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31 octobre 2022

Les Cathares, pages 37-40/60 :

X1

Cette parenthèse refermée, revenons au catharisme, si toutefois nous l'avons quitté vraiment. Il est question, dans un autre conte populaire occitan, « le Roi des corbeaux », d'un homme vert, un géant, qui a un œil au milieu du front. Le peuple des Corbeaux est présenté comme une humanité obligée de s'incarner dans le corps de ces animaux. Enchaînés à la matière, ils ne peuvent parler. La rédemption féminine permet au roi des Corbeaux de retrouver la lumière et l'apparence humaine.

Le roman de Barlaan et Josaphat n'est pas proprement cathare, bien qu'il ait été traduit en vieil occitan dès le Xe siècle, mais un récit nettement d'origine bouddhique venu de l'Inde au travers de l'Iran et Byzance, où il prit sa forme définitive. C'est un conte manichéen, c'est pourquoi il eut tant de succès chez les cathares, qui le traduisirent du grec. C'est un roman très riche en symboles : on y retrouve notamment la licorne alchimique. René Nelli, le grand spécialiste du catharisme occitan, a découvert à Raguse (l'actuelle Dubrovnik) un plat cathare (bogomile) dont la gravure s'inspire d'une légende de cet ouvrage : on y voit l'homme et la licorne.

Cet animal légendaire est le symbole de la pureté recherchée par les Parfaits cathares. Par sa corne unique au milieu du front, il symbolise aussi la « flèche spirituelle », le « rayon solaire », « l'épée de Dieu ». La licorne est hermaphrodite, mais transcende la sexualité, ce qui l'a fait adopter par les albigeois, qui préconisaient la chasteté.

En définitive, c'est à Simone Hannedouche que nous laisserons la parole, car elle répond aux objections de ceux qui dénient aux cathares une forme de croyance originale ou qui contestent le symbolisme solaire albigeois, comme si toute grande religion n'était pas un avatar du mythe solaire : cet article, paru dans les « Cahiers d'études cathares » (printemps 1968) s'intitule : « Montségur, temple solaire ». Nous en donnerons seulement la conclusion :

« Au cours de l'évolution décadente de la pensée religieuse, l’Église a nié l'Esprit humain en 869, au Concile de Constantinople, que les cathares avaient maintenu depuis Manès ; ainsi que la connaissance de l'Esprit créateur, le Verbe, dont parle l’Évangile de Jean. Aujourd'hui, faute d'attribuer les phénomènes de la vie à un créateur divin, on dit couramment : « la nature… nous a faits tels que nous sommes » en recréant ainsi une personnalisation à la manière des peuples primitifs. A vrai dire, on pense aux Lois de la nature, dont on est fort en peine de préciser l'intelligence qui les a inventées : ce n'est pas l'homme, puisqu'il les cherche. Les cathares, sans en étudier les manifestations chimiques, comme les alchimistes à leur époque, attribuaient la vie à l'action solaire de la lumière et de la chaleur, sans lesquelles il n'y aurait pas de vie sur Terre, ce que nous reconnaissons aujourd'hui. Mais derrière les énergies solaires, auxquelles la science a dû ajouter celles de la Lune et même des rayons cosmiques, qui sont soumises à des rythmes et à des lois, ils ont placé l’Être spirituel qui les dirigeait, « le Créateur » du monde terrestre, le Verbe qui était la Vie, qui devint la lumière du monde et que les ténèbres ne comprennent pas. ».

Mais il serait vraiment borné de penser que des hommes intelligents, même au Moyen-Age, aient pu adorer la boule de feu que la science actuelle appelle : le soleil physique. Les « sauvages » eux-mêmes voyaient en lui une apparence prise par une divinité. Tant qu'on se refuse à admettre qu'à l'origine de la matière se trouve l'Esprit des entités spirituelles (dont les avatars humains font partie), c'est-à-dire, des forces spirituelles actives dans la nature, on ne peut concevoir qu'un Soleil physique. Mais l'action de ces forces physiques à travers l'immense espace qui les sépare de la Terre reste difficilement compréhensible « physiquement ».

L'Esprit divin qui, pour les cathares, se manifeste dans le Christ et qui rayonne des astres, du Soleil, des étoiles et des constellations zodiacales, agit extérieurement indépendamment de l'espace et du temps. La lumière et la chaleur sont sa manifestation physique bienfaisante. S'il est venu s'incorporer en l'homme, c'est pour que celui-ci puisse disposer librement de ses forces, personnellement et intérieurement, où elles se transforment en intelligence et en amour.

Le Christ dispensant les forces solaires avec une richesse qui se nuance selon les douze aspects du zodiaque – et que les horoscopes populaires, fort à la mode, caricaturent d'une manière fantaisiste – était au centre du christianisme de Manès et des cathares, et il n'est nullement impossible qi « bouffon » que le château de Montségur, et sans doute d'autres, ait été, en même temps qu'une forteresse défensive contre les armées des croisés, un « temple solaire ».

 

A suivre....

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