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7 août 2022

Les Cathares, pages 12-15/60 :

X1

L'attachement des cathares au Christ solaire et au docétisme se traduit par cette croyance : « le Christ n'aurait pas réellement vécu ailleurs que dans un monde double du notre, il aurait visité sept terres, d'autres disent sept cieux, pour libérer son peuple. ».


Autre phénomène lié à des pouvoirs secrets : le « consolamentum », ce sacrement unique accordé aux mourants et à ceux qui suivant la voie, c'est-à-dire aux candidats à l'adeptat des Parfaits.


Imposition des mains, le consolamentum mettait en œuvre l'énergie cosmique, selon des techniques liées à « l'éveil » des mains par des procédés aujourd'hui perdus.

Dans le pays occitan, l'arianisme wisigothique avait laissé une empreinte profonde qui facilita l'implantation de la doctrine albigeoise et explique son succès. L'hérésie se répandit grâce aux troubadours qui en furent les ardents propagandistes, et les cours d'amour furent presque toujours des cours hérétiques.

Sous le voile de la poésie et du symbole, on y prêchait l'amour de la dame idéale, l'amour chaste pour la sagesse, la rose parfaite, la « sophia » des gnostiques, union spirituelle entre les deux principes pour une quête de l'immortalité. Et dans cette recherche de l'éternel féminin, Esclarmonde, la princesse cathare qui monta sur le bucher de Montségur et dans les flammes se transforma en colombe, l'oiseau du Saint-Esprit, se trouva ainsi réintégrée dans ses origines, elle dont le prénom gothique signifiait « lune de cristal » (Is-Klar-Mun).

Symboliquement, l'astre de la nuit, la femme, s'unissait au soleil du Graal pour l'accomplissement de ses noces mystiques avec le principe divin. On retrouve la même transposition spirituelle dans le roman de la Table ronde, avec Perceval et Lancelot.
C'est d'ailleurs par l'intermédiaire des troubadours allemands, ou « minnesingers » - qui chantaient, s'accompagnant de leur luth, les poésies cathares et l'amour chaste : la « minne » -, que le catharisme fit son chemin en Europe et sur les bords du Rhin, ce fleuve de légende habité par des ondines.

On trouve des manichéens à Cologne au XIe siècle et, moins de cent ans plus tard, à Goslar en Franconie : Allemagne et Pays-Bas sont sillonnés par des communautés errantes, les « Frères du Libre Esprit ». Bientôt, l'hérésie se répand en Angleterre, où les cathares sont désignés sous le nom de « lollards ».

On retrouve la filiation catharo-lollards dans « l'Ordre des Bonhommes », installé au XIIIe siècle à Eddington, dans le comté de Wiltshire. On retrouve également trace de cette communauté dans la vallée d'Ashirdge.. C'est elle qui donna naissance au mouvement spirituel des lollards, défendus par le célèbre Wyclif, ardent partisan d'une réforme religieuse avant la lettre (il mourut en 1384). A propos de l'Angleterre, on peut se demander à quel point Shakespeare ne pourrait pas être suspecté d'hérésie. Son « Roméo et Juliette » n'est-il pas une tragédie courtoise dans la ligne de la tradition secrète des troubadours ? Vérone, où se déroule l'action du drame, ne fut-elle pas dix-sept ans hérétique, avec cinq-cents Parfaits sans compter les croyants, au dire du moine Ranieri Saccone ?

Dans le même courant spiritualiste et anti-pontifical s'inscrivent les vaudois qui prêchaient la pauvreté et la pureté évangélique. Leur chef était Valdès, riche commerçant lyonnais qui renonça à la fortune pour devenir prédicateur. Comme les albigeois, les vaudois subirent de terribles persécutions et, sous François Ier encore, la population de trois villages du Lubéron fut totalement exterminée par les troupes royales pour cause d'hérésie. Les massacres du Lubéron eurent lieu plus précisément au mois d'avril 1545 et frappèrent les villages de Cabrières, Mérindol, Loumarins, pour ne citer que les plus importants. Il y eut au moins 3000 victimes (chiffre de l’enquête royale). Réfugiés dans le Dauphiné et les vallées alpestres, les vaudois se convertirent au protestantisme au cours du XVIe siècle.

Parmi les autres sectes hétérodoxes, il faut citer, aux Pays-Bas et dans les Flandres, les béghars et les béguines, dont la particularité réside dans le recrutement féminin de ses membres. Ces communautés de femmes pieuses vivant hors des cloîtres échappèrent à la tutelle de l’Église par le mysticisme et les phénomènes extatiques dont elles étaient affectées. En 1321, elles étaient plusieurs centaines de milliers, selon le pape Jean XXII.

« Leur mouvement - explique Denis de Rougement - est né au point de rencontre de deux courants généraux : le catharisme et les hérésies voisines d'une part, le franciscanisme et la mystique au cœur de Saint Bernard de Clairvaux d'autre part. Le nom de « béguine » vient du catharisme : on le fait dériver tantôt de « béguin », le bonnet de laine que portaient les ascètes errants, tantôt « d'albigenses ».

L'influence de la littérature issue des béguinages fut grande sur les johannites et les grands mystiques du Moyen-Age : maître Eckhart, Ruysbroeck l'Admirable ou Joachim de Fiore. Le meilleur exemple de cette floraison et du symbolisme le plus élevé est « la Divine Comédie » de Dante, chef d’œuvre incomparable dont le message ésotérique ne sera jamais épuisé.

Le phénomène cathare apparaît en Occident aux alentours du Xe siècle. A cette époque, les hérétiques sont dénoncés un peu partout en Europe. On les qualifie le plus souvent de « manichéens ». Le terme « cathare » qui signifie « pur », apparaît plus tard. Parlant des cathares de Rhénanie, le bénédictin Eckbert, recteur de la cathédrale de Cologne, nous apprend qu'ils célébraient une fête en l'honneur de Manès : et l’évêque de Chalon, Roger, écrivit à l’évêque de Liège pour lui indiquer que les cathares de son diocèse prétendaient recevoir par l'imposition des mains le Saint-Esprit, qui n'était autre que Manès lui-même.

En 1017, on trouve des cathares à Orléans. Ils sont brûlés vifs après un jugement rendu par un concile d’évêques. En 1022, la chose se répète à Toulouse. En 1030, en Italie, dans la région d'Asti, une colonie d'hérétiques, que l'on désigne déjà sous le nom de cathares, est découverte. On massacre tous les membres de la secte. Pourtant, malgré les bûchers, le mouvement fait tache d'huile, si bien qu'au XIIe siècle on en trouve plus au nord, à Soissons, à Liège, à Reims, et jusque sur les bords du Rhin, à Cologne et à Bonn, où plusieurs hérétiques sont encore livrés aux flammes. L'Italie du Nord fut l'un des pays les plus touchés, et Milan passa longtemps pour un foyer actif de l'hérésie. Le pape Innocent III, agissant avec une particulière brutalité, réussit cependant à grand peine à contenir ce flot montant.

Mais c'est dans le Midi occitan, dans les territoires languedociens et provençaux du comté de Toulouse, que le catharisme devait enregistrer ses plus grands succès. En quelques années, de la fin du XIIe siècle au début du XIIIe siècle, le néo-manichéisme se répandit comme une traînée de poudre et conquit droit de cité sur les terres wisigothiques, de la Garonne à la Méditerranée, si bien que la doctrine des albigeois (nom donné aux cathares dans le Languedoc) semblait devoir triompher, à brève échéance, du catholicisme. Quelle était donc cette doctrine qui séduisait des foules entières aussi bien que les seigneurs du plus haut lignage ?

A suivre, le 14/08/2022 (normalement)...

Dominique Capo

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