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19 août 2016

Respecter et se faire respecter, seconde partie :

X3

Comment expliquer à quel point cela a été vital pour moi à ma grand-mère ou aux autres membres de ma famille. Pour eux, l'essentiel de leur existence se trouve ailleurs. Ils sont hermétiques à tout ceci. Eux qui estiment que la réussite sociale, que le fait d'être financièrement aisé, que le bonheur est conditionné à l'emploi que l'on occupe, au prestige que ce dernier diffuse, ont toujours été - et sont toujours - hermétiques aux valeurs auxquelles j'ai adhéré en m'ouvrant aux Connaissances et aux Savoirs "intellectuels". Ils n'ont jamais réalisé à quel point ils m'ont sauvé la vie, ils ont préservé ma santé mentale, un nombre incalculable de fois. D'un autre coté, il est vrai également qu'ils ont exacerbé ma sensibilité, mon émotivité, mon imaginaire personnel, ma soif d'apprendre, de comprendre. Et cela non plus, ils ne s'en sont jamais rendu compte. Ou si peu que cela ne vaux pas la peine d'être évoqué.

 

Je me souviens d'une autre anecdote qui m'a particulièrement marqué, parce qu'elle montre ce que je considère ce manque de respect à mon égard, puisque c'est de cela dont il est question principalement dans ce texte. Ce jour là - mon petit frère Aymeric était encore vivant à cette époque -, nous étions tous réunis à table pour déjeuner. Il se trouve qu'un lien très fort m'unissait à Aymeric. C'était le seul membre de la famille, à ce moment là, avec lequel je pouvais me dévoiler tel que j'étais réellement. Nous n'avions pas forcément toujours les mêmes centres d’intérêt. Il adorait le football et le catch américain ; je n'appréciais pas ces sports. Je n'aimais d'ailleurs pas le sport en général depuis que j'avais été traumatisé durant ma prime enfance à ce sujet. Ma mère étant une passionnée d'équitation, et estimant qu'une activité physique était salutaire pour notre santé, elle nous a initié à ce sport. Et autant ma sœur s'est immédiatement prise de passion pour l'équitation, autant moi je n'y ai pas adhéré. Pire encore : ma mère insistant, m'emmenant de force au centre équestre - elle n'avait pas le choix puisqu'il n'y avait personne pour me garder à la maison, mon père travaillant toute la journée -, j'ai vécu chaque séance comme une véritable torture psychologique, comme un traumatisme en profondeur dont je ne me suis jamais véritablement remis. Au point qu'aujourd'hui encore, dès que quelqu'un essaye de me forcer d'une manière ou d'une autre à participer à une activité physique, j'en ai les larmes aux yeux. Je sens une onde de malheur et de souffrance m'envahir instantanément, et j'ai le sentiment de subir un violent "viol intérieur" de ma personnalité, de ce que je suis au plus profond de moi.

 

En tout cas, pour en revenir à l'anecdote concernant ma famille, et mon petit frère en particulier, nous étions assez différents. Malgré tout, un certain nombre de choses nous rapprochaient. Nous aimions le cinéma, les jeux vidéos - combien de parties sur console ou sur ordinateur avons nous partagé, je ne saurai le dire. Combien de fois, lorsque Aymeric était encore un gamin de cinq ou six ans, j'ai passé d'heures avec lui dans sa chambre, à jouer avec lui et ses peluches ou ses jouets d'enfants. Il est, très tôt, né, une profonde complicité entre nous. Quant à Aymeric, de son coté, je sais qu'il était très fier que son grand frère sois un "créatif", qu'il écrive des histoires pour jeux de rôles - j'étais alors en pleine période "jeux de rôles". Il s'y intéressait vraiment ; il a même joué plusieurs fois avec moi à des jeux de rôles. Il n'hésitait pas non plus à le proclamer devant ses amis et ses connaissances. Et à cette époque également, il a été le seul à défendre mes choix de vie concernant le fait que je veuille devenir écrivain. Car le reste de ma famille essayait de me convaincre que ce n'était qu'un loisir, et que je devrais plutôt m'investir, comme ma sœur, dans un "vrai" travail" qui me rapporterait assez d'argent.

 

De fait, ce jour là, donc, à table, Aymeric et moi discutions de sujets qui nous préoccupaient à ce moment là. Certainement une partie de jeu vidéo à laquelle nous nous adonnions. Sans faire exprès, nous avons dû être un peu trop bruyants ; car nous riions probablement. Ce qui, je dois le souligner, ne m'arrivait jamais en temps ordinaire. Car jamais je ne me sentais détendu, respecté, accepté dans mes choix ou mes passions, au quotidien. Il n'y avait qu'avec Aymeric que je pouvais me permettre de me laisser aller ainsi. Quand, soudain, la voix tonitruante de mon père s'est élevée du bout de la table. Et, tel un patriarche, il s'est exclamé : "on ne s'entend plus parler ; on n'entend même plus le son de la télé. Dominique, tais toi, cela ne nous intéresse pas.". Et, évidemment, je me suis aussitôt tu, puis replié sur moi même jusqu’à la fin du repas.

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