Aimer sans retour :

Peu importe que tu en ai conscience ou pas. Peu importe que tu partage les sentiments que j'éprouve à ton égard ou pas. Peu importe les conséquences de la ferveur et de la passion sensuelle que j'ai à ton encontre : même si toutes mes flammes de l'enfer me dévoraient, même si tous les démons et les diables enchainés à mes cauchemars quotidiens me torturaient, rien ne saurait me détourner de ce que je ressens pour toi...

Oh !!! Bien entendu, je suis conscient que les émois exacerbés que tu suscite en moi t’effraient, te font fuir. Il est même plus que possible que tu les trouve risibles, ridicules, méprisables. Il est plus qu'évident que tu les raille, qu'ils te laissent indifférents, froid ; que tu les considère comme insignifiants.

Toi qui te vois comme quelqu'un qui ne s'abaissera jamais à fréquenter un être comme moi. Toi que ta beauté et ton charme, ta féminité et ta sensualité naturelles te permet d'estimer que tu as davantage de valeur que moi ; que tu mérite davantage de respect et d'honneur que la créature inférieure que je suis à tes yeux.

Je ne suis rien pour toi, alors que tu es tout pour moi. Je me damnerai volontiers pour avoir le privilège de te parler. Je me déchirerai l'âme et le cœur sans hésiter pour pouvoir me tenir à tes cotés. Je t'offrirai tous les trésors de la Terre pour pouvoir t'admirer, te vénérer, t'aduler.

Je sais pourtant que tous les sacrifices que je pourrais accomplir en ton nom te laisseraient de glace, impassible. Je sais que tout ce que je pourrai faire pour te plaire secrètement, que tout ce que je pourrai accomplir afin d'alimenter ton bonheur en silence, jamais tu ne t'en apercevrai. Je m'y emploie malgré tout parce que pour moi tu es digne - le mot est faible - de toutes ces peines...

Car rien que d'imaginer te tenir dans mes bras est ce que j'ai de plus cher. Rien que d'imaginer pouvoir poser mes lèvres sur les tiennes - cependant, je suis conscient avec quel dégout et quelle haine tu réagirais à cette marque de tendresse de ma part -, est mon rêve le plus ardent. C'est celui pour lequel j'endure tous mes malheurs, toutes mes souffrances.

Et que dire, si j'avais le privilège de contempler ton corps nu, si j'avais la possibilité de le déifier au travers de mes bienveillantes caresses. Des larmes de joie et de bonheur tels que je n'en n'ai jamais connu s'empareraient de la créature sans attraits que je suis pour toi. Et que dire si j'avais la capacité de me noyer dans ton regard pour le reste de l’Éternité, si j'avais la bonne fortune de me fondre en toi au gré de tes gémissements de désir et de plaisir, je mourrais sur l'instant pour avoir le droit de partager cela avec toi...

Mais je ne suis qu'un être infâme, condamné au silence et à l'obscurité. Je suis qu'une chose ignoble qui ne mérite pas d'exister. Je suis une créature mal née, difforme, frustre, grossière, dont les traits sont une malédiction qu'elle doit subir pour jamais. Tandis que toi, tu es la beauté même. Tu es la perfection faite femme. Tu es la sensualité, la séduction. Tu symbolise l'amour charnel dans ce qu'il a de plus noble et de plus magnifique.

Alors, ces émois, ces sentiments, ces espoirs, ces rêves, ces bonheurs auxquels tu as droit, tu es la seule à pouvoir t'en régaler. Moi, je ne suis là que pour t'observer en profiter. De l'obscurité et de la solitude auxquels le monde et les hommes m'ont rejeté, je n'existe que pour t'encenser sans que ma présence t'importune, assurément...

Dominique Capo