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Mes Univers
20 mai 2021

Quel roman que ma vie :

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A l'heure actuelle, j'ai rédigé une centaine de pages - sur plus de 600 à 700, je pense - de mes Mémoires intitulées "Quel roman que ma vie". La soixantaine de premières pages se décompose en trois chapitres. Le premier chapitre relate des événements familiaux survenus avant ma venue au monde : présentation de ma famille coté maternel et coté paternel ; rencontre et mariage de mes parents ; leur parcours jusqu'à ce que je vienne au monde. Les deux chapitres suivant couvrent la période 1969 - 1977 ; 1969 étant l'année de ma naissance.
 
La quarantaine de pages supplémentaire concentre quelques anecdotes éparses allant de 1977 à 1986 ; concentre quelques extraits de la demi-douzaine de chapitres suivants. Bien-sûr, ceux-ci sont à compléter très largement.
 
Quoi-qu-il-en-soit, je leur consacre à tous toute mon énergie, toute mon attention, tout mon temps en dehors de celui que je dédie à ma compagne atteinte d'une sclérose en plaques. C'est chronophage, ça pompe toute ma vitalité. Mais ma motivation et ma persévérance demeurent intactes malgré tous les obstacles qui se dressent devant moi au quotidien. Tant pis pour mes crises de furonculose, tant pis pour mes gingivites et mes saignements de dents à répétition qui m’empêchent de me reposer correctement. Tant pis pour mes insomnies jusqu'à trois ou quatre heures du matin. Tant pis pour mes douleurs musculaires ou pour mes crises de stress ou d'angoisse liées à la maladie dont est victime ma compagne. Tant pis pour cette solitude et ce silence dont je suis entourés en permanence - à part ma mère qui m'appelle par Skype une fois par jour pour prendre de mes nouvelles. Après tout, qu'est-ce que les gens en ont à foutre...
 
Depuis plusieurs semaines, j'ai repris ces trois premiers chapitres, et ce, avant de compléter et d'étoffer les suivants. Avant de poursuivre la rédaction de ces Mémoires au-delà de l'année 1986 ; date où j'entrerai dans le vif du sujet. Si je m'y emploie avant d'aller plus loin, c'est pour retravailler leur mise en forme. En ôter les répétitions lexicales ou les coquilles ; les fautes d'orthographe ou de grammaire ; les longueurs ou les passages que je n'ai pas assez approfondi. Littérairement parlant, je désire en effet que mon texte soit le plus proche, non seulement de la réalité des faits, mais également de la perfection scripturale.
 
Même si je sais pertinemment que la perfection n'est pas de ce monde, je souhaite que mes futurs lecteurs ou lectrices prennent plaisir à lire le récit de ma vie. Je souhaite que les mots chantent, que les phrases ou les paragraphes qu'ils parcourent soient fluides, aisés à apprécier. Je souhaite que les situations, que les événements, que je décris, ils les vivent aussi intensément, qu'ils les ressentent avec la même joie ou souffrance que moi au moment où ils se sont déroulés.
 
Mais, tout le monde s'en fout, n'est-ce pas ? Je ne suis qu'un anonyme parmi des millions d'anonymes dont l'histoire n’intéresse personne. Mon parcours d'handicapé atteint de la maladie de Sturge-Weber, mon parcours d'enfant moqué, rejeté, humilié, blessé, est indigne de l'attention des gens bien nés. Le mal que beaucoup de femmes m'ont fait parce que je les ai aimé passionnément, que j'ai dépensé des fortunes pour tenter de me faire remarquer d'elles ou de les séduire avec sincérité et honnêteté, qui cela intéresse-t-il ? Le décès soudain de mon petit frère dans un accident de voiture ? Mes désillusions professionnelles qui m'ont contraint à me replier sur moi-même à l'issue d'un burn-out dont je ne me suis jamais remis ? Les trahisons amicales, les déchirements familiaux, les secrets de famille que j'ai porté malgré moi sur mes épaules ? La haine, la violence, le mépris, pour l'intellectuel et littéraire que je suis, parce que je sors de la norme ? Et ce ne sont là que quelques minuscules exemple parmi d'autres. Qui cela intéresse-t-il ? Mon parcours sortant des sentiers battus, c'est le moins que l'on puisse dire, tout le monde s'en fout.
 
Néanmoins, je n'abandonnerai pas. Je désire témoigner de tout ce que j'ai vécu pour que le peu de gens qui se pencheront sur mon ouvrage comprennent pourquoi et comment je suis devenu l'homme que je suis aujourd'hui. Pour qu'ils réalisent que si nombre de gens endurent bien des tourments, bien des souffrances également - des pires certainement, parfois -, les miens sont tout aussi mémorables que les leurs.
 
Mon vœu le plus cher, le plus ardent, est de témoigner, puisqu'ici je ne le peux pas. J'ai essayé par le biais d'articles détaillés. Toutefois, sur un réseau social où l'éphémère, le superficiel, le quotidien insipide, le culte de la performance ou de la beauté, prime sur tout le reste, je n'en n'ai pas le droit. Ça fait fuir ceux et celles desquels j'aimerai être l'ami - dans la réalité, pas virtuellement.
 
Même s'ils sont conscients que je suis incapable de sortir de mon appartement pour de nombreuses raisons, que je ne vois jamais personne, que je ne parle jamais à personne, qu'en ont-ils à foutre. Chacun sa merde, estiment-ils. Le smartphone, la tablette tactile, les échanges brefs et qui ne les engagent en rien, voilà leur définition des relations humaines. Voilà ce que je subis depuis que je suis enfant parce que je suis né différent par bien des aspects.
 
Je me suis battu de toutes mes forces pour m'intégrer socialement, professionnellement, amicalement, sentimentalement, depuis mon adolescence. Seule ma compagne actuelle, malgré tous les problèmes que nos handicaps et maladies respectifs posent, a passé outre. Et pourtant, ce n'est pas facile tous les jours. Et pourtant, je rêve de m'ouvrir à d'autres horizons, à d'autres gens, à d'autres itinéraires de vie. En vain, évidemment. Je suis jugé et condamné parce que ce que j'ai enduré a fait de moi un écorché vif, un être torturé, doté d'une hyper-sensibilité exacerbée. Et ça, aux yeux de l'immense majorité, c'est impardonnable, c'est un motif de non-intégration. Même si le comportement des personnes qui me fuient, qui me brutalisent ainsi, alimente mes souffrances et mes terreurs.
 
Alors, oui, je désire témoigner au travers de ce livre des tenants et des aboutissants qui m'ont conduit là où j'en suis. Puis, ensuite, je désire disparaitre. Puisque, malgré mon empathie pour les autres, puisque mon rêve de côtoyer des personnes qu'il me plairait de connaitre et d'apprécier, puisque socialement et professionnellement, le monde ne veut pas de moi, puisque la beauté (féminine en particulier), puisque l'amitié sincère de la part de gens que je n'ai encore jamais rencontré - mais que j'aimerai -, puisque le stress et la peur sont mes compagnons au quotidien, oui, je désire ensuite disparaitre à tout jamais.
 
A quoi bon vivre puisque je ne vaux rien aux yeux de la majorité des gens. Même pas un coup de fil, même pas un déplacement jusqu'à moi, moi qui ne peux pas bouger de chez moi. Oui, témoigner de mon parcours, des épreuves, des obstacles, des joies et des peines, des victoires et des défaites, des forces et des faiblesses, des qualités et des défauts, dont je suis pourvu. Oui, témoigner de ce que ce handicap, de ce que cette hémiplégie partielle du coté droit, de cet angiome facial interne et externe provoquant des crises de convulsions régulières, a généré depuis que je suis enfant. De ce regard que les gens ont porté sur moi malgré mon intelligence, malgré ma culture encyclopédique, malgré mon érudition sur énormément de sujets, malgré mon don pour l'écriture ou la réflexion approfondie. C'est vrai, quoi !!! Personne n'en n'a rien à foutre.
 
Oui, une fois mon ouvrage terminé, je disparaitrais de la scène. Entouré de mes livres et de ma famille, avec ma compagne, tout le reste n'aura plus d'attrait ou d'importance. C'est ce que la vie m'a appris : ma place est hors du temps et hors du monde des hommes. Que je le veuille ou non, que je l'accepte ou non, c'est l'indubitable réalité qui m'a toujours rattrapée.
 
Alors, maintenant, j'y retourne. Je m'y replonge avec plaisir, avec ferveur. J'y consacre toute mon énergie, tout mon temps, toute ma volonté, et j'oublie tout le reste. Je vous laisse profiter de ce à quoi je n'ai pas droit, puisque c'est ce que c'est la leçon que vous avez cherché à m'inculquer depuis que je suis né...
 
Dominique Capo
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