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20 juillet 2021

Après nous, le Déluge :

X1

Le calme, la paix, la sérénité. Une magnifique journée d’Été où le Soleil brille dans le ciel, où il n'y a pas un nuage à l'horizon, où la chaleur étouffante est propice au repos et à la détente.
 
La grande majorité des gens sont en vacances, à bronzer sur leur petit mètre carré de plage. Ces gens, collés les uns contre les autres comme des sardines dans leurs boites, ou comme dans les transport en commun lorsqu'ils vont ou reviennent du travail à l'heure de pointe. A quoi rêvent-ils, à quoi songent-ils, ces gens-là, si ce n'est à profiter pleinement et sans contraintes de leurs congés d’Été ? A montrer à leurs collègues, à leurs amis, à leur famille, que leur peau a se teint légèrement halé, que leurs muscles sont saillants, que leurs attraits font toujours autant d'envieux.
 
Les jeunes voudraient exhiber leur fraicheur et leur insouciance en boite de nuit ; toujours collés les uns contre les autres ; parce qu'il n'y a que comme ça qu'ils ont l'impression d'exister. Ils voudraient pouvoir se saouler jusqu'à plus soif jusqu'au petit matin ; oublier ainsi l'insignifiance de leur quotidien ; oublier les rêves et les projets, les espoirs et les illusions, propres à leur condition. Ils voudraient facilement trouver un ou une partenaire à "baiser" ; avec lequel ou laquelle avoir une aventure de quelques heures de quelques jours, de quelques semaines, le temps de passer un agréable moment. Après-tout, n'est-ce pas ce que sont censé faire les jeunes de leurs vacances ?
 
Les plus âgés, eux, pour certain(e)s, tentent de leur ressembler. Ils ont fait du sport au printemps pour évacuer leurs kilos en trop - sans y parvenir efficacement la plupart du temps. Ils ont fait des séances de chirurgie esthétique, des régimes qu'ils ont pioché sur Internet ou dans les magazines en vogue. Ils paradent comme s'ils avaient vingt ans ; alors que ceux et celles qui ont vingt ans se rient d'eux en sourdine, tellement ils sont ridicules, tellement ils sont naïfs, tellement ils sont grotesques.
 
D'autres de ces plus âgés, entourés de leurs marmots piaillant à tout va, essayent de se détendre. La route a été longue et épuisante depuis leur lieu d'habitation. Les trains bondés ou les embouteillages sur l'autoroute qui les ont obligés à rouler comme des escargots. Les arrêts pipi ou pour manger à la supérette ou sur le parking de cette dernière. La queue pour payer ses achats, les bousculades parce que les enfants ont envie de se défouler. Les énervements du conducteur parce que ça ne va pas assez vite ; ceux du reste de la famille qui est pressée d'arriver. L'installation au camping ou à l’hôtel qui se fait dans la confusion la plus totale. Les promenades là où tout le monde va, les restaurants où tout le monde dine le soir. Le cornet de glace éventuellement si le budget le permet.
 
Quoiqu'il en soit, serrés les uns contre les autres comme ils le sont tout le long de l'année dans les supermarchés le samedi après-midi, en ville quand ils y vont le dimanche et qu'il n'ont rien d'autre à faire. Ou la semaine durant, pour travailler et ramener son maigre salaire destiné à payer les traites de la maison - pour vingt ans -, pour payer le crédit sur la voiture, pour ses abonnements à internet. S'exhiber sur les réseaux sociaux à l'aide de photos et vidéos d'un ordinaire qui s'apparente peu ou prou à celui de ses voisins de palier, à ses voisins de serviettes sur le plage.
 
Ses voisins à qui ils n'adresseront jamais la parole, mème pas un bonjour. Après-tout, ce sont des étrangers. Ils ne sont pas comme eux, ils valent mieux qu'eux, ces balourds au ventre rebondi, aux joues flasques, aux fesses ridées ; et leurs femmes aux seins flasques qui se prennent pour des jeunettes. C'est vrai, eux sont musclés, ils font de la course à pied ou des ballades en vélos. Leurs enfants ne crient pas autant que les leurs. Mais ceux-ci n'ont-ils pas été exaspérants sur le chemin de la plage, à vouloir à tout prix aller au parc d'attraction du coin alors que papa et maman n'ont pas prévu ça dans leur budget pour la journée. C'est vrai, bien que comme ces étrangers, ils squattent chaque après-midi leur mètre carré de sable fin, ils ne sont pas du mème monde.
 
Et puis, le soir venu, s'étaler sur leur divan à regarder n'importe quelle connerie à la télé. Du moment qu'ils peuvent débrancher leur cerveau un moment ; du moment que leurs gamins ne viennent pas les emmerder. Ils sont sur leurs consoles, sur leurs tablettes, sur leurs smartphones jusqu'à pas d'heure, où comme des zombis, ils papotent avec n'importe qui sur n'importe quoi, l'important étant de se rendre intéressant par les absurdités ou les plaisanteries qu'ils y diffusent. L'important étant que papa et maman puissent regarder le match de foot, une bouteille de bière dans la main, une part de pizza presque froide dans l'autre. Du moment que papa et maman puissent ensuite s'envoyer en l'air un quart d'heure avant de s'endormir, comme les gros beaufs qu'ils sont.
 
Le bonheur, le calme, la sérénité. Un magnifique jour d’Été comme les autres. Et puis, qu'on ne vienne pas les faire chier avec le coronavirus qui sévit à nouveau, et particulièrement dans les lieux où se retrouvent juillettistes et aoutiens. Ils ont envie de déconnecter et de s'amuser. Et tant pis s'ils ne prennent pas leurs précautions. Tant pis s'ils ne portent pas leurs masques. Diffuser la maladie, la mort peut-être, parce qu'ils ont été imprudents ou négligents, ce n'est pas leur problème. Se faire vacciner : "Putain, que c'est contraignant !"
 
Et leur liberté ? C'est vrai, quoi !!!! On file droit vers la dictature. Se soucier de sa santé et de celle des autres qui pourraient être infectés par leur faute ? Que c'est épuisant de réfléchir à tout ça, alors qu'ils ont un pois chiche à la place du cerveau. Alors qu'ils ne veulent qu'une chose, c'est qu'on leur foute la paix. Alors qu'une quatrième vague se profile déjà à l'horizon et que la rentrée risque d'être bousculée par de nouvelles restrictions du fait qu'ils n'ont pas écouté les avertissements qu'on leur a donné tout le long de l’Été.
 
Eux, ça ne le concerne pas ; ça ne les concerne jamais. Ils sont immunisés contre la maladie, contre la peur, contre la mort. Tout ça, c'est pour les autres. Comme le cancer, comme les accidents de voiture, comme les aléas de l'existence susceptibles de la bouleverser à jamais n'importe où et n'importe quand. Eux, c'est l'indifférence, c'est l'insouciance, c'est le nombrilisme.
 
Ne sommes-nous pas en Été ? Et ne faut-il pas, ne doit-on pas en profiter pleinement. Se saouler, baiser, faire le jeune et le beau, l'athlétique et le légume sur la plage, n'est-il pas l'ambition et le rêve de ces gens-là toute l'année ? Et ce moment-là, n'est-il pas enfin arrivé ? Alors, la rentrée, c'est encore loin ; et puis, après nous le Déluge, n'est-ce-pas ?
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