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Mes Univers
11 novembre 2022

Non assistance à personnes vulnérables en danger :

X1

Lundi prochain, ça va faire deux semaines que j'ai été chassé de ma famille. "Je dois me débrouiller seul", selon ses propres termes. Lundi prochain, ça va deux semaines que je suis seul, que je n'ai pratiquement aucune aide de personne. Un peu de soutien et d'écoute de la part d'une connaissance qui vit dans le même village que moi ; des coups de téléphone de la part d'un ami de trente ans habitant Paris qui s'inquiète pour moi et ma compagne Vanessa. Et pour couronner le tout, il y a peu, des crises de furonculoses dont je n'étais plus victime depuis des mois se sont à nouveau manifestées à divers endroits de mon corps ; et je suis désormais atteint de conjonctivite : la paupière de mon œil gauche est très gonflée couvre celui-ci à moitié ; mon œil, lui, pleure régulièrement.
Vanessa, elle, est toujours hospitalisée à l’hôpital des Capucins à Angers. Si son moral est bon, outre les moments où elle suit ses séances de kinésithérapie et d'ergothérapie, elle est seule, livrée à elle-même en permanence. Enfermée dans sa chambre du matin au soir, j'essaye de lui téléphoner trois fois par jour - une fois le matin, une fois dans l'après-midi, une fois avant de diner -, pour lui montrer que je suis là, à ses cotés quoi qu'il advienne. Mais, parfois, sa ligne téléphonique est mauvaise, je ne l'entends que de loin. Ce n'est donc pas simple pour communiquer. Évidemment, je suis dans l'incapacité de lui rendre visite.
Le seul membre de ma famille qui m'a emmené la voir il y a plus de semaines désormais est celui qui m'a jeté hors de chez lui avec perte et fracas la semaine dernière parce que, je le cite "il ne se sentais plus chez lui ; j'avais un chez moi où je pouvais habiter malgré que je n'ai qu'un matelas par terre pour dormir, que je ne mange pratiquement plus rien parce que je n'ai plus gout à rien, et que je ne sache plus vers qui me tourner.
Je ne connais pratiquement personne, outre ma famille, dans ce village. Je n'ai pas de moyen de locomotion. Les nombreux et divers services sociaux auxquels je me suis adressé - parfois depuis plusieurs mois -, bien-entendu, n'ont pas que mon dossier ou le dossier de Vanessa à traiter. Je suis handicapé, donc, faire le ménage, aménager mon espace plus correctement, prendre soin de moi, est physiquement compliqué et psychologiquement éprouvant. Même la psychologue qui est censée me suivre pour m'aider à résoudre les problèmes que j'ai dans ma tète - parce que, voyez-vous, tout cela est de mon fait, et entièrement de mon fait -, ce n'est qu'épisodiquement que je la voie. Quant à mon médecin traitant, il y a longtemps qu'il a pris le parti de ma famille et qu'il considère que tout ceci est de ma faute ; et donc, que je dois me débrouiller seul.
Vanessa est malheureuse à l’hôpital des Capucins. Elle voudrait pouvoir rentrer "chez nous", si on peut appeler "chez nous" la maison où je suis cloitré du matin au soir. Elle comme moi n'avons qu'une hâte, c'est de trouver une autre habitation plus adaptée à nos besoins et plus conforme à nos désirs - plus grande, en deux mots -, pour fuir cet environnement qui nous est hostile.
Comme le dit mon ami de trente ans, ma famille n'est pas à la hauteur de ce que pouvions espérer d'elle en arrivant. Il est inadmissible qu'elle se détourne de Vanessa et moi soyons des adultes autonomes et indépendants. Sauf qu'elle a oublié que nous avons débarqué dans un lieu qui nous est inconnu, où nous n'avons ni amis, ni alliés, ni connaissances. Sauf qu'elle a oublié que nous sommes incapables de nous déplacer seuls parce que nous n'avons aucun moyen de transport à disposition. Normalement, Vanessa aurait besoin que je lui amène des vêtements de rechange. Même ça, ça m'est impossible. Normalement, je devrais aller la voir pour m'entretenir avec ces médecins sur des aspects de sa maladie dont ils ne sont pas forcément au courant ; là encore, ça m'est impossible.
Vous savez, parfois, cette situation est tellement intenable que l'idée de mettre fin à mes jours pour fuir à tout jamais ce que je suis en train de vivre, m'effleure l'esprit. Je me vois pendu à mon lustre, un nœud coulant bloquant mes voix respiratoires. Je me dis que tout ce petit monde serait beaucoup plus heureux et beaucoup plus épanoui sans moi. S'il n'y avait pas Vanessa, pour laquelle je dois me battre, peut-être que je serai déjà passé à l'acte.
Alors, pour survivre à cet enfer dont je suis le captif, pour m'évader de cet isolement, j'écris. Je termine la correction d'une lettre que je vais envoyé à toutes les parties concernées par notre situation, à Vanessa et à moi. J'écris ici des textes que presque personne ne lis ou ne partage. Je corrige de vieux articles détaillant mon analyse des événements majeurs qui ont secoué l'actualité, de janvier 2015 à février 2022. Mais qui tout ceci intéresse ? Je retranscris l'accumulation d'épreuves et d'obstacles qui ont constellé notre quotidien depuis que Vanessa et moi sommes arrivés en Sarthe. Mais, qui s'en soucie, de tout ça ?
Alors, oui ! Je suis à bout. Je n'ai qu'un désir : disparaitre de ce monde qui ne veut pas de moi. Un monde où Vanessa et moi sommes des proscrits, des bêtes traquées condamnées à nous cacher et à nous taire pour que les gens puissent dormir tranquille et vivre heureux. Un monde où nos cris de détresse ne sont pas entendus, où personne ne nous écoute ; où la bienveillance et l'empathie, où la solidarité et le soutien sont des mots qui n'ont aucune consistance.
Oh, je suis parfaitement conscient que presque personne ne va lire cet énième cri de désespoir. Je sais que beaucoup vont détourner les yeux en passant leur chemin, se disant que tout ceci ne les concerne pas. Je suis persuadé - hélas, l'expérience m'a maintes fois donné raison - qu'il ne va pas avoir de résonance, qu'il ne va ni être partagé ni servir d'outil pour alerter ceux et celles qui pourraient nous aider à sortir indemnes de cet enfer qui est le notre ; et qui nous détruit progressivement. Oh, je ne suis pas naïf : ni ma famille ni les structures dont nous dépendons ne vont lever le moindre petit doigt pour stopper ou renverser le cours des événements.
Tout ça va se terminer par un drame. Chaque pièce du puzzle qui le constitue se met en place peu à peu depuis fin mai que Vanessa et moi sommes arrivés en Sarthe. Il est inéluctable, nous allons droit dans le mur et personne ne réagit. Moi-même, je ne sais même pas vers qui me tourner, quels services sociaux, quelles personnes, contacter, afin d'être soutenu et épaulé concrètement avant qu'il ne soit trop tard.
Voila, ce que je tenais à spécifier en ce 11 novembre, dans le silence et la solitude d'une maison où je bivouaque, faute de mieux. Que je rêverai qu'un élan de solidarité s'exprime, que des mp pour me demander mon numéro de téléphone, résultent de ce S.O.S ; alors que je suis loin de ma compagne qui a tant besoin de moi, à qui je manque tant, et qui me manque tant, alors que je suis impuissant pour y changer quelque chose...
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