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Mes Univers
22 novembre 2008

De Deiteus Mythica, le Mythe des Demi-Dieux : Pages 1194 - 1196

France_moderneEn 1793 également, les bourgeois sont toujours aussi attachés à un certain ordre économique et, loin de laisser la rue imposer sa loi, ils utilisent le peuple pour sauver leur Révolution. Les sans-culottes réclament des sanctions contre les riches et les accapareurs, exigent le blocage des prix : ils n’obtiennent qu’en partie satisfaction. Dès Juin 1793, la loi Le Chapelier interdit les associations d’ouvriers, et donc le syndicalisme. Les Conventionnels méconnaissent la misère du peuple. Pour eux, celui-ci doit se lever non pour recueillir du sucre, mais pour terrasser des brigands. Le tutoiement ne doit donc pas faire oublier que la société née de la révolution reste inégalitaire.

De fait, les Montagnards, comme les sans-culottes, montrent rapidement leur désir de changer les symboles nationaux. Les noms de lieu perdent leur caractère catholique et royal : Nogent le roi devient Nogent la haute Marne ; Saint-Flour, dans le Cantal, s’appelle Pompidou, etc. Les rois des jeux de cartes sont remplacés par des philosophes, les valets par des sans-culottes ; les jeux de l’oie sont « révolutionnaires ». Le triangle et l’œil de la raison ornent les monuments publics. Les ateliers, devenus civiques, produisent tout un bric à brac inspiré par les idées nouvelles : les faïenceries de Nevers décorent les assiettes de devises révolutionnaires, comme « la liberté ou la mort », ou « aimons nous comme des frères et ça ira ». Les papiers peints portent des motifs allégoriques ou dits « à la cocarde ».

Par ailleurs, les Montagnards abhorrent l’Eglise Catholique, ses fastes et ses prêtres réfractaires. Ils tentent d’inventer une nouvelle religiosité, en faisant disparaître tout ce qui est marqué par le christianisme : en effet, dès le 24 Novembre 1793, la convention adopte le projet d’une équipe de poètes et de savants. L’année commence désormais à l’Equinoxe d’automne et compte douze mois de trente jours, complétés par cinq journées supplémentaires, les « sans-culottides ». Chaque mois comprend trois tranches de dix jours dont le dernier, le « décadi », est férié. La dénomination des mois, elle, s’inspire poétiquement de la nature : brumaire, germinal ou fructidor.

Ce calendrier, fondé sur les travaux d’astronomes, est censé être scientifique et universel, mais les noms des mois sont absurdes. De plus, il n’est pas vraiment accepté par le peuple, attaché à ses saints et furieux de ne plus se reposer que tous les dix jours, au lieu de tous les sept jours.

De plus, à partir de l’été 1793, dans de nombreux départements, des « processions civiques » tournent en ridicule le rituel catholique. Les destructions d’objets de culte, la désaffection des églises aboutissent parfois à des actes de vandalisme terribles.

Pourtant, les Conventionnels sont loin d’être des athées militants. Voltairiens pour la plupart, les députés déplorent le mauvais goût des mascarades populaires et redoutent les progrès de l’athéisme. Robespierre fait adopter par la convention un décret qui reconnaît « l’existence de l’Etre Suprême  et l’Immortalité de l’Ame ». Dans ses excès, lé déchristianisation est parfois ridicule, mais elle reste superficielle. C’est dans d’autres domaines que l’œuvre des Montagnards est essentielle.

Car, du renversement de l’ordre ancien doit naître une France régénérée. Les Montagnards, soucieux de conserver les richesses nationales, fondent le musée du Louvre, ordonnent la destruction des statues royales mais protègent les Tuileries. L’église Sainte-Geneviève devient le temple des grands hommes, le panthéon national où sont transportées les cendres de Descartes. Les Conventionnels mettent sur pied des programmes de recherches scientifiques.

La révolution est en effet le temps où l’astronome Bailly, les mathématiciens Laplace, Carnot et Monge, les chimistes Berthollet, Chaptal et Fourcroy, mettent leur science au service du peuple.

C’est aussi le temps des éducateurs : les projets d’instruction de Condorcet, de Le Peletier de Saint Fargeau et de Saint-Just ne voient pas le jour ; cependant, c’est à la convention qu’est due la fondation de l’Ecole Polytechnique, de l’Ecole Normale Supérieure, du Muséum d’Histoire Naturelle du Jardin des Plantes, du Conservatoire National des Arts et Métiers, de l’Ecole des Langues Orientales et de nombreuses fermes expérimentales.

La laïcisation de la société passe en outre par l’institution d’un état civil aux mains des « officiers publics ». Les transformations de la vie familiale sont profondes : le droit d’aînesse est supprimé et, surtout, le mariage, simple contrat civil, peut être rompu, car le divorce est admis pour mauvais traitements, incompatibilité d’humeur ou par consentement mutuel. En l’an II, les sans-culottes mettent en place des secours pour les mères célibataires, tandis que les enfants – prénommés Bruts, Liberté ou Laurier, voire Marat – obtiennent les mêmes droits, qu’ils soient nés ou non dans le mariage.

D’un autre coté, vestales des fêtes révolutionnaires ou robustes épouses de sans-culottes, les femmes s’organisent en clubs républicains, derrière Théroigne de Méricourt, Pauline Léon, Claire Lacombe et apportent leurs bijoux à la convention. Mais elles ne sont pas citoyennes. Pourtant, déclare Olympe de Gouges, « la femme a le droit de monter à l’échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la tribune », et elle rédige une provocante « Déclaration des Droits de la femme ». Mais, pour les Conventionnels, les femmes qui portent des pantalons et se mêlent de politique cessent d’incarner la vertu. Il faut donc les ramener à leurs fonctions « naturelles ». La convention interdit donc tous les clubs et sociétés de femmes. Théroigne de Méricourt meurt bientôt folle, Olympe de Gouges est guillotinée.

La terreur porte ses fruits à la fin de l’année 1793 : galvanisées par les représentants en mission, les armées françaises s’opposent avec succès à l’avance ennemie, et la france cesse d’être une forteresse assiégée. Sur le front intérieur, l’insurrection fédéraliste est étouffée, et la vendée est vaincue à Savenay, le 23 Décembre. Une impitoyable répression commence alors. Vendéens et réfractaires sont fusillés, guillotinés, massacrés au canon ou noyés dans la loire.

Les menaces extérieures et intérieures sont donc provisoirement écartées, mais les problèmes économiques et sociaux ne sont pas résolus. Les Montagnards se divisent : Hébert, chef de file des enragés, proches des sans-culottes, veut lancer une nouvelle journée révolutionnaire le 4 Mars 1794. Il appelle à l’insurrection depuis le club des Cordeliers, mais Saint-Just demande une enquête sur les Hébertistes, et les principaux dirigeants du club – Hébert et dix huit de ses amis – sont arrêtés puis exécutés le 24 Mars 1794. A ce coup de semonce à gauche succède un avertissement lancé à droite contre ceux qui réclament la fin de la terreur et le retour des libertés individuelles. Robespierre accuse Danton, chef de ces « indulgents », de vénalité. Le procès de ce dernier a lieu à huis clos, car on redoute que ses dons de tribun ne retournent l’auditoire. Danton et treize indulgents, dont Camille Desmoulins, sont exécutés le 5 Avril 1794.

La dictature du gouvernement révolutionnaire n’est plus contestée, la centralisation se renforce, la terreur s’amplifie et les autorités s’inclinent : la convention vote toutes les décisions du Comité de Salut Public, dont les membres sont sans cesse réélus. Mais, alors que la base sociale du gouvernement révolutionnaire s’est rétrécie, les lois de prairial an II instaurent la grande Terreur ; les suspects sont passibles du tribunal sur simple dénonciation et une seule peine est prévue : la mort. « Les tètes tombent comme des ardoises », tandis que les nombreux Conventionnels craignent désormais d’être compromis avec les contre-révolutionnaires.

Robespierre commence alors à susciter contre lui une opposition qui gagne au fil du temps, en audace et en vigueur. Elle se regroupe autour des représentants en mission qui craignent d’être poursuivis pour concussion : Carrier, Fouché et, surtout, Barras, Fréron, Tallien. Ce groupe prend appui sur ceux, de plus en plus nombreux, qui demandent la fin de la terreur, car, disent t’ils, la situation militaire a cessé de le justifier. Aux frontières, en effet, les victoires, comme celle de Fleurus en Juin 1794, ont remplacé les défaites. La fête de l’Etre Suprême, le 8 Juin, semble marquer l’apothéose de Robespierre, mais les jours du Comité de Salut Public et de ses membres sont comptés. Exaspéré par les querelles, l’Incorruptible refuse d’assister, pendant un mois entier, aux séances du Comité. A son retour, il prononce un discours où il menace les « fripons », ce qui effraie ses ennemis. Le 9 thermidor – 27 Juillet -, les robespierristes sont arrêtés puis libérés. Ils se rendent à l’Hôtel de Ville, où ils espèrent trouver des partisans, mais les sans-culottes, déçus par la politique économique, ne le soutiennent pas. Repris quelques heures plus tard, Robespierre, Saint-Just et dix neuf de leurs compagnons sont guillotinés dès le lendemain.

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