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Mes Univers
22 février 2021

A propos de "Quel roman, que ma vie" :

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Entre 1992 et 1995, j'ai été Aide-Bibliothécaire à la Bibliothèque de l'Arsenal. Et je rappellerai, pour les personnes qui ne le savent pas, que la Bibliothèque de l'Arsenal est l'une des quelques annexes de la Bibliothèque Nationale lorsque celle-ci était encore située rue de Richelieu.
 
C'est à cette occasion que je me suis entièrement plongé dans mes investigations sur l'origine des civilisations, l'origine des religions, l'origines des mythologies. Je me suis aussi intéressé à l'origine des traditions ésotériques et occultes qui, de la plus lointaine Antiquité à nos jours, ont traversé les civilisations, les ages, et les continents. Au fil de mes recherches, je me suis questionné sur le Devenir de l'Humanité, à court, moyen, ou long terme ; ses soubresauts en fonction de son passé, de son présent, et des nombreuses routes qui s'offrent à elle dans tous les domaines. Je me suis encore penché sur les aspects philosophiques, sociaux, culturels, linguistiques, artistiques, que sais-je, de ces sujets.
 
Dans ce but, outre la Bibliothèque de l'Arsenal où je revenais en tant que lecteur assidu, en tant que chercheur passionné rédigeant des centaines de pages sur tous ces thèmes, j'ai régulièrement fréquenté les salles de la rue de Richelieu. J'ai arpenté celles de' la Bibliothèque Sainte Geneviève. Jusqu'à 22h parfois, j'y demeurais pour y découvrir, pour y enregistrer, pour y approfondir, pour y décortiquer, tous ces thèmes qui me sont désormais chers.
 
Cette époque a été, pour moi, riche en événements de toutes sortes. J'ai été heureux et malheureux, j'ai été entouré et profondément seul. J'ai rencontré des individus qui m'ont énormément apporté ou qui m'ont souvent blessé ; tantôt sans le vouloir, tantôt à dessein. C'est également une époque où mon hémiplégie et la maladie orpheline de Sturge-Weber dont je suis atteint depuis ma naissance, m'a fait prendre conscience d'une chose :
 
L'esprit est plus puissant, plus riche, plus captivant, plus diversifié, plus respectable et plus honorable, que la chair. On peut être la plus belle femme, l'homme le plus attirant, du monde, on peut se vanter d'être intelligent et répéter bêtement ce que l'on appris comme un perroquet, on peut être doté de tous les diplômes, avoir eu la meilleure éducation, avoir voyagé aux quatre coins du monde, etc., tout ceci s'étiole au fil des années. Les souvenirs s'effacent, les personnes aimées prennent des routes où nous n'avons plus notre place.
 
Les amis s'en vont, sont remplacés - ou pas. Les gens en qui on a confiance disparaissent ; de toute manière, sur un réseau comme Facebook, la confiance n'existe pas, ni l'amitié, ni la sincérité, ni l'estime, d'ailleurs. C'est le règne de chacun pour soi, de l'ego surdimensionné, de l'image déifiée, de l'éphémérité et de la superficialité. C'est le règne de l'instantané, du voyeurisme, de l'inculture, et de l'anonymat élevé au rang de potentat.
 
Bref, dans un contexte où notre modèle de société craque de partout, où nos certitudes sont ébranlées, où demain n'a plus rien de certain, c'est le refuge de ceux et de celles qui désirent propager ce qu'ils sont, ce qu'ils veulent - ou ne veulent pas -, ce qu'ils croient - ou ne croient pas - comme autant de vérités ou de réalités. Une page de l'Histoire moderne se tourne sous leurs yeux, et ils ne sont même pas conscient que ce à quoi ils tenaient il y a de cela un an ou deux, ne reviendra jamais. Ils se méfient de tout et de tout le monde, l'anxiété et la peur de l'autre est le dernier rempart auquel ils se cramponnent désespérément.
 
Et pourtant, leur violence, leur haine, leurs certitudes, leurs croyances, ne sont que des brins de paille emportés par le vent, face aux faits qui se dévoilent quotidiennement à eux. Voila pourquoi j'ai réalisé, à l'époque où je travaillais en tant qu'Aide-Bibliothécaire à la Bibliothèque de l'Arsenal, en tant que chercheur en Histoire indépendant durant ces années et plus tard, que ce que nous avons de plus essentiel, de plus révélateur, de plus crucial, se trouve dans notre cœur et dans notre âme.
 
Voila pourquoi l'argent, la beauté, la jeunesse, la gloire... ne peuvent durer. Le seul composant de ce que nous sommes, de qui nous sommes, c'est ce que nous avons appris, ce sont les expériences que nous avons enduré, ce sont les myriades d'aspects de notre personnalité, de notre parcours, de nos passions, de nos rêves, de nos projets.
 
Un jour, nous nous éteindrons, c'est inévitable. La vie est intrinsèquement liée à la mort, et vice-versa. C'est la seule réalité de notre existence. Tout le reste, demain, dans vingt ans, dans cent ans, dans un millénaire, se transformera en poussière ; et nos successeurs auront certainement beaucoup de mal à comprendre pourquoi et comment nous en sommes arrivés-là. Ils auront de la difficulté à saisir nos puériles chamailleries, nos égoïsmes surannés, notre orgueil démesuré, notre désir de dominer autrui parce que certains sont plus fortunés ou plus "beaux", plus connus ou plus admirés, que d'autres.
 
Leurs préoccupations seront probablement ailleurs. Un peu comme si nous comparerions ce qu'est notre époque et le Moyen-Age ou l'Antiquité. La seul réponse sensée, intelligente, est celle-ci : Aujourd'hui est juste différent d'hier, et de demain, évidemment. Rien n'est figé pour l’Éternité. Nous ne pouvons que témoigner de qui nous sommes, de quelles ont été nos vies, nos pensées, nos émotions, nos victoire ou nos défaites, nos rires ou nos larmes... Ce à quoi je m'emploie quotidiennement au travers de la rédaction de mes Mémoires : "Quel roman, que ma vie".
 
Alors, peut-être qu'ici, personne ne lira les 600 pages - davantage peut-être - qui le composent. Peut-être que l'immense majorité des gens qui se manifestent ici ne sont centrés que sur ce qui les préoccupe actuellement, ou que sur ce quotidien éphémère qui ne dure qu'un instant. Cependant, c'est parce que ces pages témoigneront de qui j'ai été, de ce que j'ai fait, de ma personnalité, de mes combats, qu'elles perdureront. Elles seront un des nombreux textes, je l'espère, sur lequel les chercheurs, les historiens, de demain, se pencheront, pour savoir à quoi a ressemblé cette fin de XXe siècle et ce début de XXIe siècle.
 
Ce n'est pas sur Internet, ce n'est pas sur les réseaux sociaux, qu'ils pourront décortiquer ce qu'a été cette période charnière de notre Histoire. Ce n'est pas au travers des éphémérités et des superficialités qui les constellent qu'ils pourront approcher au plus près sa réalité. C'est au travers de témoignages approfondis comme le mien, ou comme tant d'autres qui s'emploient à laisser une trace concrète de leur passage derrière eux, qu'ils y parviendrons.
 
Et ça, comme lorsque j'ai interrogé les archives de la Bibliothèque Nationale sur ce qu'a été "jadis", "autrefois" - épisode que j'intégrerai à mon ouvrage -, c'est le plus magnifique, c'est le plus essentiel héritage que l'on puisse léguer à nos descendants....
 
Dominique Capo
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