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Mes Univers
23 décembre 2022

Quelques rectifications concernant le folklore entourant les fêtes de fin d'année :

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Je suis désolé, mais aujourd'hui, je vais un peu "déconstruire" cette fantasmagorie qui s'est élaborée autour de Noël depuis un peu moins d'un siècle désormais. J'en suis désolé d'avance, d'autant que pour revenir à ses fondamentaux, je ne vais m'aider d'aucune note. Je ne suis là que pour vulgariser des symboliques auxquelles tout le monde n'a pas accès. Encore, faut-il que les gens s'y intéressent ou y attachent de l'importance. Mais, modestement et humblement, et surtout en m'appuyant sur mes lectures récentes ou plus anciennes, ainsi que sur ce que ma mémoire en a retenue, je vais tenter de vous apporter quelques explications sur le pourquoi et le comment de ces réjouissances éminemment familiales.

Tout d'abord, il faut savoir que, jusque dans les années trente, c'était les fêtes honorant le passage à la nouvelles année qui étaient privilégiées. Les cadeaux, les repas festifs, c'était pour honorer la transition entre le 31 décembre et le 1er janvier, qu'ils étaient prodigués. Il n'y a que dans l'Est de la France, et parce que l'Alsace et la Lorraine avaient un temps été rattachés à l'Empire Allemand, que Saint Nicolas était révéré le 6 décembre de chaque année.

En effet, celui-ci étant l'ultime résurgence de commémorations remontant loin dans le passé et partiellement rattachées à la mythologie nordique, il était le principal personnage que les gens de cette région fêtaient. D'ailleurs, quand on y regarde de plus près, la physionomie de Saint Nicolas et du Père Noël sont fortement apparentées. Sa barbe blanche et son ventre proéminent, son sac contenant tous les cadeaux à distribuer aux petits enfants sages, se confondent l'un avec l'autre. Les lutins qui l'entourent pour fabriquer les jouets à distribuer devant la cheminée, les chaussettes que l'on pend à proximité d'elle pour qu'il y glisse des friandises, le traineau dont il se sert pour se transporter de maison en maison, le fait qu'il est sensé habiter au Pôle Nord - en Finlande, pour enrichir le folklore actuel -, etc. sont quelques-uns des attributs qu'il a emprunté à son illustre prédécesseur.

En fait, il n'y a que le Père Fouettard, qui est le pendant de Saint Nicolas, qui a été effacé de l'entourage du Père Noël. Le Père Fouettard punissait les enfants qui n'avaient pas été sages ou qui avaient eu de mauvais résultats scolaires tout le long de l'année. Les parents l'invoquaient pour intimider leurs enfants quand ceux-ci avaient fait des bêtises ou se comportaient mal. Avec son visage grimaçant et ses traits disgracieux, il les impressionnait et faisait en sorte de les remettre dans le droit chemin. Le Père Fouettard était donc un personnage trop déplaisant pour qu'il puisse résister à une époque où l'enfant était en train de devenir le roi des fêtes de fin d'année.

D'ailleurs, aujourd'hui, dans l'Est de la France ou en Allemagne, il est davantage caricatural qu'effrayant ; et ce n'est pas pour rien. Les années et les décennies s'écoulant, les gens qui se plient toujours à cette tradition l'ont édulcorée. Ils en ont banni ses revers les plus rebutants.

En fait, le Père Noël, tel que nous nous le représentons depuis les années Trente, c'est la firme Coca Cola qui l'a inventé. En effet, à l'époque, celle-ci a lancé une énorme campagne de publicité destinée à atteindre tous les membres d'une même famille. Et leur cible privilégiée en a été les enfants. Or, nous savons bien que les cannettes de Coca Cola vendues dans le commerce, en majorité, sont de couleur rouge, avec un logo inscrit en blanc. Eh bien, Coca Cola a transposé ses couleurs fétiches sur un personnage qui n'était alors pas très connu du grand public. A grand renfort de marketing, de merchandising, de produits dérivés, de chansons créées pour l'occasion, cette firme a fait du Père Noël sa "tète de gondole" comme on dirait aujourd'hui.

Lui rajoutant ensuite quelques apparats dont était doté Saint Nicolas, il a bientôt détrôné ce dernier. Et, à l'orée des années cinquante, puis surtout, à partir des Trente Glorieuses jusqu'à maintenant, il est devenu l'emblème universelle de ces réjouissances familiales. Quant au sapin de Noël en lui-même, une fois encore, cette tradition est issue d'Europe de l'Est, d'Allemagne, et de l'Est de la France. Jadis, on le décorait de pommes de pin, on y accrochait des bougies, ce qui occasionnait parfois des incendies mémorables dans certains quartiers puisque beaucoup de maisons y étaient entièrement construites en bois. Si on pendait des couronnes de houx - un végétal qui était prisé depuis l'époque celte, mais qui ensuite longtemps tombé en désuétude -, c'était pour repousser les mauvais esprits et porter chance aux habitants du lieu pour l'année qui s’annonçait.

Cette superstition était d'autant plus respectée que Noël est accolé à la période où les jours sont les plus courts de l'année. Période durant laquelle la nuit est presque omniprésente. Sans compter qu'avec la neige et le froid, la mort et la maladie qui les accompagnaient parce que les thérapeutiques dont nous bénéficions aujourd'hui n'existaient pas, il était nécessaire de repousser "le mauvais œil" par tous les moyens. Y compris ceux qui, de nos jours, nous font sourire et relèvent plutôt des ornementations festives.

Si Noël revêt une importance considérable, dans tout l'Occident chrétien notamment, c'est encore pour une autre raison. C'est que c'est à cette date que l'enfant Jésus est né dans une étable à Bethléem, il y a plus de 2000 ans de cela. Le calendrier chrétien, et désormais mondial, s'est juxtaposé à cet événement essentiel pour la religion chrétienne. L'an 0 de notre Ère débute à ce moment-là. Sauf que cette date n'est qu'une approximation que les astronomes des premiers siècles du Christianisme ont adopté afin qu'elle coïncide avec des fêtes païennes auxquelles de nombreuses populations pratiquaient à cette époque.

Parce que le Christianisme avait vocation à évangéliser ceux qui ne croyaient pas en Dieu et en son Fils, le Pères de l'Eglise ont dû employer des subterfuges afin qu'ils se convertissent. En fait, historiquement parlant, on ne sait pas vraiment quand est né Jésus. Les dates varient entre -5 et +3 de notre ère. Les calculs astronomiques que les outils scientifiques qui sont aujourd'hui à notre disposition se basent sur la position de l’Étoile du Berger qu'ont suivi les trois Rois Mages - Melchior, Balthazar, et Gaspard - lors de cette période. Par ailleurs, les trois Rois Mages qui sont venus offrir de la myrrhe, de l'encens, et de l'or, à Jésus juste après sa naissance est un ajout ultérieur remontant au Moyen Age. Les sources théologiques de référence sont très claires à ce sujet.

Si le 25 Décembre a été "choisi" comme jour de la venue au monde de "notre Sauveur", il y a également deux autres raisons majeures. La première, c'est que c'est une date très proche du Solstice d'Hiver. Le Solstice d'Hiver étant le jour le plus court de l'année, que Jésus naisse juste après annonce le renouveau solaire. Or, dans l'Antiquité, le culte solaire était révéré par de nombreux peuples. Les Celtes, les Romains, les Egyptiens, lui consacraient des cérémonies grandioses. Le dieu Lug, chez les Celtes, y était associé. Les Romain lui sacrifiaient un taureau en l'honneur du Sol Invictus - le Soleil invaincu. Pour les Egyptiens, c'était le jour de la naissance d'Horus, le fils d'Isis et d'Osiris ; Isis ayant recueilli la semence d'Osiris après que celui-ci ait été assassiné par Seth, pour être "inséminée artificiellement". Et je ne parle même pas de mésopotamiens, des mayas, et autres civilisations qui le vénéraient particulièrement.

Enfin, dernier détail : jusqu'à il y a quelques siècles en arrière, le passage à la nouvelle année n'était pas fêté le 31 décembre. Il était fêté le 21 juin, date à laquelle de nos jours nous célébrons la fête de la musique. Effectivement, le 21 juin annonçait l'époque où il était temps de récolter les moissons ensemencées en hiver. Les jeunes gens - garçons ou filles célibataires, ce jour-là, avaient le droit de s'adonner à toutes les joies de leur age. C'était l'occasion de rencontrer des jeunes gens de l'autre sexe, de flirter, d'entamer des relations amoureuses. Ils se livraient à toutes sortes de jeux, notamment autour des feux de joie dont on retrouve quelques vestiges aujourd'hui encore à cette date. Les Celtes rendaient hommage à ce jour parce qu'il était sensé favoriser la fertilité ; autant humaine, qu'animale, ou végétale. Les récoltes à venir, le gibier à chasser, dans le but que l'année à venir soit fructueuse. Bref, c'était le jour des réjouissances annuelles. Comme le 30 Novembre était celui où on honorait les morts parce que c'était ce jour là que leurs âmes pouvaient fugitivement réapparaitre dans celui des vivants pour venir les hanter si on ne les célébrait pas.

Voilà, de mémoire, et approximativement, ce que mes nombreuses lectures décortiquant l'Histoire, la Mythologie, les Légendes, les Traditions, les Religions, etc. m'ont enseigné. L'érudit et le littéraire que je suis vous en retrace que les grandes lignes, évidemment. Il faudrait que je me replonge dedans pour en recouvrer les multiples facettes, ainsi que les nombreuses symboliques auxquelles tout ça se rattache. Personnellement, explorer les racines de nos croyances et coutumes me fascine. C'est éminemment passionnant. Je m'en nourris en permanence, et partager ces savoirs que j'ai acquis au fur et à mesure avec d'autres, est un bonheur incomparable. Ça élève notre âme, ça "l'enrichit et l'illumine" ; même si, malheureusement, il n'y a que peu de personnes qui comprennent le sens de ma démarche, ou qui ont le désir de m'accompagner sur ce chemin extraordinaire qui est l'épanouissement spirituel et intellectuel...

Dominique Capo

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