Au-delà du rêve :

Je te regarde, et au-delà du rêve, ce sont les mille merveilles que le monde est parfois susceptible d'offrir à certains mortels, que je contemple. Ce sont ces infimes lambeaux d’Éternité vers lesquels je tends.

Tout dans ce que tu es, dans ce que tu dis, dans ce qui se reflète dans ton regard de braise et ton sourire éclatant, souligne la fragile perfection dont tu es la suprême engeance. Chaque mouvement que tu fais dans ma direction, chaque courbe de ton corps captivant, chaque étincelle qui luit dans tes yeux sidérants, illumine mon âme, et embrase mon cœur de myriades de véhémences. Mon esprit, mon être tout entier, hurlent silencieusement ton nom lorsque tu paraît devant moi.

Je plains ceux et celles qui n'éprouvent aucune passion, aucun désir démesuré, aucun rêve dépassant leur humanité surannée. Car que vaut l'existence si l'on ne ressent pas au fond de soi ces tourments mêlés de cheminements extatiques ; si l'on n'éprouve rien d'autre que cette morne monotonie à laquelle nous sommes, malgré nous, enchaînés. Et qui, telle un poison qui coule dans nos veines nous transforme en Enfants du Néant.

Je préférerai mourir sous les coups d'armées de damnés et d'être depuis l'Aube des Temps maudits, plutôt que de me morfondre au sein de cette vie sans saveur, sans espoir, sans avenir, et sans luminescence. Cette dernière dut-elle m'engloutir à tout jamais en tentant de l'approcher inconsidérément. Rien n'est plus beau, rien n'est plus grand, rien n'est plus enivrant, que cette quête d'Absolu et d'universalité titanesque. Je défierai Dieux et Démons si nécessaire, pour surmonter les épreuves que seuls leurs imagination pervertie dressera devant moi. Je déchirerai le Ciel et la Terre, fendrai les océans tempétueux qu'ils matérialiseront. Je marcherai, seul, dans les steppes glacés et ventées ou nul ne peut se mouvoir. Je tracerai ton nom en lettres d'or et d'argent au sein du Firmament, afin de leur démontrer que ce qu'ils supposent impossible ne l'est pas véritablement.

Car si j'appartiens à cette Humanité si diverse, si variée, si multiple, si riche de ce qu'elle est – ou de ce qu'elle n'est pas - ; si je suis un humble et modeste représentant de cette espèce qui s'élance à l'assaut des Cieux en croyant qu'elle y lira les réponses qui se cachent en elle-même, jamais je ne poserai de limites au feu qui m'anime depuis si longtemps ; et que toi, ma belle, ma douce, ma tendre aimée, tu sais si bien entretenir par l'intimité des liens qui nous unissent ; et qui subliment cette passion davantage qu'exaltante…