Combattre la fatalité :

Le hasard s'amuse souvent à me faire croiser la route d'hommes et de femmes dont la personnalité, les expériences, les centres d’intérêt, le parcours professionnel, les liens familiaux ou amicaux, suscitent ma curiosité... Est-ce le destin, est-ce la volonté divine - bien que je ne crois pas en Dieu, quand je suis désespéré, isolé, perdu, je me pose la question -, est-ce la fatalité, qui peut le dire en vérité ?

Ces hommes et ces femmes, plus que tout au monde, je désirerai apprendre à les découvrir, à les connaitre, apprendre à les apprécier. Je désirerai, par des échanges réguliers, des conversations conviviales avec eux, développer des liens amicaux francs, respectueux, honorables, et sans arrières-pensées. Je désirerai parcourir leur univers, l'explorer. Parfois, je désirerai m'y sentir le bienvenu, y être associé. Je désirerai y être heureux, serein, épanoui. Je désirerai rire, me détendre, partager, ressentir, exister, aux cotés de ces hommes et des ces femmes dont l'existence m'attire irrésistiblement...

Évidemment, je suis conscient que nul n'est parfait. Nous avons tous et toutes nos qualités et nos défauts, nos forces et nos faiblesses, nos victoires et nos défaites, un état de santé viable ou défaillant... que sais-je encore. La plupart du temps, nous sommes scrutés et jugés, voire condamnés, pour ce que nous dévoilons de nous. Pour notre apparence, pour la couleur de notre peau, pour notre orientation sexuelle... en un mot, pour notre différence.

Car dans un monde où les normes sont toutes puissantes, où celui ou celle qui s'en éloigne peu ou prou est considéré comme un étranger, un importun, un faible, quelqu'un de méprisable, à exclure immédiatement, rares sont les gens qui dépassent leurs à-priori ou leurs préjugés. Généralement, leurs certitudes ou leurs croyances parlent à leur place. Ils ne s’embarrassent pas d'observations plus poussées. Ils sont tels qu'ils sont, et peu importe l'estime, l'attention, l'affection, l'envie d'échanger avec eux ou elles qu'à cet étranger.

Malgré tout, ces hommes et ces femmes, plus que tout au monde, je désirerai quand même apprendre à les découvrir, à les connaitre, apprendre à les apprécier. Je ne prête aucune importance, aucune valeur, à ces a-priori, à ces préjugés. Au contraire, ils m'amusent. A mes yeux, ils sont davantage ridicules ou insignifiants qu'honorables. Je ne me soumet pas - je ne me soumettrai jamais - à ces derniers.

Ce sont en effet eux qui blessent, qui torturent, qui déchirent, qui humilient. Alors quotidiennement, lorsqu'ils se manifestent et qu'ils me brutalisent, je les défie. Je les brave, je les affronte, je fais plus ou moins bravement face à leurs diktats. Je leur résiste, même si quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent, je ressors épuisé et vaincu du combat qui m'a opposé à eux.

Car je n'oublie jams que mon désir d'être accepté, apprécié, regardé comme un homme qui en vaut la peine, est plus puissant que tout ce à quoi je suis confronté. Car mon rêve d'être aux cotés - réellement - de ceux et celles qui suscitent ma curiosité, mon envie de partager, est sans comparaison avec ces marques de médiocrité, d'ignorance éventuellement assumées ou glorifiées. Je vaux mieux que cela, et même si je me sens humilié, terrorisé, blessé, par ce genre de comportement à mon égard, jamais je ne renoncerai à ce rêve d'être heureux aux cotés de cs personnes qui suscitent ma curiosité ou mon intérêt...

Dominique Capo