Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mes Univers
27 mai 2016

autobiographie, pages 185 à 187 / 312

X1Plus tard, ma mère et moi avons, de fait, mis au jour des exemplaires d’écrits publiés de mon père. Comme je l’ai exprimé plus haut, il s’agissait de textes ayant un fond historique, décrivant l’amour interdit de deux homosexuels à l’époque où ils vivaient. Nous avons aussi appris que les livres de mon père ne se trouvaient pas partout. Ils étaient exclusivement vendus dans des boutiques spécialisées ; ou, parmi les homosexuels, ils avaient un maigre succès. Quelques milliers d’exemplaires vendus ; ce qui est honorable et lui a rapporté quelques milliers d’euros. Ce n’était pas, pour autant, un best-seller, loin de là.

 

Cette révélation a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Non seulement, mon père était homosexuel, et depuis toujours. Le mariage entre mes parents n’était qu’une mascarade, ma venue au monde un accident qu’il n’avait pas véritablement désiré. Notre vie de famille n’était basée que sur le mensonge et sur une vie parallèle dont elle ne savait rien. Mon père avait manipulé ma mère depuis toujours. Il avait reporté sur moi toutes ses souffrances et toutes ses blessures. La crise ayant eu lieu à partir de 1987 reposait en grande partie parce que mon père n’avait jamais assumé ce qu’il était réellement. L’aventure de ma mère, même si elle était choquante, blessante, n’était rien, comparé à l’attitude que mon père avait eu envers elle durant toutes les années soixante-dix, et qui l’avait poussée dans les bras d’un autre homme.

 

Et que dire de ce soupçon de détournement de mineur qui venait couronner le tout. C’était un acte grave, non seulement vis-à-vis de nous, mais également et surtout, aux yeux de la loi. A l’instant où ma mère parlait avec ce Thierry, mon père était peut-être en train d’avoir des relations sexuelles avec un mineur de moins de quinze ans. Or, pour avoir fréquenté les milieux judiciaires et policiers durant l’ensemble de la carrière de mon père, ma mère et moi savions à quel cela pouvait être grave.

 

J’ai téléphoné à une amie de mes parents qu’ils fréquentaient régulièrement à cette époque-là. Elle est aussitôt venue. Nous avons couché ma mère, en lui donnant des calmants et des somnifères pour qu’elle se repose un peu. Je lui ai expliqué la situation. Nous avons réfléchi sur l’attitude à adopter. Quand ma mère, au bout de quelques heures, s’est réveillée, à nous trois, nous avons tenu conseil. Et nous sommes tous parvenus à la conclusion qu’en de telles circonstances, il était évidemment plus sage de prévenir la gendarmerie. Les faits concernant cet adolescent étaient trop graves ; nous ne pouvions pas les taire. On aurait pu nous taxer de non-assistance à personne en danger, et complicité d’enlèvement et d’abus sexuel, si les soupçons s’avéraient exacts.

 

Les gendarmes n’ont pas tardé à arriver chez nous. Je n’ai jamais été impressionné ou apeuré par les membres des forces de l’ordre. J’en ai croisé assez souvent du fait de l’emploi de mon père, pour savoir que ce sont des gens comme tout le monde. Il n’y a que ceux qui ont quelque chose à se reprocher qui les craignent.

 

Aussitôt, ils ont réquisitionné l’ordinateur de mon père, ainsi que quelques-unes de ses affaires personnelles. Ils nous ont demandé, à ma mère, à notre amie, ainsi qu’à moi, de les accompagner au poste. Ils nous ont rassurés en nous disant que nous n’avions rien à nous reprocher, que nous avions eu la bonne attitude en les prévenant. Ils souhaitaient juste nous questionner afin de sonder plus profondément la personnalité de mon père, et de cerner ses possibles faits et gestes de ces derniers jours.

 

Jusqu’à ce jour, je n’avais jamais passé une nuit au sein d’un poste de gendarmerie. Et j’espère ne plus jamais être confronté à ce genre de situation. C’est fatiguant, c’est humiliant, quand on est innocent de quoi que ce soit. C’est long. Heureusement que les officiers de gendarmerie ont été gentils avec nous. Ils ont fait en sorte que nous soyons détendus, apaisés. Ils nous ont interrogés, mais assez succinctement en fait. Ils se sont surtout intéressés à l’ordinateur de mon père. Je les ai même aidés à le sonder. Je les ai renseignés sur tel ou tel fichier que j’y avais découvert. Ils ont décortiqué les comptes en banque que mon père dissimulait depuis toujours à ma mère. Et là, quelle a été notre surprise d’apprendre que mon père avait ouvert une multitude de crédits à la consommation depuis des années.

Publicité
Publicité
Commentaires
Mes Univers
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 287 588
Derniers commentaires
Archives
Mes Univers
Newsletter
Pages
Publicité