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Mes Univers
8 janvier 2020

Extrait à compléter de la version à peu près définitive de mes "Brèves Philosophiques :

X2

Enfin, il semble que l'orage de ces deux derniers jours se soit éloigné. Le calme, la tranquillité, et la sérénité sont de nouveau à l'ordre du jour. Et je vous avoue que ça fait un bien fou. Un "ouf" de soulagement que je n'espérais plus. Un "ouf" de soulagement qui me permet de me concentrer désormais sur mon travail d'écrivain, de philosophe amateur, et de chercheur-historien.

Car de mon point de vue, la philosophie est la sœur de l'Histoire. Elle se penche sur les courants idéologiques, les espoirs, les projets, les idéaux, et leurs innombrables courants de pensée qui l'ont traversé. Car de mon point de vue, elle est le reflet des ambitions humaines en matière de forme de société ou de civilisation à bâtir. Et pour la comprendre, pour l'appréhender, il est nécessaire de savoir quels sont les tenants et les aboutissants de notre passé. Ces derniers sont à même, alors, de nous faire voir - le plus objectivement possible ; si c'est faisable - quelles en sont les conséquences sur notre présent. Quelles sont les routes que nous sommes capables d'emprunter et qui détermineront d'une façon ou d'une autre notre avenir.

De fait, voici en bref extrait - une page - des réflexions que je tire de ces investigations. Bien-sûr, elles sont à compléter, à affiner, à enrichir de nombreux aspects que je n'ai pas encore abordé. Elles ne reflètent, à l'heure où j'écris ces lignes, qu'un infime fragment de l'analyse détaillée de ma pensée sur les sujets que j'aborde, et qui me tiennent tellement à cœur. Néanmoins, si modeste est ce que dévoile cet extrait, il en souligne un ou deux points amenés à être largement approfondis au fil des mois à venir...

Pages 105 à 106 :

..."Que dire de ceux et celles qui, bien que relevant des 99 % de cette population se situant dans les normes, sont malades, handicapés, au chômage ? Que dire de ceux et celles qui sont en proie à l'alcool, à la drogue, à la pauvreté, etc. ? La norme exige qu'ils soient bannis, exclus, éliminés. L'individualisme fusionne volontiers avec elle. Et elle rejette les hommes et les femmes qui outrepassent trop ses règles.

Bien entendu, par le biais de la télévision ou d'Internet, principalement, cette minorité existe aux yeux de cette population. Certains de ses ressortissants y sont confrontés. Leur curiosité est alors attisée. Ils s'en indignent peut-être, sont éventuellement choqués. Ils sont probablement révoltés par le sort qui lui est réservé. Malgré tout, perpétuellement matraqués par les médias en quête de sensationnalisme, ils les verront surtout comme les victimes d'incidents anecdotiques. En outre, bientôt, ses malheurs seront balayés par des tragédies plus immédiates : guerres, crises financières, échéances électorales, faits divers, cataclysmes, pollution...

Cette minorité demeure éternellement indiscernable, inaccessible. Elle ne peut être qu'abstraite ou hypothétique. Puisque l'immense majorité des gens estiment ne pas lui appartenir, la réponse qu'elle apporte à ses espoirs d'intégration est toujours la même : « Moi seul, je ne peux pas grand-chose. ». Une sorte de fatalisme teinté d'indifférence est l'unique réplique qu'elle est en état d'énoncer. Et seules les personnes à son contact par le biais d'associations ou de collectifs parviennent épisodiquement à faire résonner sa voix. Seules elles, proposent des alternatives ou des remèdes crédibles à son apathie. Seules elles, ne se découragent pas face à son inertie. Hélas, les efforts de ces personnes sont fréquemment vains ou n'ont que peu d'impact. La norme, là encore, dicte sa loi au détriment de la minorité.

Le plus terrible, c'est que la norme engendre d'autres exclus. Elle brutalise , prohibe, anéantit, les plus faibles et les plus démunis issus de sa communauté. Or, ces derniers, s'ils la décrient, la jugent, et la condamnent parce qu'ils sont exploités par elle, contribuent à alimenter ses certitudes. Ils luttent pour atteindre le niveau de confort des plus favorisés. Pour les épauler, ils en appellent à leur humanisme, à leur solidarité. Par là même, ils leur offrent le pouvoir d'exercer leur influence sur eux. L'image qui leur est renvoyée s'en retrouve dégradée, éclaboussée. La seule option qu'il leur reste est de dénigrer, détester, cette majorité dont ils sont. Ils s'opposent à elle parce que ses représentants sont impuissants ou omettent à les satisfaire. Et ils sont contraints à rejoindre les rangs de cette minorité d'anormaux avec laquelle ils jurent ne rien avoir en commun.

Ils la rabaissent, ils la réprouvent, ils la refoulent, avec d'autant plus de force qu'ils sont aussi mal traités qu'elle. Eux sont normaux, pas elle. Eux ont naturellement droit à ses avantages et à ses privilèges, pas elle. Eux ne sont pas différents, au contraire d'elle.

Conclusion : que l'Homme fasse partie de la majorité ou d'une minorité, son irrépressible objectif est d'être socialement assimilé. Ses spécificités religieuses, idéologiques, économiques, territoriales... sont toutes relatives. L'essentiel est que l'individualisme dont il tire ses capacités à se différencier n'entrave pas sa faculté à se couler dans le moule. C'est qu'il ait les ressources aptes à élever son degré de confort. Quel que soit le modèle institutionnel qui est le sien, la norme est un facteur de stabilisation. Qu'il soit riche ou pauvre, habitant un environnement hostile ou non, citadin ou paysan, cultivé ou ignare, intelligent ou stupide, il a cela d'ordinaire : la maison où il loge, où les siens sont établis, se doit d'être correctement climatisée. Elle doit posséder des sanitaires, une salle de bain, une cuisine... ; bref, tous les agréments qu'une société « évoluée » est susceptible de lui procurer. Elle a pour vocation d'être équipée d'aménagements, de meubles, d'ustensiles, de produits destinés à lui rendre son quotidien plus décent, plus agréable. Elle doit être accompagnée d'un garage où sa/ses automobile(s) a/ont toute leur place. Accessoirement, elle est rattachée à un bout de terrain transformé en jardin ou en potager ; ou les deux.

Et progressivement, ce qui n'était au départ que superflu deviendra vital. Sa maison, comme sa voiture, comme les vêtements dont il se pare, ou les aliments dont il se nourrit, acquerront des attributs qu'ils ne lui prêtait pas auparavant. Ils participeront à son individualisation ; ils seront l'un des éléments de son identité. Mais, parallèlement, ils faciliteront sa standardisation."...

Dominique Capo

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