Souvenirs :

I

l y a quelques années de cela, l'une des meilleures périodes de ma vie - et des pires également par certains cotés - a été lors de mon séjour à la Bibliothèque de l'Arsenal. Elle a été couverte par ce que j'appelle "mes Années Noires". Il s'agit en effet d'années d'intenses souffrances sentimentales qui m'ont amené plusieurs fois au bord du gouffre. Mais, en même temps, elles ont appartenu à une époque d'importants bouillonnements intellectuels de ma part. Une richesse comparable à nulle autre du point de vue de mon insatiable curiosité dans des domaines tels que la Littérature, la Philosophie, l'étude des Religions, des Mythes, des Légendes, des Civilisations anciennes, de la Préhistoire, de l'apparition de la Vie sur Terre - de la première cellule à la Naissance de la Race Humaine, avec tout ce qu'il y a entre les deux.

En ces lieux qui ont contribué à me former intellectuellement, j'ai dévoré des milliers de livres sur l'Astronomie, de la Naissance de l'Univers à la naissance de notre Système Solaire et de notre planète. J'ai exploré les fondamentaux de l'Histoire, de la Philosophie, de l'Occultisme, de l'Esotérisme, de la Religion, et surtout des connexions permanentes existant entre les uns et les autres. Plus j'en apprenais, plus j'avais envie d'en découvrir davantage ; de me plonger plus avant dans des Savoirs et des Connaissances qui me fascinaient, me passionnaient. J'en avais jamais assez ; au point qu'à un moment donné, je lisais jusqu'a trois livres en même temps ; parfois, en moins d'une journée.

A la même époque, les sciences de l’information naissantes, l'informatique, ont aussi accaparé une part de mon esprit. Nous étions alors à l'Aube d'une nouvelle Ere ; celle au cœur de laquelle nous sommes actuellement. Bien que nous n'en sommes toujours qu'à ses balbutiements, j'ai, dès cette période, été captivé par les immenses possibilités qui s'offraient à moi grâce à elle. Je n'étais pas un spécialiste de ce thème, loin de là, et je ne le suis toujours pas. Je me contente simplement de l'utiliser afin de partager mes idées, mes textes, mes réflexions. Mais, c'est au cours de mon séjour à la Bibliothèque de l'Arsenal que j'ai commencé à rassembler sur ordinateur les éléments dont j'avais besoin pour construire l'univers littéraire, gothique, fantastique et historique nécessaire à l'élaboration de mes propres récits. C'est d'ailleurs au cours de ces années qu'est née "De Deïteus Mythica", le Mythe des Demi-dieux ; dont j'ai déjà en partie conté quelques épisodes ici même.

Je me souviens avec bonheur des longs après-midi, de mes soirées, à feuilleter des manuscrits inédits, des ouvrages anciens datant parfois de plusieurs siècles. Je me rappelle des feuillets éparpillés autour de moi, sur lesquels j'écrivais des notes susceptibles d'être utilisées ultérieurement pour mes textes personnels. Je me souviens des montagnes de livres sur ma table de travail, que je commandais à mes collègues, et que je lisais avec dévotion et passion.

Car, il faut avouer que, non seulement j'y étais chercheur indépendant, mais j'y étais aussi Aide Bibliothécaire. J'effectuais mes recherches en dehors de mes heures de travail, avec l'accord et le soutien de mes supérieurs ; et ce, jusqu'au Conservateur Général de la Bibliothèque de l'Arsenal. Mais, j'y étais aussi employé afin de venir en aide à mes collègues chercheurs venus des quatre coins de France ou du Monde, pour y étudier des manuscrits utiles à leurs thèses ou à l'écriture de leur œuvre littéraire ou historique. J'avais donc l'opportunité incroyable de pouvoir parcourir les multitudes de rayonnages cachées en son sein, d'être au cœur de la vie de ce lieu comparable à nul autre, et d'une richesse incroyable. J'ai pu me fondre entièrement dans cette masse constituée de millions d'ouvrages, et m'abreuver ainsi à la source du Savoir.

Jamais je ne regretterai cette période incroyable, si riche et intense intellectuellement. Car c'est à cette époque que j'ai découvert ma vocation de chercheur, d'écrivain, d'inventeur de mondes imaginaires, ou de récits extraordinaires ancrées - ou pas - dans la Réalité de notre Histoire. Et pourtant, malgré tout, combien, aussi, les femmes que j'ai croisées sur ma route à ce moment là, m'ont blessé, humilié, terrifié, anéanti. J'ai souvent hurlé de désespoir, d'incompréhension, de douleur, de ne pas pouvoir partager tout cela, et bien plus encore, avec elles. Et je n'ai eu qu'une solution pour survivre à ma Malédiction, c'est de m'immerger définitivement dans cet Univers où, contrairement à la Réalité ordinaire, je me sentais véritablement chez moi...

Dominique