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Mes Univers
12 juin 2022

Le Mystère de Rennes-le-Chateau, pages 26-234/45 :

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Déroutante énigme de Rennes-le-Chateau, vrai pôle d'une histoire secrète de la France. En effet, par ailleurs, si Bérenger Saunière semble occuper le devant de la scène et monopoliser à son profit tous les regards dans l'affaire du mystérieux trésor du Razès, il n'en n'existe pas moins un personnage capital qui, cité jardin et dans les coulisses, tire les ficelles : Henri Jean-Jacques Boudet, curé de Rennes-les Bains…
 
Henri Boudet naît le 16 novembre 1837 à Quillan, dans l'Aude, de parents assez pauvres. Cependant, son intelligence et ses dispositions lui valent d'être remarqué par l'abbé Émile de Cayron, curé de Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse. Personnage assez énigmatique que cet abbé de Cayron : « la Semaine religieuse » s'interrogeait encore à son décès sur l'origine de ses ressources, tout en précisant qu'il recevait de l'argent d'une famille de Rennes-le-Chateau. Peut-être de la famille de Fleury, alliée depuis toujours aux Hautpoul-Blanchefort et à laquelle appartenait ce Paul-Urbain de Fleury dont l'étrange tombe, au cimetière de Rennes-les-Bains, nous affirme « qu'il est passé en faisant le bien » jusqu'à sa mort.
 
Un décès d'ailleurs bien difficile à dater : le comte de Fleury possédait le rare privilège d'avoir deux pierres tombales dans le même cimetière. L'une, maintenant disparue, le faisait naître le 3 mai 1776 et décéder le 7 août 1836, l'autre indique comme date de décès le 7 août 1856, à l'age de soixante ans. Ce qui le ferait naître en 1796. Comme on peut le constater, les mystères de Rennes-les-Bains n'ont rien à envier à ceux de Rennes-le-Chateau, tous deux participant du même énigmatique ensemble.
 
Émile de Cayron finance les études d'Henri Boudet, qui est ordonné prêtre le 25 décembre 1861. En 1872, Mgr de Bouillerie le nomme à la cure de Rennes-les-Bains, où il s'établit modestement en compagnie de sa mère et de sa sœur. Pendant huit ans, cet insaisissable marcheur parcourt en tous sens la campagne pour visiter ses ouailles.
 
C'est à cette époque qu'il se passionne pour les vieilles pierres, nombreuses dans la région. Ainsi écrit-il à l'abbé Grassaud : « Tout en appréciant la végétation des beaux jours je garde ma tendresse pour l'hiver où la verdure ne dissimule plus les pierres qui dominent le paysage. ». Pierres levées ou travaillées par l'Homme, celles-ci abondent dans le voisinage de Rennes-les-Bains, qu'il s'agisse de menhirs debout ou renversés du sommet du Bazel, du Roc-Nègre, du menhir du cap-de-l'Homme, des Roulers, du Pla de la Coste, des pierres du Serbairou, du Cugulhou ou de Goundhill, elles semblent poser aux cieux une vertigineuse interrogation venue du fond des ages. L'abbé la reprend à son compte, et le soir, il transcrit le résultat de ses observations infatigables.
 
De même, l'abbé Boudet s’intéresse à la topographie et, plus particulièrement, à la toponymie. On lui doit ainsi un premier essai, « Origine du nom de Narbonne », manuscrit de dix-neuf pages suivies de cinq pages de considérations toponymiques sur l'Aude. Déjà, à la lecture de ces quelques pages, il est facile de constater que leur auteur est intelligent et fort cultivé. Ses connaissances historiques sont vastes et profondes, qu'il s'agisse d'antiquités gauloises ou romaines. Il maîtrise parfaitement le grec et le latin, l'anglais et le saxon.
 
Ce manuscrit ne fut sans doute jamais publié et l'existence de certains points communs permet de le considérer comme l'esquisse de ce qui allait être son Grand Œuvre : la rédaction de « La Vraie Langue Celtique et le cromlech de Rennes-les-Bains », l'un des plus mystérieux ouvrages de son temps, s'il est tant soit peu possible de le comparer à quelque autre.
 
En 1880, l'abbé Boudet considère qu'il a achevé son travail. Il décide de le publier à compte d'auteur, en finançant la publication avec des fonds dont on ignore la provenance. L'imprimeur choisi et François Pomiès, 50 rue de la Mairie à Carcassonne, maison qui, pendant la Révolution, servit de refuge et de lieu de culte à de nombreux prêtres réfractaires. Il faudra attendre six ans avant que le livre soit édité. Insatisfait, l'abbé Boudet apporte constamment de nouvelles modifications et corrections à son texte.
 
Enfin, en 1886, « la Vraie Langue Celtique et le cromlech de Rennes-les-Bains » sort des presses de Louis Bonafous, qui avait succédé à François Pomiès. Les livres de comptes de l'abbé nous renseignent sur le coût de cette édition : 5 382 francs-or. Le tirage fut de 500 exemplaires, 300 furent offerts gratuitement, 98 furent vendus et 102 furent détruits en 1914. Signalons que cet ouvrage fort rare a été réédité en 1978 par les éditions Belfond, en fac-similé, avec une préface de Pierre Plantard de Saint-Clair et une introduction de Jean-Pierre Deloux.
 
Le livre est diversement accueilli. La reine Victoria fait envoyer par son secrétaire une lettre de félicitations à l'auteur. Les réactions locales relèvent de l'indifférence et de la plus totale incompréhension, mais elles s'accordent à reconnaître qu'il y a « dans ce volume une somme de travail qui mérite quelque respect... ». L'opinion du rapporteur général du jury du Prix de l'Académie des Sciences de Toulouse, Mr Lapierre, est particulièrement significative : « Nous n'avons pas été peu surpris d'apprendre que la langue unique qui se parlait avant Babel était l'anglais moderne conservé par les Tectosages. C'est là ce que Mr Boudet nous démontre par de prodigieux tours de force étymologiques. ». L'historien du comté de Razès, Louis Fédié, constate : « L'auteur est un homme compétent qui s'est préparé à son sujet par de fortes études et de patientes recherches. ».
 
Seul le R.P. Vannier fait une déclaration conforme à la vérité et révèle qu'il y a anguille sous roche : « L'abbé Boudet détient un secret qui pourrait engendrer les plus grands bouleversements... ».
Pour d'autres érudits de la région, comme Germain Sicard, il s'agit « d'interprétations fantaisistes d'un document curieux et hétéroclite. ». Un avertissement du savant Gaston Jourdanne résume la position des milieux scientifiques audois : « Nous ne saurions trop engager les archéologues de l'Aude à se méfier des étymologies suggérées par un prêtre du pays, auteur d'une brochure inénarrable. ».
 
Étymologiquement Jourdanne a raison : on ne peut raconter « la Vraie Langue Celtique ». On pourrait croire qu'il s'agit d'une délirante élucubration, de l’œuvre d'un farceur ou d'un « fou littéraire », tant l'ouvrage abonde en apparentes absurdités, en affirmations insensées. Ainsi le nom des « Volques » dériverait selon l'abbé Boudet, des verbes « to valt » (voltiger) et « to cow » (intimider). « Tectosages » viendrait de « to take » (se plaire) et « to sack » (piller).
 
Boudet en déduit que les « Volkes Tectosages effrayaient leurs ennemis par la rapidité de leurs évolutions dans le combat et se plaisaient à dévaster et à piller ». Poursuivant son analyse, il fait un rapprochement avec l'allure si caractéristique des voltigeurs, conservée dans les régiments de zouaves et de chasseurs à pied. Ce qui ne l'étonne guère, car les « Volkes » sont les ancêtres des Franks ». Il nous précise un peu plus loin que les Volques sont les fils de Gomer. Ainsi, les mérovingiens descendraient-ils aussi de Noé par la famille de Japhet…
 
Un autre exemple donne bien la mesure de l'humour du bon abbé : les Numides doivent leur nom au fait qu'ils étaient sans cesse à la recherche de prairies nouvelles (de l'anglais « new meads »). La lecture de certaines absurdités ne peut que mettre la puce à l'oreille du lecteur attentif. Ne s'agirait-il pas d'éveiller son attention et de l'inciter )::ire « La Vraie Langue Celtique » dans une tout autre perspective ?
 
Le texte doit être envisagé avec ses apparentes absurdités, ses jeux de mots, ses calembours, les associations d'idées que certains mots peuvent suggérer, ses devinettes, ses analogies verbales, ses incongruités qui renvoient le lecteur attentif à la toponymie et à la topographie de la campagne de Rennes-les-Bains.
 
Au lecteur maintenant d'entendre « la langue des oiseaux », de se laisser prendre aux jeux de la cabale phonétique, de rêver aux étoiles. A lui d'interroger les tarots et les astres pour découvrir l'Arcadie fabuleuse qu'abrite le cromlech de Rennes-les-Bains.
 
Une carte signée Edmond Boudet, notaire et frère de l'abbé, complète l'ouvrage. Intitulée « Rennes Celtique », elle est essentielle. Son décodage doit se faire en fonction du texte et selon différentes méthodes : tarot, astrologie et codage astronomique, décompte de temps à la façon des Celtes selon un mode signalé dans le texte permettant de passer du noir au blanc. Ce mode « celte » est exprimé par Pierre Plantard de Saint-Clair dans sa préface à la réédition du livre : « 14 nuits vont de la nouvelle Lune à la pleine Lune et 14 jours vont de la pleine Lune à la nouvelle Lune avec cette idée latérale que le sixième jour ouvre toutes les portes. ».
 
Ce décodage permet d'identifier certains lieux-clés du pays de Rennes-les-Bains. Les anomalies ou erreurs volontaires de la carte, si on les compare à la réalité topographique, ont pour but d'attirer l'attention sur des lieux indispensables à la résolution de l'énigme.
 
Ajoutons que le sceau de la maison Plantard permettrait d'obtenir un résultat identique en pratiquant une triangulation à partir des lettres figurant sur le blason. Il en va de même de l'une des deux dalles de la tombe de la marquise d'Hautpoul-Blanchefort portant la devise « Et in Arcadia ego » que Bérenger Saunière, curé de Rennes-le-Chateau effaça en 1891 sur l'ordre de l'abbé Boudet.
En effet, Boudet est le maître, Saunière n'étant que l'apprenti, le bras qui exécute ce qu'a déterminé la tète. Paradoxalement, Boudet, comme le souligne Pierre Plantard de Saint-Clair, est beaucoup plus anxieux de révéler un secret que de le cacher. C'est ce qui explique qu'après une vaine tentative, la rédaction de son livre et son peu d'audience, il ait choisi de fixer ses révélations dans la pierre en décidant de restaurer l'église de Rennes-le-Chateau, selon une symbolique qui, par la décoration de l'extravagant et insolite édifice, transmet et illustre le message qu'il avait confié aux mots de « la Vrai Langue Celtique.
 
A cette fin, il verse à Marie Dernadaud des sommes considérables qui permettent à Saunière de restaurer son église et de vivre en milliardaire pendant plusieurs années. Saunière n'apprendra le secret de l'abbé Boudet que peu de temps avant son décès le 30 mars 1915.
 
Il repose, selon son vœu, non à Rennes-les-Bains, où sont inhumées sa mère et sa sœur, mais au cimetière d'Axat, près de son frère Edmond, décédé le 5 mai 1907. La pierre tombale, exécutée selon ses instructions, attire l'attention par un petit livre fermé sculpté au bas de la pierre. S'il est relativement courant de voir un livre ouvert sur une tombe, il est en revanche tout à fait insolite d'en rencontrer un fermé. Pierre Plantard de Saint-Clair nous en donne une brève description : « Sur la reliure, on peut lire : I.X.O.I.Ʃ., mot d'apparence grecque dont les dictionnaires ne font pas mention. La graphie et les points qui s'intercalent entre les lettres signalent qu'il doit s'agir des initiales d'un ensemble à découvrir. Ce livre clos reste l'ultime message que les deux frères ont laissé à l'initié qui passe saluer leurs dépouilles. ».
 
Le cimetière de Rennes-le-Bains, dont on a déjà mentionné les insolites tombes de Paul-Urbain de Fleury, propose au visiteur attentif d'autres indices pour le guider sur la piste qui mène à la solution de l'énigme. Il faut toujours y voir la volonté de l'abbé Boudet qui, s'il parcourut la campagne en la jalonnant de repères, ne manqua pas non plus de laisser des signes dans son église et dans son cimetière. Ainsi, peut-on y voir la tombe à croix pattée de son prédécesseur, le curé Jean Vié, tombe qui porte l'inscription « Mort le 1er 7bre 1782 ». Bien étrange manière d'écrire « 1er septembre » et qui met en évidence le nombre 17, en le rattachant par un jeu sur le nom du curé à la date du 17 janvier, dont on sait qu'elle est aussi celle qui figure sur la pierre tombale de la marquise d'Hautpoul-Blanchefort et qu'elle tient un rôle non négligeable dans la solution de ce mystère.
 
Non loin, se trouve la tombe de la mère et de la sœur de l'abbé Boudet, qui est surmontée d'une croix (semblable à celle que portait l'une des deux tombes du comte de Fleury), dont l'extrémité supérieure et les deux bras se terminent par des flèches qui nous signifient de porter notre regard dans les directions indiquées. Ainsi nous est-il possible d'observer, en levant les yeux, et suivant la direction donnée par la flèche verticale, un alignement orienté vers l'ouest, dont le point de départ était un tilleul qui, malheureusement, n'existe plus depuis 1975.
 
Dans l'axe de la tombe du curé Jean Vié, on peut remarquer une fenêtre grillagée dans le mur de l'église. Sur le toit de celle-ci, un petit piédestal surmonté d'une boule, et, sur la montagne, un rocher dit « cap de l'Homme » dont l'abbé Boudet écrit : « Un menhir était conservé à cet endroit, et on y avait, dans le haut, sculpté en relief sur une magnifique tète du seigneur Jésus Christ : « le Sauveur de l'Humanité. ». En 1964, l'abbé Delmas, curé de Rennes-les-Bains, prétendait que cette tète, que l'on peut encore admirer encastrée dans le mur du presbytère, était une représentation de Dagobert II. Il s'agirait plus probablement d'une tète funéraire romaine et l'on peut supposer que son pendant existe encore, perdu dans la campagne. Remarquons aussi que cet alignement passant par le Pla de las Brugos, qui la dissimule, est orienté sur la Tour Magdala de Rennes-le-Chateau.
 
Un tableau fort symbolique, représentant cet ensemble, figurait encore au cours des années soixante dans l'église de Rennes-les-Bains. Il datait approximativement de 1874 et appartenait à la maison de Fleury. On ne sait ce qu'il est devenu. En revanche, un autre tableau du « Christ au lièvre » est toujours visible dans l'église de Rennes-les-Bains ; il représente la sainte Vierge veillant le Christ au tombeau. Cette toile est une copie presque exacte d'une toile de Van Dick qui est exposée au musée des Beaux-Arts d'Anvers. Sur la réplique de Rennes-les-Bains, qui appartenait à Paul-Urbain de Fleury, ne figurent pas Marie-Madeleine et Joseph d'Arimathie. A leur place, non loin de l'entrée de la grotte où se trouve le tombeau, on peut voir le dolmen.
 
Cette peinture très curieuse ne manque pas de renvoyer à un tableau figurant dans l'église de Rennes-le-Chateau, que certains attribuent à Bérenger Saunière, et qui montre Marie-Madeleine agenouillée dans une grotte, devant une croix. Sous ce tableau, une inscription latine, disparue depuis, que l'on peut traduire par : « Jésus, remède des blessures. Unique espoir du pénitent. Par les larmes de Madeleine. Efface nos péchés. ».
 
L'inscription attire aussi l'attention du lecteur sur le mot « Poenitentium », que l'on traduit par « pénitent ». Il n'est pas indifférent de remarquer que la statue de la Vierge placée sur le pilier dit wisigothique, porte l'injonction faite par la Vierge à La Salette : « Pénitence ! Pénitence ! ». De même peut-on lire au-dessus du diable : « Par ce signe tu le vaincras ». Il est facile de comprendre que le signe invoqué est celui de la croix. En latin, comme on le sait, « Croix » se dit « Crux », que l'on traduit aussi par « Potence ». En latin comme en français, les mots « potence » et « pénitence » ont des consonances très voisines, et procédant une lecture proche de celle qu'explicite l'hermétiste Grasset d'Orcet, il est possible de comprendre « potence » au lieu de « pénitence ».
Alors, faut-il encore se reporter à « la Vraie Langue Celtique », où l'abbé Boudet écrit que « les descendants des Tectosages ont toujours employés la potence contre les criminels. Nous retrouvons ce supplice dans le terme « Fangallots », désignant un terrain situé à Rennes-les-Bains, sur la pente abrupte au pied de laquelle est bâti l'établissement thermal du Bain-Doux. « Fangallots » signifie « disparaître par la potence - « to faint », disparaître ; « gallow », potence, gibet. ».
 
Il faut aussi se souvenir qu'au XVIIIe siècle on donnait le nom de « Vallée des Croix » (Val Cruz) au site de Rennes-les-Bains, et l'on comprendra l’intérêt tout particulier que l'abbé porte au signe de la croix, à la potence devenue croix et au lieu-dit « Fangallots », dont le sous-sol dissimulerait une nécropole romaine et des statues de divinités païennes identiques à celle qui fut exhumée, puis de nouveau inhumée, en présence de l'abbé Boudet, dans la maison Chalulieu à Rennes-les-Bains.
 
Cet exemple, assez significatif de la manière Boudet, illustre bien de quelle façon il faut entendre « la Vraie Langue Celtique » qui, « par son réveil inattendu », permet à celui qui sait en saisir les subtilités de découvrir « la meule qui devait moudre le blé (l'or) d'une manière parfaite » et, ainsi, d'identifier les « douze palais » de Rennes-les-Bains, où furent, et le sont encore pour certains d'entre eux, entreposés les trésors du Razès...
 
A suivre (le 19/06/2022)...
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