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Mes Univers
27 août 2021

Daesh, le retour :

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Je suis féru de géopolitique. C'est un sujet, parmi la multitude qui me passionnent, que j'explore régulièrement. Je m’intéresse aux nombreuses facettes qu'il revêt. Et il m'amène à mieux comprendre les tenants et les aboutissants de cette actualité internationale en perpétuel mouvement. Et, parmi les sources qui alimentent ma réflexion, hier, j'ai lu avec avidité et fascination le dernier numéro de "l'Histoire" - mois de Septembre 2021 que j'ai reçu dans ma boite aux lettres mercredi -, dont le dossier est : les États-Unis et le monde ; 2001-2021, le grand tournant.
 
Mais, aujourd'hui, je vais m’arrêter sur un point essentiel, puisque c'est lui qui domine l'actualité depuis hier. Il vient juste compléter mon article du 17 Aout, et intitulé : "Pourquoi nous allons payer cher le retour des Talibans en Afghanistan".
 
Car, si ceux et celles qui me lisent ont été surpris par l'attentat de Daesh à Kaboul hier, ainsi que son cortège de morts et de blessés, personnellement, je ne l'ai pas été. En fait, je le craignais. Pas si tôt, je l'avoue humblement. J'imaginais qu'il faudrait à Daesh quelques mois avant de se manifester. Pour autant, cette action meurtrière et dramatique était prévisible. Et je crains qu'elle ne soit que la première d'une longue série ; que ce soit en Afghanistan ou ailleurs dans le monde ; et notamment, en Europe ou aux États-Unis.
 
Si vous partiez du principe que Daesh était mort et enterré après sa défaite en Syrie et en Irak, eh bien, c'était une erreur. Une faute monumentale que nous risquons de payer cher dans les temps qui viennent. En fait, Daesh s'est replié, s'est mis en sommeil afin de reconstituer ses forces, afin de se restructurer, afin de profiter de la prochaine opportunité que nous allions lui fournir. Eh bien, voila, c'est fait ! Avec le départ des forces occidentales d'Afghanistan, ainsi que le chaos auquel nous assistons, impuissants, en ce moment, l'heure de frapper à nouveau était venue. Daesh n'a pas hésité ; et nous en voyons le résultat.
 
Car Daesh possède toujours des bases de repli en Syrie, en Irak, en Libye, au Sahel... Des groupuscules qui, après l'effondrement de leur Califat à cheval sur la Syrie et l'Irak, se sont redéployés ailleurs. Des groupuscules tels que Boko-Aram est consort que la France a affronté au Mali et alentours, pour tenter de les contenir. Avec plus ou moins de succès il faut en convenir.
 
Le retour des Talibans au pouvoir en Afghanistan est une occasion pour Daesh de renouer avec son vieux rêve : celui d'ériger un califat voué à sa cause sur un territoire où il pourrait se déployer. Puis, ensuite, évidemment, repartir en guerre contre l'Occident et tout ce qu'il représente. Attentats, massacres, kamikazes, terreur, destinés à affaiblir davantage encore un Occident divisé dans son combat contre le terrorisme et les moyens de l'éradiquer. Contre un Occident qui se replie sur lui-même, en proie à ses propres préoccupations que sont la Pandémie de Covid-19 et comment s'en débarrasser.
 
C'était en effet le moment idéal pour que Daesh fasse une fois de plus parler de lui. Les États-Unis et l'Europe se désengagent de leurs théâtres d'opération en Afrique de l'Ouest et au Moyen-Orient. Ils se retirent dans la précipitation d'Afghanistan. Dès lors, qui reste-t-il pour s'opposer à eux, si ce n'est des armées mal préparées, sans commandement efficace et formé, si ce n'est des États corrompus ou en totale déliquescence ? Il était évident que ces armées et ces États ne feraient pas le poids. Et ce n'est pas surprenant que les troupes afghanes, ou les autorités de Kaboul, se soient effondrées si vite face à des Talibans en partie soutenus par les populations locales.
 
Néanmoins, soyons clair. C'est essentiel pour comprendre ce à quoi nous assistons : Les Talibans et Daesh, s'ils sont fondamentalistes et prônent l'érection d'un Califat, l'utilisation de la Charia, comme mode de gouvernement, sont en fait des "frères ennemis". Les Talibans existent depuis bien avant le 11 Septembre. A l'origine, il s'agit de l'un des nombreux groupuscule disséminé à travers l'Afghanistan, et qui a combattu les troupes soviétiques après l'invasion de ce pays par l'URSS. A l'époque, comme Al Qaida, les Talibans ont été soutenus et armés par les États-Unis, et l'Occident plus généralement - de même que le commandant Massoud et d'autres - pour le mettre en échec. Une fois l'URSS parti, les Talibans se sont installés, et ont fermé les yeux sur l'implantation de bases d'entrainement d'Al Qaida chez eux. Avec la suite que l'on connait : 11 Septembre et ce qui en a suivi.
 
Daesh, lui, est une émanation d'Al Qaida après que Ben Laden ait été tué, et que ses autres dirigeants se soient dispersés au Moyen Orient. Certains de ses derniers ont fondé l’État Islamique, ont érigé leur Califat à cheval sur la Syrie et l'Irak à la suite de l'invasion de l'Irak par les USA d'une part, et à la suite de la guerre civile qui a embrasée la Syrie dans la foulée du Printemps Arabe de 2011. Avec les résultats que l'on connait, là également.
 
En fait, paradoxalement, les Talibans au pouvoir en Afghanistan ne sont pas une si mauvaise chose pour les occidentaux. Les Talibans sont le rempart qui les protègent de la résurgence de Daesh sur un territoire livré à lui-même. Ils les entravent dans leurs objectifs expansionistes. Ils sont peut-être les seuls à savoir comment les affronter efficacement, en usant des mèmes méthodes, en s'appuyant sur des populations affidées, en pronant une idéologie "moins" extrémiste, ou plutot "extrémiste, mais d'une façon différente". Donc, entre Charybde et Scylla, les occidentaux ont vite choisi. Autant fermer les yeux sur leurs exactions, privilégier le "moins pire" des adversaires, plutot que de devoir faire face à un nouvel Etat Islamique d'ici quelques mois ou quelques années.
 
Oh, bien-sûr, l'idéologie extrémiste, moyenâgeuse, rétrograde des Talibans, n'a pas varié d'un iota depuis qu'ils ont été obligés de se replier dans ses montagnes après que la coalition occidentale y a pris pied en 2001. Oh, bien-sûr, le but officiel des soldats occidentaux était d'abattre Al Qaida et les Talibans, afin de mettre en place un État de Droit et démocratique à leur place.
 
Si la guerre menée contre Al Qaida a été un relatif succès - Après tout, Ben Laden est mort, Al Qaida a été démantelé -, les Talibans, eux, ont réussi à tenir tète à la plus puissante armée du monde. Et d'Al Qaida est né Daesh. Longtemps en effet, comme en Irak du reste, les Américains, et les Européens dans une moindre mesure, ont supposé qu'en renversant les régimes en place, les population locales allaient facilement adhérer aux valeurs démoratiques, à un Etat multipartis, que leurs "libérateurs" allaient leur proposer. Une erreur monumentale. Que ce soit en Irak ou en Afghanistan, il faut bien comprendre que les régimes dictatoriaux qui maintenaient la cohésion du territoire qu'ils controlaient, étaient le ciment qui les empéchaient de se dédagréger.
 
Certes, leurs valeurs, leurs idéaux, leurs façon de gouverner, les massacres, les violences, les tortures, les violations des droits les plus fondamentaux de l'Homme et de la Femme, étaient continuellement violés. Pour des occidentaux comme nous, ça va à l'encontre de ce en quoi nous croyons du plus profond de notre coeur et de notre âme. Et la liberté telle que nous la révons, en premier lieu. Mais, il n'en n'est pas de même là bas, et plus largement, en Arabie Saoudite, en Iran, au Qatar, etc. qui, bien que nos alliés, sont des régimes autocratiques. L'érection d'Etats démocatiques sur le modèle occidental serait un danger extrème pour eux.
 
Si ces régimes ne tenaient pas leurs populations d'une main de fer, comme en Afghanistan à l'origine, ce seraient des lois claniques, des alliances entre tribus pour des objectifs momentanés, ce seraient des retournements constants de coallitions afin de combattre l'allié d'hier. Afin d'étendre sa sphère d'influence aux dépends des autres clans lorgnant sur la mème portion de territoire. Afin de s'mparer de ses richesses - minières, trafics de drogue, gaz ou pétrole éventuellement, etc -, ou pour y réduire les confessions religieuses non intégristes. Comme ces clans y ont pourvu contre les troupes Soviétiques entre 1979 et 1989. Bref, ce serait le chaos.
 
Raison pour laquelle beaucoup de populations afghanes, notamment, ne voient pas d'un si mauvais oeil le remplacement du pouvoir pro-occidental par les Talibans. Tout, plutot que l'anarchie, défendent-elles. Tout, plutot que la corruption généralisée, que la déliquessence étatique, comme l'a montré le Pouvoir de Kaboul, celui de Bagdad, après le retrait des occidentaux. Raison pour laquelle les occidentaux préfèrent voir les Talibans gouverner l'Afghanistan, plutot qu'un Califat tel que Daesh s'en serve comme base arrière pour ouvrir un nouveau front contre l'Europe et les Etats-Unis.
 
La guerre entre les Talibans et Daesh ne fait donc que débuter. Et hélas, une fois de plus, ce sont les populations locales qui vont en payer le prix le plus fort. Toutefois, il ne faut ètre ni naïf ni crédule : les Talibans, comme Dash, sont, autant l'un que l'autre, un danger mortel pour nos démocraties. L'échec qui est le notre en ayant été incapables de les détruire est le ferment de nos douleurs et de nos guerres à venir. Ils sont les racines en train de prospérer pour faire ressurgir les cauchemars auxquels nous avons été confrontés depuis 2001. Des cauchemars et des destructions que nous avons contribué à engendrer et à entretenir.
 
Pire encore, cet échec à venir en aide à des peuples auxquels nous avions promis assistance et secours afin que ça ne se reproduise plus jamais, montre à quel point nos démocraties sont défaillantes ; à quel pointleurs intérets personnels priment sur l'intéret général. Si nos nations sont incapables de s'accorder, de s'unifier, afin de combattre un danger planant sur la totalité de l'Occident, c'est la preuve de son déclin. C'est la preuve que ces intégristes éespéraient, dont ils vont se servir, afin d'amplifier nos discordances, et ainsi nous mettre à genoux. Et à qui notre manque de solidarité va servir : à la Chine et à la Russie, qui vont en profiter pour étendre leurs sphères d'influence ; et par là même encore plus nous isoler, nous amoindrir. Faire de nous des nations de second rang dont les valeurs, dont le rayonnement, dont l'efficience, vont en diminuant.
 
Croyez moi - ou non -, les attentats de Daesh à Kaboul ne sont qu'un premier coup de semonce. A moyenne et longue échéance, c'est nous qui sommes les perdants. La question n'est pas : devions nous nous retirer, ou pas d'Afghanistan, d'Irak ? C'esr une évidence, nous ne pouvions pas y demeurer éternellement. Mais, qu'en avons nous retiré ? Avons nous fait ce pour quoi nous nous y trouvions ? Et là, la réponse est non. Certes, nous avons abattu Ben Laden, nous avons provisoirement détruit l'Etat Islamique. Pour autant, avons nous secouru les populations soumises à eux qui espéraient tellement de nous. Qui espéraient que nous contribuions à reconstruire leurs pays, leurs infrastructures, leurs amées, leurs Etats, pour que ni Talibans, ni Daesh ne puissent y essaimer à nouveau.
 
Ca, par contre, nous avons échoué sur toute la ligne. Comme d'habitude, nous avons eu des visées à court terme. Nous avons privilégié l'emploi de la force pour nous y déployer et nous y maintenir, sans nous préoccuper des besoins et des espoirs de leurs habitants. Les centaines de milliards de dollars que nous aont couté nos vingt ans d'engagement en Afghanistan et en Irak ont été utilisés pour que nos soldats soient le moins exposés possibles, pour que nous pleurions le moins de morts possibles. Toute la technologie de pointe que nous avons employé à cet effet, n'a été que dans ce but, et uniquement dans ce but.
 
Or, ce que n'ont toujours pas compris les occidentaux, et qui est à la base de notre échec monumental là-bas, c'est que toute notre technologie n'était pas efficiante face à des combattants qui usaient de techniques militaires plus proches de la guerrilla et du harcèlement, que des batailles rangées telles que nous en avons connu par le passé. Une fois encore, nous avons un train de retard. Nous ne pouvions donc qu'échouer. Parce que nos ennemis étaient plus performants au corps à corps, une tactique dont nous ne voulons pas entendre parler parce que cause d'un grand nombre de pertes humaines, nous avons perdu.
 
Nous en sommes coupables. Tant que nous ne nous appuiron,s uniquement que sur la technologie - drones, avions furtifs, soldats qui ressemblent davantage à des Robocop qu'à des humains, chars téléguidés, etc., nous ne pourrons remporter de victoire face aux Talibans ou à Daesh. L'opinion publique occidentale supportant de moins en moins qu'une guerre soit génératrice de morts, nous ne sommes plus adaptés aux techniques de combats dont usent nos adversaires. La guerre, c'est la guerre. Et durant une guerre, il y a des soldats quimeurent. Si on n'est pas capable d'accepter ce principe de base, nous sommes perdus. Et, comme nous l'avons vu en Afghanistan et en Irak, militairement parlant, c'est pourquoi des hommes moins armés, dispersés, en plus petit nombre, nous ont vaincu.
 
Et nos échecs se renouveleront tant que nous ne changeons pas de stratégie ; et aussi, et surtout peut-être, tant que nous nous détournerons des besoins et des aspirations de populations locales hostiles d'abord à leurs persécuteurs. Mais qui, au final, parce que nous les avons abandonné à leur sort, se rallient à eux du fait qu'ils n'ont pas d'autre solution. Alors, au prochain attentat sur notre sol, aussi dramatique et décastateur soit-il, ne venons pas nous lamenter : "Pourquoi ils s'en prennent à nous ?", alors que nous avons fait tout ce qu'il fallait pour que ceux-ci se produisent...
 
Dominique Capo
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