Burn out de l'aidant que je suis :

Quand soutenir quotidiennement quelqu'un à son handicap et à sa maladie entraine l'aidant que je suis au bord de l'épuisement nerveux, moral, psychique, et physique... Quand il n'y a ni repos ni répit, du matin au soir et du soir au matin. Quand tout le monde se préoccupe médicalement, avec attention et prévenance, ce quelqu'un en oubliant l'aidant que je suis en chemin...

Quand on répète à ce dernier d'être fort, d'être courageux, de ne pas laisser transparaitre ses émotions, sa fatigue, ses besoins... Quand tout, pour lui, est chronophage, est énergivore, est source de stress, d'angoisse, de douleur mentale et de symptômes physiques de son lent délabrement... Quand il doit se taire, tout encaisser, jusqu'à craquer régulièrement... Quand seuls la solitude et le silence lui répondent...

Quand cet aidant que je suis est lui-même malade et handicapé, et que tout le monde s'en fout, du moment qu'il tient bon quoiqu'il lui en coute... Quand il fait des crises d'anxiété ou de convulsions liées à ce qu'il a toute sa vie enduré, liées à son état de santé précaire...

Quand tout le monde baisse les yeux, détourne le regard, fait le dos rond, en attendant que ça passe, en se disant que ça ne le regarde pas... Quand tout le monde espère : "pourvu que je ne subisse pas les conséquences de son état !!! C'est vrai, après tout, j'ai mes propres problèmes, mon propre quotidien. Les siens, à coté des miens, ne sont pas importants. Qu'il se débrouille, mème si cela lui est impossible ou qu'il en est incapable."...

Alors, le burn-out se profile à l'horizon. Il se rapproche de plus en plus, et de plus en plus vite, de l'aidant que je suis. Inéluctablement, inévitablement, jour après jour, épreuve après épreuve, coup de stress et d'angoisse après épisode source d'épuisement et de violence psychique et morale à son encontre...

Car, je le sais, je le sens au plus profond de moi, je vois cet instant approcher sans que je ne puisse l'éviter dans les circonstances actuelles : bientôt, je vais m'écrouler. Et ce ne sera pas à cause de mes écrits, de mes recherches historiques, de mes réflexions philosophiques dont j'entreprends la rédaction sous leur forme définitive avant publication chez un éditeur. Ce ne sera pas parce que je lis beaucoup le soir. Tout cela n'est qu'accessoire dans mon emploi du temps, puisque je m'y consacre que lorsque j'ai assez d'énergie et d'heures pour m'y atteler. Non, c'est juste parce que je n'ai personne sur qui m'appuyer alors que mon état de santé défaillant est de plus en plus gangrené par mon rôle d'aidant...