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Mes Univers
5 septembre 2016

Intellectuel et fier de l'être, seconde partie :

X3Vous savez, depuis que je suis enfant, mes proches m'ont toujours obligé à me taire. Mes centres d’intérêt, mes passions, mes rêves, mes espoirs, non seulement ils ne le comprenaient pas, mais, en plus, ils partaient du principe qu'ils n'avaient aucun avenir pour moi. Le principal, pour eux, était que le futur emploi que j'occuperai serait suffisamment rémunérateur pour que je sois autonome et indépendant. Puis, aussi, qu'il soit honorable et prestigieux à leurs yeux. Ainsi, ma sœur a, depuis qu'elle est enfant, la vocation de l’Équitation. Toutes ses études sont allé dans cette direction. Elle est allé dans un lycée agricole. Elle a obtenu son diplôme. Plus tard, elle a créé son premier club hippique. Puis, un second qu'elle possède encore aujourd'hui. Elle y est heureuse. Elle fait un métier qui est aussi la grande passion de sa vie. Je ne le lui dis jamais parce que je suis très pudique en ce qui concerne les rapports que j'entretiens avec ma sœur, mais je suis fier d'elle. Elle est épanouie, même si financièrement et physiquement, c'est dur. Quand ma mère évoque la carrière et la profession de ma sœur, elle a le regard qui brille. Dans sa voix, une émotion particulière se discerne. Car il est vrai que ma mère, contrairement à elle, n'a pas pu suivre un itinéraire professionnel semblable, alors que c'était ce à quoi elle se destinait. Ce n'est pas de sa faute, les circonstances ne lui ont pas donné cette opportunité. Et depuis que ma sœur s'est engagée à corps perdu dans cette vocation, c'est un peu comme si elle la vivait à travers elle ; par procuration en quelque sorte. C'est d'ailleurs pour cette raison que ma mère l'aide autant qu'elle peux à son club hippique – que ce soit en y donnant des cours ou administrativement – de temps en temps.

Par ailleurs, avec tous les malheurs, toutes les illusions, tous les rêves brisés, dont elle a été la proie, c'est aussi sa façon de s'épanouir et de combler un vide. J'en suis conscient. J'en suis heureux pour elle. Après près de quatre décennies de blessures, parfois non cicatrisées, de peurs, de tristesses, de désespoirs, etc. auxquels, elle aussi a été confrontée, désormais, elle a enfin plus ou moins trouvé la paix.

Or, parallèlement, comme ma propre vocation n'a en aucune manière correspondu aux critères auxquels ma mère attachait de l'importance, ce que je pouvais représenter n'étais jamais suffisant pour la contenter. Oh, je ne dis pas qu'elle m'a délaissé, qu'elle s'est détourné de moi ou qu'elle ne m'a pas soutenu. Non, ce serait mentir. Elle m'a donné une bonne éducation. A chaque fois que j'ai été hospitalisé – et ce, depuis que je suis bébé -, elle a toujours été présente. Elle m'a accompagné à chacun de mes rendez-vous chez le docteur. Elle a scrupuleusement suivi ma scolarité. Elle m'a poussé afin que, malgré mon handicap, je trouve des solutions pour le surmonter. Nous avons toujours eu des liens forts, des choses – comme les livres – qui nous rapprochaient ; et qui nous rapprochent encore aujourd'hui. Mais, elle n'a pas cette étincelle de fierté, de bonheur de me voir épanoui dans ce que je fais. Ainsi, autant elle prend plaisir à discuter avec tout un chacun, avec ses amis ou ses connaissances, des activités auxquelles ma sœur s'adonne régulièrement. Autant, elle se délecte d'échanger à longueur de conversation, des péripéties auxquelles sont club hippique est confronté. D'aussi loin que je me souvienne, cela a toujours été le cas. Autant, elle ne prendra jamais la peine – autant que je le sache, et en tout cas pas devant moi -, de partager avec quiconque les déambulations littéraires, philosophiques, historiques, etc., dont je suis le détenteur ou le propagateur.

En fait, depuis mon adolescence, je me suis rendu compte d'une particularité qui n'est allé qu'en progressant au fil des années. Mème si dois concéder que, depuis peu, elle essaye parfois tant bien que mal, et maladroitement, de s’intéresser davantage à mes préoccupations dans les domaines de compétence qui sont les miens. Par exemple, depuis un an ou deux, elle lit épisodiquement les textes que je rédige. Mes nouvelles ou mes commencements de romans notamment. Elle m'avoue que c'est bien rédigé, que mes thèmes sont attrayants. Elle me pose occasionnellement la question « Où en es tu avec ce que tu écris ? », « Écris-tu en ce moment ? ». Et je sais que cela part d'un bon sentiment et qu'elle est sincère. Par contre, lors de nos réunions de famille, quand je suis chez elle et qu'elle reçoit des invités, elle est déçue que je ne me joigne pas à eux. Je lui ai pourtant bien expliqué plusieurs fois que ce n'était pas parce que je ne les appréciais pas. Ce sont tous et toutes des personnes sympathiques, intéressantes, enrichissantes dans bien des domaines, et que j'aime côtoyer lorsque je suis en villégiature chez elle. Hélas, depuis que j'ai l'age de m'exprimer en public, au cours de nos conseils « claniques », on m'a perpétuellement exhorté à me taire. Combien de fois ai-je entendu ces mêmes phrases répétées à mon égard ? : « Dominique, tais-toi ! Ton avis ne nous intéresse pas ! » ; « Laisse parler les adultes, la réalité n'a rien à voir avec ce que tu crois. » ; « Laisse parler ceux qui ont de l'expérience. » ; « Ce que tu dis parce que tu l'a lu dans tel livre ou dans telle émission de télévision, n'est que théorie. Cela ne se déroule pas comme cela dans la vraie vie. ». J'ai toujours entendu ces réflexions dans des termes plus ou moins proches tout le long de mon existence.

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