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Mes Univers
6 novembre 2022

Le 06/11/2022 :

X1

Nos corps sont périssables ; ils sont constitués de matière organique destinée à retourner à la terre dont nous sommes tous issus. Nos maisons, nos voitures, nos vêtements, nos meubles... sont voués à la même condition à plus ou moins brève échéance, c'est un fait. Tout ce qui né est condamné à s'effacer ou à disparaitre ; que ce soit dans dix ans, dans cent ans, ou dans plus longtemps avec un peu de chance. Pourtant, ne nous y trompons pas, cette inéluctabilité, nul n'y échappe ; nul n'y échappera jamais, c'est une évidence...

Alors, que reste-t-il de nous après notre mort ? Quelle est la finalité de notre existence ? Oh, je suis parfaitement conscient que rares sont les personnes, ici ou au sein de la réalité qui se posent cette question pourtant la plus fondamentale et la plus essentielle qui soit.

La grande majorité des gens est accaparée par les nécessités et les obligations d'un quotidien énergivore et chronophage. Elle pense aux responsabilités que leur emploi ou que leur vie de famille fait peser sur leurs épaules. Elle songe aux tracas journaliers auxquels elle est confrontée et qui l’empêchent de se projeter au-delà de demain, voire des prochains congés si tout va bien. Elle spécule sur son éventuelle prochaine augmentation de salaire, sur où elle va aller en vacances cet hiver, puis ensuite, cet été. Elle s'imagine sa futur soirée entre potes au restaurant, en boite de nuit, au cinéma... ou chez soi, tout simplement. Elle préfère les attraits du corps et de l'apparence, les impératifs de la compétitivité et de la performance parce que ce sont des éléments de son existence qui sont aisés à comprendre, à intégrer, puis à reproduire.

Et pourtant, tout ça, et bien d'autres aspects de la vie que cette grande majorité de gens mène, il n'en restera plus rien dans un an ou dans dix ans. Alors, dans un siècle ou d'ici un millénaire, ne l'envisageons même pas ! Tout ce qu'elle aura accompli, tout ce pour quoi elle se sera battu ou aura œuvré, aura sombré dans les oubliettes de l'Histoire. Même leurs descendants ne seront plus que des fantômes d'un passé révolu et suranné.

Alors, est-ce en vain que cette grande majorité de gens vivent ? Je crois que ces concepts ne lui effleure même pas l'esprit. Elle est trop engluée dans l'instantané et l'éphémère, dans la soumission aux diktats de notre société de consommation à outrance ou d'un capitalisme et d'une mondialisation hypertrophiés. Regardez-les en effet, le nez plongé sur les écrans de leurs téléphones portables, de leurs tablettes tactiles, de leurs ordinateurs, ou de leurs télévisions ! Regardez-les s'abreuver de publications puériles publiées sur les réseaux sociaux !

Des publications qui s'apparentent d'ailleurs plus à des copié-collé, qui se nourrissent d'images ou de vidéos superficielles, volatiles, futiles, et sans intérêt. Combien de temps retiennent-elles leur attention ? Combien de temps les amusent-elles ou les interpellent-elles ? Juste le temps de les visionner, de parcourir les quelques mots ou les quelques phrases partagées sur Internet ou sur les réseaux sociaux ! Juste le temps d'avoir eu l'occasion d'avoir discuté de ces publications avec ses collègues, avec ses proches, avec ses amis, avec ses connaissances, éventuellement.

Puis, comme l'immense majorité de ces gens au terme de leur existence, ces publications se dissolvent dans le néant. Elle n'a été qu'un outil provisoire, qu'un instrument transitoire à la marche d'un monde qui fait d'elle une profusion d'êtres si petits, si insignifiants.

Alors, justement parce qu'arc-boutée sur cette propension à sentir exister en fonction du regard d'autrui, parce qu'elle oublie que son passage sur Terre n'est que momentané et faillible elle en oublie l'essentiel : sa capacité extraordinaire et souveraine dont elle est dotée, et qui est de se projeter au-delà d'elle-même. Elle en oublie que tout peut basculer du jour au lendemain et qu'elle peut être emportée dans la tourmente. Elle en oublie qu'elle sera forcément, un jour ou l'autre, arrachée à son ordinaire, à ses mesquineries de bas-étage, aux trivialités de son quotidien. Il en a toujours été ainsi depuis l'aube de l'Humanité.

Et ce n'est pas parce que cette génération se croit à l'abri de ce genre de désagréments qu'ils ne vont jamais advenir. Et ce n'est pas en se réfugiant dans l'instantané et la superficialité, ce n'est pas en faisant semblant de ne rien voir et de ne rien entendre, ce n'est pas en se murant derrière ses habitudes et sa routine communément nommée "métro-boulot-dodo" que ça y changera quelque chose. Fugace est l'existence de cette grande majorité de gens, précaire elle le demeurera, il faut bien qu'elle en est conscience. Et si elle ne désire pas l'entendre, la réalité le lui rappellera un jour ou l'autre en lui faisant entrer cette vérité dans la tète à grands coups de marteau.

De fait, ce n'est pas ce que nous accomplissons ici-bas, ce n'est pas ce que nous érigeons pécuniairement ou concrètement qui nous survivra. C'est ce que nous transmettons culturellement et spirituellement. Ce sont les connaissances et les ambitions qui accompagnent ce qu'elles engendrent, qui nous permettent de dépasser notre état de simples mortels voués à s'éteindre un jour ou l'autre. Ce sont les défis qui transgressent notre individualité et notre appartenance à une communauté, qui nous élèvent vers des sommets que la banalité et la médiocrité de l'existence ne pourra jamais frôler. Ce sont nos différences, et ce que nous en faisons pour nous démarquer, qui laissera une empreinte indélébile de notre séjour à tout jamais sur cette petite planète perdue au milieu de l'univers. C'est notre aptitude à nous servir de notre intelligence pour aller de l'avant qui nous tire vers le haut et nous autorise à concrétiser des rêves qui sembleraient habituellement hors de portée à cette grande majorité de gens.

Notre vocation, en tant qu'espèce humaine, n'est pas de rester sur nos acquis. Lorsqu'une espèce s'y emploie, c'est qu'elle a déjà commencé à s'atrophier, qu'elle est vouée à péricliter, puis à s'éteindre. Or, comme toujours dans toutes les phases de l’Évolution, ce n'est pas de la grande majorité des individus qui la composent que vient le sursaut qui lui permettra de franchir l'étape suivante de son développement. Ce sont les sujets qui sont à la marge des sociétés qui s'estiment solidement établies, qui se croient inamovibles ou indestructibles, qui en sont à l'origine. Parce que ces sujets sont différents, parce qu'ils agissent ou pensent différemment, parce qu'ils osent aller là où cette grande majorité ne se hasardera pas, ils bousculent les certitudes et les acquis. Ils remettent en cause ou en question les traditions ou les modèles en place.

Ça dérange, ça heurte, ça ébranle, ça terrorise, ça suscite la haire, la violence, ou le ressentiment de la grande majorité des gens. Celle-ci se sent désinvestie de son statut de dominant ; ses membres sont déchus de leur rang d'êtres incarnant les plus hautes cimes de l'évolution. L'orgueil, la vanité, la superbe, la tendance de ses membres à s'estimer au dessus des autres, sont bafoués. Leur dédain à l'encontre de ceux qu'ils percevaient comme inutiles, méprisables, inintéressants, est ridiculisé, voire raillé. Leur morgue, leur insolence, leurs prétentions, leur fierté, sont rabaissés. Ses membres en éprouvent une profonde humiliation, laquelle les renvoie à celle qu'ils ont affublé les individus aux marges de leur communauté.

Mais, l’Évolution ne se préoccupe pas des appréciations de la grande majorité des gens. Elle se moque de sa propension à l'hégémonie ou de son désir de puissance et de prééminence. L’Évolution, c'est dans la différence - de quelque manière qu'elle se manifeste - qu'elle plonge ses racines. C'est là où elle trouve le terreau fertile à sa résurgence. C'est par la contribution de ceux et celles qui en sont les vecteurs qu'elle fait un bond en avant. Encore faut-il en avoir conscience. Encore faut-il l'entendre, l'accepter, l'assumer, et l'intégrer. Encore faut-il faire siens ses apports et ses mouvements. Or, ça aussi, très rares sont les gens issus de cette grande majorité qui en sont capables ; englués qu'ils sont par la banalité d'un quotidien auquel ils s'accrochent désespérément pour avoir l'impression d'exister et d'être importants.

De fait, oui, si nos corps sont périssables, si nos maisons, si nos voitures, si nos mobiliers, si nos emplois, si nos certitudes, sont destinés à disparaitre, c'est ce qui nous élève parmi les sphères de la connaissance et de sa transmission aux générations futures, qui est appelé à nous survivre. C'est notre aspiration à nous différencier et à aller là où nul n'est jamais allé, qui permet à cette étincelle "divine" qui sommeille en chacun de nous, de se perpétuer. C'est parce que nous créons, c'est parce que nous sommes épris de beauté et d'art, c'est parce que nous empruntons de nouveaux chemins spirituels, intellectuels, ou philosophiques, que nous nous démarquons de la majorité des gens. C'est pour dette raison que nous contribuons à cette extraordinaire aventure collective que l'on nomme Civilisation. C'est également parce que nous cherchons à décrocher les étoiles, c'est parce que nous rêvons, c'est parce que notre imagination est sans limites, que nous pouvons affronter tous les dangers et toutes les épreuves qui se dressent devant nous, évidemment.

Car notre condition d'être humain ne nous incite pas à nous satisfaire de ce qui est aujourd'hui communément admis. Elle ne nous exhorte pas à nous contenter de ce que notre corps exige de nous. Notre condition d'être humain nous pousse toujours plus loin au-delà des limites de notre mortalité. Elle nous pousse à s'efforcer de penser ou d'agir différemment. Elle nous pousse à communiquer ou à échanger plus humainement. Elle nous pousse à s'efforcer de comprendre et d'admettre que nous ne sommes que de minuscules grains de poussière dérivant à la lisière de notre univers et de sa multiplicité de réalités. Elle nous pousse à nous détourner de nos instincts les plus primaires et les plus primitifs pour encenser ce qui nous différencie des autres espèces animales ou végétales dont nous dépendons pourtant.

Elle nous pousse, enfin, à exalter ce que notre âme, ce que notre cœur, ce que notre intelligence, a de plus précieux et de plus enivrant : nos particularismes, notre hétérogénéité, qui font de nous des êtres complexes, contradictoire et paradoxaux, évidemment. Mais bien peu de personnes sont assez perspicaces et lucides pour assimiler ces vérités.

La preuve, combien d'hommes et de femmes vont aller jusqu'au bout de ce texte ? Combien vont le partager ou vont communiquer sur lui ou sur les réflexions et les propos qu'il met en avant ? Combien vont le lire dans son intégralité plutôt que d'y piocher que ce qu'il souhaite en retirer venant alimenter ses certitudes et ses préjugés ? Combien ?

Dominique Capo

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