’État comme des comptables. Ils considèrent les gens comme des entités qui n'ont pas de visages. Ils ne sont que des comptables qui ne se soucient pas des besoins réels des gens.
 
Or, c'est là que devrait être la priorité de nos gouvernants. L’hôpital, les écoles, les transports, l'emploi, les retraites, etc. ne devraient pas être soumis aux lois du marché. L'existence des gens n'est pas une marchandise. L'existence des gens n'est pas destinée à être rentable. Pour autant, quand on entend nos ministres ou présidents de la République parler, engendrer des lois ou des mesures, ils se soucient plus des dettes qu'elles provoquent - et du moyen de les les restreindre - plutôt que du profit que peuvent en retirer ceux et celles qui en bénéficient.
 
Toute la pensée de nos dirigeants est en permanence tournée vers le cout, et non vers ce que les services publics sous leur tutelle apportent aux gens. D'ailleurs, quand on voit leur train de vie, aux frais de la nation, les retraites dorées à vie après un ou deux mandats exécutés, les dépenses exorbitantes faisant d'eux des privilégiés - avion, voitures avec chauffeur, appartement de fonction, etc. -, demander aux plus modestes de se serrer la ceinture alors qu'ils en sont incapables, est monstrueux. Ce sont toujours les plus modestes qui doivent fournir l'effort, alors qu'ils sont censés être des exemples. Alors qu'ils jettent l'argent par les fenêtres dans des projets faramineux - et parfois inutiles ou inachevés - est une ignominie. Combien de fois des constructions, des routes, des infrastructures, des commissions, des représentations, ont-elles creusé les déficits ? Des dizaines de millions, des centaines de millions, des milliards d'euros parfois, dépensés en pure perte.
 
Nos dirigeants censés gérés les finances de la nation le font mal. Pire que mal parfois. Et ils se déchargent de leurs responsabilités en se disant que ce n'est pas eux qui payeront les pots cassés. Responsables, mais pas coupables, pour reprendre une vieille formule.
 
En attendant, les retraites diminuent, les services publics disparaissent des lieux où les gens ont le plus besoin. Les régions périphériques sont abandonnées à leur sort. La misère, chez les plus démunis et les plus fragiles, gagne du terrain. On met en avant la France qui gagne, qui réussit. On met en avant les entreprises qui marchent, les marchés gagnés à l'étranger. Mais il ne faut surtout pas montrer ceux qui souffrent, qui sont délaissés, qui galèrent. Après tout, sauf pour les élections, avec quelques belles promesses, ils sont négligeables. Tant pis pour eux. Tant pis pour les lieux où ils vivent, et qui manquent de tout. Le principal, c'est de faire des économies, c'est que ce qu'on met en place soit rentable.
 
Et après, on se demande pourquoi les gens se révoltent. Pourquoi les gens font grève. Pourquoi ils n'ont plus confiance en leurs dirigeants. Pourquoi ils se réfugient dans la violence, l'intolérance, l’extrémisme. Pourquoi ils défilent par centaines de milliers contre des réformes dont ils ne veulent pas.
 
Et le pire, c'est que les français savent qu'il faut réformer le système s'ils désirent continuer à bénéficier de celui-ci. Le pire, c'est qu'ils savent qu'ils ne sont pas dans le pays le plus malheureux du monde. Le pire, c'est qu'ils savent qu'il y a de l'argent en France. Mais ils savent aussi que cet argent est mal géré, mal utilisé, par ceux qui nous gouvernent. Le pire, c'est qu'ils veulent travailler, c'est qu'ils veulent participer aux bouleversements liés à la mondialisation. Le pire, c'est qu'ils sont prêts à faire des efforts dans ce sens.
 
Mais pas de la façon qu'on leur impose. Pas de la manière dont ceux qui nous gouvernent proposent leurs solutions. Car leurs solutions, les français le savent, nous mènent droit dans le mur. Leurs solutions ne font qu'aggraver leur situation. Si ce n'était pas le cas, ils ne refuseraient pas la réforme des retraites telle qu'elle est proposée. La réformer, oui, mais pas de cette façon.
 
Des solutions viables, réalistes, faisables, et qui satisferaient le plus grand nombre, existent. Hélas, nos dirigeants sont formatés pour mettre en place des solutions qu'on leur a inculqué dans les grandes écoles. Des solutions qui n'ont rien à voir avec la réalité de ce que les gens vivent au quotidien, sur le terrain. Leurs solutions ne sont pas empreintes d'humanité, ne s’embarrassent pas des besoins des gens. Leurs solutions sont obsolètes, incompréhensibles, infaisables. Ce sont des dossiers, elles ne sont que comptables. Elles prennent davantage en compte le déficit chronique de la France, que les nécessités impérieuses de ses habitants en matière de santé, de scolarité, de trajets, d'aménagement du territoire, de logement, d'agriculture, etc. Tout le problème est là.
 
Je pourrais m'étendre davantage sur ce sujet d'actualité. Il a de nombreux aspects qui mériteraient d'être approfondis, expliqués. J'ai rédigé ce long article d'une traite, sans me relire, ou pratiquement. Je m'excuse auprès de mes lectures pour ses longues phrases, ses répétitions de mots, ses fautes. Cet sujet mériterait que je m’arrête sur tout ce qui en découle, sur les tenants et les aboutissants dans bien des domaines - au niveau de la France, de l'Europe, ou du monde. Parce qu'il ne matérialise pas la totalité de ma réflexion, de mon raisonnement, sur le message que je tente humblement, modestement, de véhiculer. Pour ceux et celles que cela intéresserait, j'ai déjà écrit d'autres articles qui en décryptent quelques autres aspects.
 
Peut-être cet article ne va t-il pas contenter tout le monde. On ne peut pas plaire à tout le monde, j'en suis conscient. S'il y en a qui ne sont pas d'accord avec mes propos, chacun a sa façon de voir les choses. Je ne détiens pas la vérité, je n'ai pas la science infuse. Que ce soit sur ce que je partage dans ce texte, comme dans d'autres. Qui peut se vanter de détenir la vérité ou la solution à tous les problèmes de la France, ou de l'Humanité.
 
Néanmoins, si vous n'êtes pas d'accord, écrivez le dans un article écrit de votre main, avec vos propres raisonnements, vos propres pensées. Puis partagez le. Ce sera plus simple et plus constructif que d me vouer aux flammes de l'enfer, que de m'insulter, ou que de me critiquer avec violence ; à la limite de la haine et du lynchage en place publique ; comme je l'ai subi quelques fois. Tout le monde a le droit de s'exprimer. Autant moi que vous, et c'est normal. On ne doit pas dénier la parole à quiconque. Et ce n'est pas, non plus, "à celui qui aura la plus grosse", comme un bras de fer qui fera plier son détracteur à tout prix, comme je l'ai aussi déjà constaté assez souvent.
 
Bref, pour conclure, si j'ai pris Valognes comme exemple au début de ce texte, c'est parce qu'il est représentatif de ce fossé qui sépare nos élites et leurs solutions aux difficultés traversées par notre pays, du reste de la population. Ce fossé qui ne cesse de s'agrandir.
 
Réfléchissez-y...

 

 

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