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Mes Univers
5 décembre 2016

Au bord du précipice :

X1C'est assez rare, mais parfois, les émotions que je garde au fond de mon cœur et de mon âme ont tendance à me submerger. C'est un phénomène qui advient alors que je ne m'y attend pas. Il n'y a pas forcément de raison particulière. Néanmoins, il y a toujours un élément inattendu, soudain, particulier, qui le déclenche. Une sorte de déclic lié à des événements qui s'avèrent marquants, qui exacerbent cette sensibilité dont je suis le réceptacle.

 

Soudain, le Soleil qui m'illuminait jusqu'alors disparaît. Je me retrouve dans le noir, alors que j'étais irradié, inspiré, heureux, du fait de sa présence. Tout à coup, j'ai froid, je me sens seul, je me sens abandonné, blessé. Je regarde autour de moi, et malgré que rien dans mon quotidien, dans mes objectifs, dans mes ambitions, dans mes amitiés, dans tout ce que je suis, n'ait changé, malgré tout tout est différent. Mon cœur est serré ; il est couturé de cicatrices. Des fissures béantes y surgissent sans que je ne puisse rien faire pour les refermer. Mon âme est déchirée ; elle se scinde en milliers de fragments. Tout ce qui me rendait heureux jusqu’à cet instant précis s'évanouit dans une sorte de brouillard opaque. Tout ce qui me permettait d'être serein, épanoui, en accord avec moi-même et avec les autres, est avalé par l'obscurité. Et j'ai la sensation – plus puissante que mon intelligence et ma raison qui essayent de me rassurer, de mon convaincre que je suis dans l'erreur – que jamais plus je ne m'évaderai de cet enfer qui terrorise brutalement.

 

D'aucuns – les membres de ma famille notamment – diront que je me plais dans mes tourments, à ressasser ces maux qui m'étranglent et m'étouffent. Je ne sais pas s'ils ont raison ou tord. Comme dans toute situation, un peu des deux certainement. Tout ce que je peux avouer, c'est qu'ils ne sont pas à ma place. Ils ne sont pas dans mon corps, dans mon esprit, dans mon cœur. Et, en conséquences, à l'instant où j'écris ces mots, à l'instant où ces images défilent dans ma tète, à l'instant où ces émotions me submergent, ils ne peuvent éprouver ce que je ressens. Par ailleurs, nous sommes tous dissemblables. Nous réagissons tous à notre manière. Et ce qui peut paraître anodin, sans conséquences, négligeable, à une personne, ne l'est pas pour une autre.

 

Intérieurement, des larmes coulent. Mes yeux sont un peu humides. Mais je sais que je n'arriverai pas à m'en libérer. Il faut vraiment que l'impossibilité de modifier les choses se personnifient dans la réalité devant moi, pour que des flots de larmes s'échappent de mon regard défait. Cela advient, mais c'est extrêmement rare. Habituellement, je garde tout en moi ; je ne sais pas faire autrement. La tristesse et le désespoir se lisent sur mon visage – là aussi, les membres de ma famille me le reprochent assez souvent dans ce genre de circonstances. Pour eux, quelle que soit la situation à laquelle je suis confrontée – et encore plus en leur présence -, il faudrait que je souris, que je fasse semblant d'être bien dans ma peau ; il faudrait que je fasse bonne figure.

 

Mais, voilà, j'en suis incapable. C'est au-dessus de mes forces. Quand ces émotions m'envahissent, une souffrance indicible s'empare de moi. Comme des lames de rasoirs qui me lacéreraient l'âme autant que le cœur ou le corps. Comme des cauchemars d'antan qui ressurgiraient abruptement pour se rire de moi. Des cauchemars que je croyais avoir laissé derrière moi et qui se rappellent à moi, malgré moi, afin de me fragiliser une fois encore ; afin de me pousser à perdre la confiance en moi – et en ceux et celles en lesquels je crois – de manière inconsidérée.

 

En ces instants qui paraissent sans conséquences pour certains et certaines, je n'ai qu'un seul désir : me renfermer en moi-même. Je n'ai qu'un seul rêve : être quelqu'un d'autre, afin d'échapper à ces tristesses qui m’enchaînent à des fantômes ricanants. Qui m'affectent, me meurtrissent, m'épuisent, continuellement. J'aimerai être un homme ordinaire, avec son « métro-boulot-dodo », accaparé par des activités pleinement ordinaires. Je désirerai avoir à me préoccuper uniquement de ma maison, de ma famille – femme, enfants -, de mon jardin, de l'entretien de ma voiture, des courses alimentaires, etc. Rien de bien transcendant, mais qui remplit la vie de tant de gens.

 

Plutôt que de me consacrer à l'écriture de textes, d'articles, d'exposés, de livres, de romans, de nouvelles, ou de poèmes qui vampirisent mon énergie, en espérant à chaque fois que j'en ressortirai grandi, plus riche de ce que j'ai restitué par mes phrases ou mes paragraphes. Plutôt que de m'imaginer que ce que je fais sert à quelque chose, est assez intéressant aux yeux de ceux et de celles pour lesquels j'ai affection, amitié, me consacrent un minimum d'attention.

 

Il n'y a pas longtemps de cela, un de mes correspondant a parfaitement perçu ce manque qui sommeille en moi ; et qui se réveille parfois malgré moi. Ce manque de confiance en moi lorsque les gens auxquels je tiens, qui sont importants à mes yeux, s'éloignent de moi. Ils ont leurs raisons, et elles sont respectables, honorables. Je n'ai pas à y interférer. Je n'ai pas à leur imposer ma présence. Je n'ai pas à leur expliquer que leur détournement plus ou moins momentané de moi me bouleverse et m'attriste à un point qu'ils ne peuvent certainement pas envisager.

 

De plus, les interpeller, leur dire « ne m'oubliez pas, je suis là, et, en tant qu'ami, je suis présent » me déchire. Je n'ai pas le droit leur infliger ma présence. Ce serait irrespectueux de ma part. Or, il n'y a rien de plus primordial de respecter l'autre, avec ses contraintes, ses obligations, ses nécessités. Je ne veux pas que les personnes que je chéris, qui m'illuminent, qui m'apportent beaucoup plus qu'elles ne le pensent lorsque je suis en contact avec elles, se sentent obligées de me consacrer un peu de leur précieux temps. C'est insupportable pour moi, de ressentir cela. C'est une véritable torture mentale de me dire : je suis un importun, un gêneur. Je suis contrains de me rappeler à leur bon souvenir pour qu'ils songent un tant soi peu à moi.

 

Alors, je préfère rentrer dans ma coquille. Fermer ma porte à double tour pour ne plus être morcelé par ces déchirures qui écartèlent mon âme et mon cœur. Je me plonge à corps perdu dans ce que je sais faire de mieux : écrire. Cette véritable nature qui est la mienne et à laquelle je suis incapable d'échapper. Le Destin, Dieu, ce que vous voulez, à tôt fait de me signifier que je n'ai pas d'autre alternative. Que tout ce que j'entreprendrai pour échapper à ce carcan qui m'enserre et m'étouffe, afin d'ouvrir un peu de l'individu que je suis à des gens qui arpentent la vraie vie, sera inutile. Pire, que ce sera moi qui en subirait en une douleur sans nom, une peur de tous les instants, une confiance en moi anéantie d'avoir trop voulu partager ce que je suis avec ceux et celles qui sont, de moi, si différents. Moins sensibles au fait qu'on les néglige parfois.

 

Car, cela, je suis incapable de l'endurer. C'est hors de mes compétences et de mes ressentis émotionnels. Je préfère m'effacer. Je préfère devenir un être invisible, replié sur ce qui ne le blessera jamais, sur ce qui ne se détournera de lui en nulle occasion : ses livres et ses écrits. Car, je meurs à petit feu lorsque je suis ainsi...

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