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Mes Univers
8 avril 2016

Ce que reflète le "Panama Gate" de nos sociétés :

X1Un sujet chasse l'autre. Un scandale chasse l'autre. Nous y sommes désormais habitués : Daesh, les attentats, les étudiants dans la rue, les sitting de la Place de la République en ce qui concerne les plus récents… ont disparu du devant de la scène. Et aujourd'hui, il s'agit des multiples ramifications et implications de l'affaire du Panama qui les a en grande partie effacés.

 

Le Panama, comme chacun le sait, est depuis longtemps un paradis fiscal. Ce n'est pas le seul. Et Nicolas Sarkozy a beau eu affirmé durant son mandat en tant que Président de la République, que « l’ère des paradis fiscaux était terminée », nul n'est dupe. Certes, la Suisse a fait des efforts afin de coopérer avec la France dans ce domaine. A grand renfort de publicité, le gouvernement actuel a souligné que nombre de détenteurs de comptes dans les banques helvétiques, revenaient en France afin de régulariser leur situation. Mais, dans le même temps, « l'affaire Cahuzac » a totalement détruit cette belle mécanique destinée à montrer aux français que les socialistes au pouvoir s'attaquaient aux plus riches qui fraudaient ; plutôt que de s'attaquer aux plus faibles et aux plus démunis.

 

Idée généreuse au départ, qui s'est retournée contre nos dirigeants actuels ; dont on peut affirmer – en tout cas, c'est mon humble avis – que cette législature aura été la plus désastreuse de la Ve République à bien des égards. Et de se souvenir aussi, qu'en 2012, un certain nombre de français ont voté François Hollande pour ne pas avoir Nicolas Sarkozy au pouvoir une seconde fois ; et parce que beaucoup d'entre eux ne voient aucun avenir dans les idées du Front National. Il faut en effet se souvenir que les réformes « à l'emporte-pièce », les « effets d'annonce » rarement suivis de réalisations concrètes, la façon de monter certaines catégories de la population les unes contre les autres, le « bling-bling » dont il était coutumier, j'en passe, l'ont finalement desservi. François, du moins dans les premiers temps, a tenté de se faire passer pour un « homme normal ». Or cette image naïve et caricaturale – pour un homme politique s'entend – a rapidement été égratignée par les affaires qui se sont succédés depuis lors.

 

Alors qu'il ne reste qu'un an avant les prochaines échéances présidentielles, un nouveau coup de semonce ébranle la classe politique dans son ensemble – de Droite comme de Gauche. Il se répand hors des cercles du pouvoir pour atteindre les hommes et les femmes détenant des fortunes conséquentes. Et il s'élargit bien au-delà des frontières de la France ou de la Communauté Européenne.

 

Une fois encore, je ne souhaite pas jeter de l'huile sur le feu. Cependant, il ne faut pas être naïf, et feindre de croire que nos dirigeants ne sont pas corrompus par le pouvoir d'une manière ou d'une autre. Je veux bien imaginer que certains n'ont rien à se reprocher. Mais ils sont extrêmement rares ; et ce ne sont généralement pas ceux dont la voix résonne avec le plus de force et de vivacité. Au contraire, le plus souvent, ils servent de « fusible » aux autres, afin qu'ils ne soient pas atteints par la justice. Car, depuis une bonne vingtaine d'années que des « affaires » concernant des malversations, des abus de biens sociaux, des marchés truqués, des scandales financiers dans lesquels ils sont empêtrés, aucun de leurs véritables protagonistes ne sont touchés. Tout au plus, ils sont momentanément mis en examen, perquisitionnés, interrogés. Des enquêtés sur eux sont menées. Néanmoins, aucune sanction n'est prise à leur encontre ; où si peu – du sursis au cas échéant – qu'elles sont plus symboliques qu'efficaces.

 

En outre, il ne faut pas se voiler la face : si ces « affaires » sont révélées au grand public, il s'agit, une fois sur deux, de manœuvres afin de déstabiliser un adversaire éventuel. Ainsi, si Nicolas Sarkozy est rattrapé actuellement par la justice à propos du financement de sa campagne électorale de 2007, ce n'est pas par hasard. C'est un moyen pour le mettre en difficulté, alors que plusieurs candidats aux Primaires des « Républicains » approchent. C'est aussi une méthode pour le futur candidat Hollande – qui commence à laisser entendre qu'il « serait » prétendant à sa propre succession – de court-circuiter son principal rival.

 

Un autre aspect à prendre en compte : c'est que les milieux de la finance et de la politique sont étroitement liés. Depuis toujours. Les lobbies qui se dissimulent dans l'ombre du Pouvoir – et là encore, quel que soit le parti politique gouvernant la France – sont légion. Et chacun tente de profiter de ses accointances avec celui-ci pour en tirer un profit substantiel. Je ne parle évidemment des petites et moyennes entreprises ; sauf lorsqu'elles sont rattachées à des corporations de métiers plus influentes et plus considérables. Je pense surtout aux multinationales, aux groupes industriels, aux milieux boursiers ou banquiers, aux sociétés pétrolières, automobiles, pharmaceutiques, etc. générant des milliards d'euros de profit. Elles pèsent de tout le poids de leurs dizaines ou centaines de milliers d'employés. Elles les mettent en avant afin d'entériner des projets de loi ou des décisions politiques qui leur sont favorables. Dans une société où la mondialisation et la globalisation des marchés est en proie à une concurrence féroce qui n'a aucune pitié pour ceux qui ne se plient pas à ses règles, tous les coups sont permis pour remporter de nouveaux marchés. Et pour mettre à l'abri du fisc les dividendes qui en sont retirés…

 

Finalement, avec tous ces soubresauts auxquels nous assistons, quels enseignements pouvons nous – devons nous ? - en retirer ? Il ne fait désormais aucun doute que nous arrivons au terme d'un système qui est à bout de souffle. Le capitalisme, tel qu'il existe depuis près de deux siècles, agonise. Il lui faudra certainement encore quelques décennies – comme je l'ai indiqué dans d'autres articles en relatant les raisons de son déclin – pour périr de sa belle mort… et laisser place à une autre forme de gouvernement plus adaptée aux temps d'alors.

 

Un jour, en lisant un ouvrage historique, une phrase a retenu mon attention, et est, depuis, restée gravée dans ma mémoire : « La démocratie – et donc la république – est la moins pire des formes de gouvernement. Oui, la moins pire !!! Pas la meilleure !!! La moins pire !!! L'Homme n'est pas parfait. Et la démocratie est à son image. D'autre part, la perfection n'est pas de ce monde. Ceux et celles qui croient en ce mythe se bercent d'illusions. Car depuis l'Aube de l'Humanité, même si d'immenses progrès ont été accompli dans maints domaines, un éventuel Age d'Or est inaccessible. Que seraient des sentiments comme la joie, le bonheur, l'amour, la paix, la vie, si leurs pendants n'existaient pas ; sans la mort, la tristesse, le malheur, la haine, la violence… Quel prix leur donnerait-on si tout était simple, facile, sans difficultés à acquérir. Quel avenir pour une Humanité qui obtiendrait tout ce qu'elle souhaite sur un claquement de doigt. Quel destin s'il n'y avait plus de défis à relever, de difficultés à surmonter, d'épreuves à endurer, de nouveaux horizons à explorer, de rêves à bâtir.

 

Quelles que soient les Mythologies que j'ai étudié, elles évoquent toutes un Age d'Or perdu depuis longtemps ; des temps légendaires où tout n'était que perfection, idylle, sérénité. Et toutes se terminent de la même façon : par un cataclysme ou une catastrophe aux proportions dantesques faisant retourner sa civilisation à l'Age des Ténèbres. Un Age des Ténèbres où ses survivants sont contraints de tout reconstruire, et de se battre pour survivre. Evidemment, ces Mythologies ne sont pas à prendre au premier degré ; elles usent de symboles afin de nous enseigner quelque chose. Et, en ce qui concerne la description de cet Age d'Or et de son extinction, celui-ci est très simple : la perfection rattachée cet Age d'Or n'est pas pour l'Homme. L'Homme essayera sans cesse de l'atteindre, de le frôler, de le toucher. Mais jamais il n'y aura accès. Puisque si un jour, il l'accostait, il serait condamné au déclin et à l'extinction.

 

Quel rapport avec les mœurs politiques et financiers que j'ai souligné au début de ce texte, me demanderai-vous ? Eh bien, c'est évident pourtant. Quel que soit l'homme ou le parti politique qui sera porté au pouvoir, celui-ci ne sera pas infaillible. Il sera soumis à la tentation, à l'argent gagné facilement. Les attributs du pouvoir l'éblouiront et le corromprons. Ainsi, les grandes figures de la Révolution Française qu'ont été Danton, Robespierre, Desmoulins, et tous les autres, étaient emplis d'idéaux, d'espoirs de changer une société qui ne correspondaient pas aux aspirations du siècle des Lumières dont ils étaient les successeurs. Mais, chacun, à sa manière, a finalement été rattrapé, puis vaincu, par la réalité des faits. Danton a été un profiteur qui s'est enrichi démesurément en se servant des possessions confisquées à l’Église ou à la Noblesse. Robespierre, lui, a tenté de mettre en place une société française idéale qui a abouti… à la Terreur. Desmoulins s'est enrichi parce que député et homme d'influence.

 

Ce ne sont que quelques exemples parmi d'autres. Mais ce n'est qu'avec l'arrivée de Bonaparte que la Révolution agonisante, et en proie à une corruption généralisée, s'est terminée. Alors qu'au départ, elle était empreinte d'idéaux et de rêves de liberté, de justice, de fraternité.

 

A première vue, forcément, vous allez me dire que tout ce que je viens d'évoquer ne concerne en rien l'affaire du « Panama Gate » qui s'est dévoilée à nous dernièrement. Vraiment ? En êtes vous si sûr ?

 

Comme je l'ai souligné, l'Homme est faillible. L'Homme est susceptible d’être corrompu par le pouvoir et par l'argent. L'Homme fait passer l’intérêt général après le sien. C'est injuste, c'est triste, c'est regrettable, c'est inique… mais c'est humain. Et chacun de ceux qui s'insurgent, qui s'indignent face aux dérives d'un système « imparfait », mais le moins « oppresseur » que notre civilisation a engendré, en ferait autant. Bien entendu, je vous entend déjà vous écrier que ce n'est pas vrai : « Si j'étais au pouvoir, jamais je ne ferai de telles choses. ». Or, tout au fond de vous-même, vous savez pertinemment que c'est un mensonge. Ni vous – ni moi – ne sommes meilleur ou moins bien que ces politiques. Eux comme vous, comme moi, sont des hommes et des femmes. Et si vous vous – si je me – retrouviez à leur place, nous subirions les mêmes pressions, les mêmes tentations, les mêmes facilités.

 

Pour autant, est-ce une raison pour les excuser ou les amnistier, des délits qu'ils ont commis ? Non. Evidemment que non. L'abus de biens sociaux, la corruption, le délit d'initié, les emplois fictifs, s'octroyer des avantages parce que l'on est au sommet de l’État ou parce que l'on est détenteur de grosses fortunes, est inacceptable, intolérable. Je tiens à le souligner aussi fortement que possible, je ne cautionne pas les agissements de ces personnes qui ont transféré leurs comptes en banques dans des paradis fiscaux tels que ceux qui existent au Panama… ou ailleurs. Les îles Vierges, le Luxembourg, Andorre, Monaco, les îles Anglo-normandes, etc. en sont d'autres… à nos portes. Avec un bon avocat fiscaliste, il est tellement facile de créer des structures permettant à l'argent privé – ou public – de s'évader !!! C'est insupportable alors que tant de millions de gens qui tirent le Diable par la queue sont frappés de plein fouet par la crise. Alors que tant de gens sont au chômage et n'ont pas les moyens de subsister dignement. Comme tous ceux-ci, je suis le premier à crier haut et fort que si j'étais à la place des individus qui nous gouvernent, je mettrai un terme à ce trafic de flux financiers qui sortent quotidiennement de notre pays. Et je suis sincère. Mais, tout aussi sincèrement, le ferai-je, le feriez-vous, réellement ; si vous nous avions l'occasion de profiter de ce qu'ils nous offraient ?

 

En tout état de cause, Droite comme Gauche, Extrème-Droite également, grands patrons du Cac40, tous sont atteints par les retombées de ce scandale qui n'a pas fini de polluer le débat public. Il est aussi retentissant que l'affaire Clearstream, que l'affaire des frégates de Taïwan, que l'affaire Elf, que l'affaire de la Société Générale, en leur temps. Il est aussi retentissant que les prochains qui se dévoileront dans les mois et les années qui viennent. Parce qu'ils font fondamentalement partie du système démocratique, de la mondialisation, et de la globalisation. Ce système a ses bons cotés ; il a aussi ses mauvais cotés. Il est imparfait, mais depuis la chute du Communisme, c'est le seul encore viable. A moins, évidemment, de préférer ce que Daesh ou les pays soumis à la Religion – quelle qu'elle soit – propose. Ce n'est, en tout cas, pas mon cas.

 

A chaque fois que des scandales de cette sorte se découvrent, j'en suis outré. Je suis malheureux de voir notre pays tomber dans de tels travers. Je m'indigne, comme tout le monde. Je n'accepte pas que des personnes se croient au-dessus des autres, protégés parce que puissants et riches. Je hurle intérieurement, et j'aimerai que tout ceci soit amélioré pour que cela ne se reproduise plus. Je souhaiterai que mes mots, que mes paroles, que mes pensées, que mes réflexions, soient portées au plus haut sommet de l’État. Je révérai que les préoccupations du peuple soient davantage prises en compte ; au lieu de considérer les hommes et les femmes qui le constituent comme des objets interchangeables en fonction des intérêts des uns et des autres. En fonction des échéances électorales. En fonction de l'image de consommateurs que nous sommes, et que ces multinationales exploitent à l'envi. En fonction des dossiers que nous représentons au sein des administrations dont nous dépendons. Oui, j'aimerai…

 

Toutefois, je ne vis pas dans ce monde où ce « j'aimerai » existe ; où ce « j'aimerai » est possible ou faisable. Tout au plus, au fil des décennies et des siècles, nous pouvons essayer de l'améliorer « un petit peu ». Malgré tout, ne nous berçons pas d'illusions, ce sera juste « un petit peu » ; et non pas de grands bouleversements de société ou de civilisation tels que nous le désirerions.

 

L'Humanité avance, progresse, se modèle, à son rythme. Et comme je l'ai déjà souligné, cela ne mesure pas à l'aune d'une décade ou d'une génération. Les soubresauts qui bousculent nos consciences et notre quotidien – Daesh, les Indignés, les collectifs de la Place de la République, le Printemps Arabe, la fin de l'embargo à Cuba, la Crimée, etc. ne sont que des épisodes éphémères qui apparaissent aussi vite qu'ils disparaissent. C'est monstrueux, ignoble, froid, violent, sidérant. Rien n'est plus vrai. Mais ce n'est pas avec des « j'aimerai » jetés en pâture à l'opinion publique aussitôt qu'une « affaire » pointe le bout de son nez que l'Humanité modifiera sa façon d’être. Ce n'est pas en changeant des gouvernants qui ne nous conviennent pas, ou qui sont pris « la main dans le sac en train de voler », qu'elle se comportera plus honorablement. D'autres les remplaceront inévitablement. Ce n'est pas en fustigeant la démocratie et la république que ce qui demeure inconsciemment au plus profond des attributs qui nous caractérisent, se modifieront. Des siècles, des millénaires, l'accumulation d'épisodes culturels, historiques, sociaux, philosophiques, j'en passe… sont nécessaires pour que ce que nous sommes, et que ce dont notre civilisation est le reflet, évolue. Soyons patients. Comme la maxime le dit : « Rome ne s'est pas faite en un jour. ». Il y a encore tant à faire… Or, nous n'en sommes qu'au début…

 

Personnellement, je ne l'oublie jamais ; dans aucun de mes écrits, dans aucune de mes pensées, dans aucune de mes réflexions, dans aucune de mes analyses… Alors, je vous en prie, même si c'est difficile, même si c'est empreint de blessures, de rancœurs, d'injustices, de malheurs, de souffrances, ne l'oubliez pas non plus...

 

Dominique

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