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Mes Univers
21 janvier 2017

Une autre facette de qui je suis, quatrième partie :

X3En tout état de cause, je ne risquais pas grand-chose de passer des petites annonces téléphoniques. Je ne mentionnais pas le fait que j'étais différent. A cette époque également, j'en éprouvais une profonde honte. Déjà, parce que mes années scolaires n'étaient pas si éloignées que cela. Et que les blessures qui en avaient résulté étaient encore fraîches ; dures a résorber. Ensuite, parce que ce que me montraient mes camarades de soirées rolistiques me confortaient dans ma pensée qu'aucune jeune femme ne s'intéresserait jamais à moi. Qu'elles ne verraient que la différence dont j'étais affublée, et que celle-ci la ferait fuir à toutes jambes. L'expérience de ces « Années Noires » m'a toujours démontré que je n'avais pas tort. Toute tentative s'est soldée par des échecs retentissants.

J'ai passé des petites annonces téléphoniques durant une brève période. Ces numéros de téléphone étaient surtaxés. La facture téléphonique à la fin de chaque mois a immédiatement grimpée en flèche. Et puis, il y avait tellement d'hommes pour si peu de femmes, qu'à chaque fois que l'une d'elles se manifestait, elle était prise d'assaut. Par ailleurs, lorsque cela arrivait, les hommes qui tentaient de l'amadouer n'étaient pas des plus délicats. Ils se lançaient immédiatement dans des propos assez équivoques, salaces, tendancieux, pour ne pas dire plus. Ils ne prenaient pas de gants, ils étaient très explicites sur leurs intentions.

Un jour, pourtant, l'une d'elles a affronté ce brouhaha de voix et d'échanges libidineux, et a fait de moi son interlocuteur. J'avoue que j'ai été surpris et décontenancé. J'étais tellement habitué à être ignoré, que, les premiers essais passés, j'effectuais cette démarche plus par habitude que par conviction que j'allais réussir. La discussion n'a duré que trois ou quatre minutes. Elle habitait Perpignan, et moi Paris. La distance était dès lors un obstacle pour que nous nous rencontrions dans l'immédiat ; et encore plus pour que nous nous voyions dans le but de savoir si nous pouvions nous plaire ; et enfant, afin que nous tentions de construire une relation amoureuse ensemble. Pour autant, nous nous sommes échangés nos numéros de téléphone et nos adresses en aparté. Nous avons décidé de nous recontacter ultérieurement, mais dans un cadre purement amical. Je lui ai dis que j'attendais qu'elle m'écrive, avant que je lui réponde ; et ainsi débuter une correspondance amicale, basée sr la sincérité, le dialogue, l'échange.

Pour avouer l'entière vérité, je lui ai dit cela sans trop y réfléchir. J'étais persuadé qu'elle oublierait très vite notre discussion téléphonique. Qu'elle retournerait à ses occupations habituelles ; et qu'elle trouverait sous peu un compagnon amoureux. J'ai bientôt effacé de ma mémoire cet épisode, pour me concentrer sur les événements que je vivais alors.

Pourtant, à peu près deux semaines plus tard, j'ai reçu une lettre de sa part. Ce ne pouvait être qu'elle, puisque celle-ci provenait de Perpignan, et qu'outre cet éphémère lien téléphonique, je ne connaissais personne dans cette ville. Curieux, excité, heureux, j'ai ouvert cette missive. Je l'ai lue. En deux ou trois pages, elle s'est présenté à moi. Elle se nommait Caroline. Comme moi, elle avait autour de vingt-cinq ans. Elle travaillait dans une agence immobilière. Elle avait beaucoup d'activités. Elle sortait beaucoup. Avait des ami(e)s. Bref, une vie des plus simples, des plus ordinaires pour la plupart des gens ; mais qui, au vu de mon parcours, était à mille lieues de ce à quoi j'étais habitué. Elle aurait habité la planète Mars ou une planète située à l'autre bout de la galaxie, que son existence n'aurait pas été plus éloignée de la mienne.

Je lui ai répondu. Je lui ai décrit qui j'étais, mes particularités : mon handicap, ma maladie, mon quotidien en tant qu'aide-bibliothécaire à la Bibliothèque de l'Arsenal. Une fois encore, j'étais sûr qu'après avoir appris ma différence, elle ne me répondrais pas ; qu'elle me rejetterais, comme toutes les autres jeunes femmes que j'avais tenté d'approcher par le passé ; que ce soit sentimentalement ou amicalement.

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