Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mes Univers
15 juin 2021

Pendant ce temps-là :

X1

Pendant que des millions d'idiots décérébrés se pâment devant une compétition sportive destinée à détourner leur attention des vrais problèmes que rencontre notre pays, notre continent, notre société, pendant que la télévision les abreuve d'images de ces "héros" qui transforment les foules en sauvages dès qu'ils marquent un but, pendant que les accros de la performance sportive, s'inquiètent lorsque l'une de leurs idoles fait la une de l'actualité parce qu'il est victime d'un "bobo" à un mollet ou une clavicule, des millions des gens crèvent de faim, dorment dans la rue, meurent du Covid-19 ; et ils s'en moquent.
 
Ces stars du foot qui valent des millions juste parce qu'ils savent courir derrière un ballon ; qui engrangent encore plus d'argent lorsqu'ils font de la publicité pour tout et n'importe quoi à la télévision ; dont le quotidien - y compris le plus insignifiant et le plus puéril - est suivi par des millions d'abrutis sur les réseaux sociaux ; la seule façon qu'ont ces derniers de rêver, d'espérer, de "croire", puisque tout le reste - politique, religion, culture, science, etc. - ne les intéresse pas. Pire : ils les dénigrent et les remettent en question à coup de fake-news, de distorsion des faits afin qu'ils correspondent à LEUR Vérité ; et ce, à la première occasion. Fanatiques et acharnés qu'ils sont à remodeler l'histoire ou l'actualité.
 
Peu importe le niveau social de ces millions de personnes, peu importe qu'ils soient riches ou qu'ils soient pauvres, peu importe qu'ils soient intelligents ou pas, peu importe qu'ils aient fait de longues études ou non, peu importe qu'ils soient dotés d'une culture encyclopédique ou pas, etc., à ce moment là, ils redeviennent des barbares dignes des premiers ages de l'Humanité, qu'ils n'ont jamais cessé d'être. Pire : qu'ils n'ont jamais voulu cesser d'être.
 
Un match de football, ça ressemble à une affrontement sur un champs de bataille. Deux armées qui se font face. Deux nations, deux régions, deux villes, deux tribus en fait, avides du sang de l'adversaire, prêtes à annihiler ceux qui s'imaginent être supérieurs parce que dignes de remporter la victoire. Parce que leur honneur, parce que leur amour-propre, parce que leur dignité, parce que leur vanité, dépend de l'issue de ce combat à mort.
 
J'entends leurs grognements et leurs vociférations. J'entends leurs insultes et leurs menaces - qui tournent à l'orgie de violence parfois dans les rues de nos cités - ; je vois leurs haines et leur sexisme, leur chauvinisme, ou leur racisme autorisant tous les débordements. Oui, vraiment, un retour aux âges les plus primitifs, où la seule option à la portée de ces êtres frustres était : c'est eux ou nous. C'était de montrer ses muscles, de défendre son territoire face à ces envahisseurs, face à ces étrangers qui n'y avaient pas leur place.
 
Et pendant que ces barbares du XXIe siècle se roulent dans cette fange qui avilit cette part d'humanité qu'ils devraient élever au-dessus du médiocre et du vulgaire, d'autres, ailleurs - tout près de chez eux parfois -, se battent pour trouver à manger, pour ne pas être victimes des guerres qui ravagent leurs pays, pour ne pas succomber à la pandémie qui engendre des millions de morts partout sur la planète.
 
Regardez-les, ces supporters qui se rassemblent dans les cafés, chez eux, dans les rues, sans protection, alors que le Covid-19 y est toujours présent. Ils s'en foutent. Après-tout, c'est l’Été, il fait beau, il fait chaud, les vacances sont bientôt là. Qu'est-ce qu'on vient m'emmerder avec la solidarité à l'encontre des plus faibles, de ceux que cette épidémie pourrait emporter si moi et mes potes oublions nos masques ou l'appliquer les gestes barrières. Ce n'est pas mon problème. En plus, je suis vacciné. Que je puisse continuer à le propager par inadvertance, je m'en fous. Je n'ai aucun remord, aucune honte. Pour moi, ce qui importe, c'est de profiter pleinement de la vie et du retour à la "normalité". Qui vivra verra.
 
Tant pis si dans deux ou trois mois, après l’Été certainement, une quatrième vague et un troisième confinement font leur apparition. Du moment que j'ai profité de mes congés. Du moment qu'on m'a foutu la paix pendant l'Euro 2020. Du moment que j'ai pu passer mes soirées avec mes amis, y compris dans des lieux fermés propices à la propagation du virus. Tant pis, si j'ai pu faire la fête, me saouler, fumer mes joints en leur compagnie pour accompagner la victoire de mes héros ; ou pour me consoler de leur défaite.
 
Après-tout, tous les prétextes sont bons pour se laisser aller aux dérives les plus dissolues. Les autres, j'en n'ai rien à foutre. Du moment qu'on me fout la paix et que je peux aller en boite de nuit, au restaurant, à la plage pour griller allongé sur mon mètre carré de sable chaud. Du moment que je peux ensuite m'exhiber auprès de mes collègues, fier d'avoir pu semer la mort parce que je n'ai pris mes précautions en portant mon masque, mème à l'extérieur, surtout dans les endroits bondés comme les rues des cités où j'ai passé deux ou trois semaines de vacances avec ma greluche et mes marmots. Surtout sur les plages où tout le monde est rassemblé parce que tout le monde fait pareil que moi.
 
Les matchs de foot ou autres manifestations festives de même acabit, c'est pareil. La fraternité, le partage, la convivialité, les valeurs humanistes qu'ils sont censé porter, c'est pour les autres. Moi, je m'en désolidarise, parce que je suis immunisé, parce que je suis sans respect pour ceux qui m'entourent, même si ceux qui m'entourent, eux, me doivent évidemment le respect ; c'est normal, c'est naturel. Que des gens meurent alors que des millions sont dépensés pour un spectacle d'un mois qui ne profite qu'à des privilégiés, ce n'est pas important. Que mes joueurs favoris gagnent des millions parce qu'ils courent derrière un ballon pendant 90 minutes de match, alors qu'il y en a tant qui ne gagnent mème pas le Smic, on s'en fout. Mon plaisir avant tout.
 
Que des invalides, que des malades, que des handicapés, se retrouvent abandonnés, délaissés, incapables de se débrouiller seuls lorsque leur conjoint s'écroule devant eux, et qu'ils sont dans l'impossibilité de le remettre debout... du moment que le match se poursuit, ça ne me pose aucun souci. Qu'ils croulent sous la fatigue, sous le désespoir, sous l'impuissance à se sortir des situations dans laquelle ils se trouvent du fait d'une différence qu'ils n'ont pas demandé, mais pour laquelle on les met de coté, n'est pas le problème de ces footeux. Ce n'est pas le problème des gens qui ont une vie normale, une vie médiocre enchainée à un "métro-boulot-dodo" qui obscurcit leur horizon. Ces gens qui ont un quotidien dont la seule perspective est le prochain match ou les prochaines vacances sur la plage, les écrasent de leur suffisance, de leurs revendications à retrouver leur vie d'avant auxquels d'autres n'ont jamais eu accès, auxquels d'autres n'auront jamais accès.
 
Alors oui, pendant ce temps-là, il y en qui souffrent, il y en a qui aimeraient mourir parfois, plutôt que de subir. Il y en pour qui "vivre normalement", profiter de ce que ces personnes "normales" ont ou revendiquent, est à mille lieues de leurs possibilités et de leurs capacités. Il y en a qui, de voir ces mêmes personnes se plaindre des inconvénients qu'ils subissent, ou qui se foutent des conséquences de leurs gestes ou de leurs actions, détruit. Il y en a qui voient dans le sport - et le football notamment - un vecteur de moutonnage, d'amoindrissement de la pensée et de la raison, un refus de la culture, une exaltation de la violence et de la haine de celui qui est différent. Et ça le meurtrit, ça le rend fou de douleur, ça le fout en l'air, tout simplement...
 
Dominique Capo
Publicité
Publicité
Commentaires
Mes Univers
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 287 541
Derniers commentaires
Archives
Mes Univers
Newsletter
Pages
Publicité