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Mes Univers
28 janvier 2022

Ah si ! :

X1 (2)

Et oui, "ah si..." Car je suis convaincu que si je partageais ici des textes plus consensuels, qui vont systématiquement dans le sens de la majorité, ceux-ci auraient beaucoup plus de succès. Je suis certain que si mes articles étaient plus courts, plus simplistes, constituées de certitudes et d'à-priori, et de mots ne dépassant pas deux ou trois syllabes, ils seraient davantage lus et partagés. Je suis persuadé que si mes sujets étaient constellés de ressentiments à l'encontre des élites, d'hostilité à l'égard des riches et des puissants, de dégout vis-à-vis des sachants et des intellectuels - dont je suis -, ceux-ci auraient plus de succès.
 
Je suis également sûr que si je ne partageais que des photos ou des vidéos de jeunes femmes à moitié dévêtues qui offrent volontiers leur intimité au quidam en quête de sexe virtuel aisé à rassasier, ce ne sont pas quelques dizaines de quidams qui likeraient ou commenteraient mes publications. Je suis certain que si je m'y exhibais beau gosse, avec un physique avenant, avec un visage d'ange et un sourire ravageur, avec des pectoraux ressemblant à des tablettes de chocolat, avec un peau bronzée et lustrée de sueur, avec une virilité surdimensionnée, et surtout, avec un pois chiche à la place du cerveau, combien de femmes qui m'ignorent se rueraient sur moi comme des furies en manque de lascivité.
 
Ah, si je dévoilais des endroits où célébrités et stars se croisaient, que si je me montrais en ces lieux à leurs cotés, si j'étalais richesses, gloire, et réussite sociale ou financière, ce serait des milliers, des dizaines de milliers, plus encore peut-être, qui souhaiteraient entrer en contact avec moi ; qui souhaiteraient me parler directement ; voire me rencontrer, probablement. Ah, si je me pavanais au volant de voitures hors de prix, dans des hôtels cinq étoiles, sur le pont de yachts de milliardaires, au bord de piscines accolées à des villas de luxe - sur la cote d'Azur, à Saint-Barth, ou à Miami de préférence -, combien de nouveaux amis, de midinettes surexcitées, seraient bienveillants avec moi pour les uns, me promettraient un amour éternel pour les autres.
 
Mais je ne suis pas tout ça. Et surtout, je ne veux pas l'être ; jamais ! Tout ceci n'est que m'as-tu-vu et et bling bling pitoyables. Tout ceci est dérisoire, teinté de médiocrité et d'insignifiance. Dans quel monde vivons-nous pour que tant de gens envient ce paraitre ? Pour que leurs instincts les plus triviaux et les plus mesquins soient honorés de la sorte ? Ils n'ont aucune dignité, aucun respect des autres et d'eux-mêmes. Si leurs projets, si leurs rêves, si leurs espoirs d'une vie meilleure se limitent à ces chimères, nul doute que jamais ils ne seront heureux. Nul doute que leur existence demeurera une coquille, certes attrayante vue de l'extérieur, mais vide, dès qu'on y regardera d'un peu plus près.
 
Au fond, peut-être que ces gens n'ont pas assez de motivation et de discernement pour voir au-delà de ces puérilités. Formatés, institutionnalisés, enchainés à un quotidien qui les nivelle vers le bas, peut-être leur conscience est-elle sclérosée par la platitude de leurs ambitions ? Peut-être leur ego est-il tellement surdimensionné, peut-être leur besoin de reconnaissance, les rendent-ils trop aveugles pour se rendre compte que ce sont eux qui sont à l'origine de leur avilissement.
 
Ils auront beau montrer du doigts les étrangers, les porteurs d'une foi différente de la leur, les gens qui n'appartiennent pas à leur communauté..., ça ne changera rien à la réalité. Ces gens sont ternes et fades ; ils ne sont pas assez évolués pour se fier à autre chose que ce qu'ils désirent entendre ou voir ; et uniquement cela. Ils n'ont pas assez de bon sens pour oser se dire que l'autre n'est pas forcément un ennemi ou un danger ; qu'il peut lui apporter autant qu'ils sont capables de lui donner. Non ! Cette conception des rapports humains est inaccessible à leurs facultés mentales.
 
Et après, ils se demandent pourquoi ils sont considérés comme des moutons, comme des outils jetables dès qu'ils sont trop vieux ou trop usés pour être utilisés. Et après, ils se demandent pourquoi ils sont regardés comme des consommateurs et des consommables qui n'existent que pour travailler, que pour dépenser leurs maigres salaires. Et après, ils se demandent pourquoi on les rend tellement dépendants de crédit à la consommation, de crédits pour rembourser l'achat de leur maison ou de leur automobile, de leurs pleins d'essence, du remboursement de de leurs factures, de leurs achats au supermarché ?
 
En fait, ces gens-là, qui ne pensent pas, qui se laissent porter par la médiocrité de leur existence, ne sont bons qu'à ça ! En fait, ces gens-là ne désirent être que ça ! Leur petitesse les contente, les satisfait. Être dépendants de leurs téléphones portables ou de leurs tablettes tactiles, leurs matchs de foot et leurs émissions de téléréalité diffusées par leurs chaines préférées, leurs joints et leurs bières pour avoir l'impression que leurs soirées entre potes sont réussies, leur mètre carré de neige l'hiver pour faire du ski, leur mètre carré de sable pour se dorer au soleil l’Été, sont leur seul horizon.
 
Dans ces conditions, il est certain que mes textes sont trop copieux pour eux. Il est sûr que mes mots et les idées qu'ils détaillent sont trop complexes à leurs yeux. Il est évident que leur attention et leur concentration ne sont pas assez suffisants pour leur consacrer un temps raisonnable afin de les comprendre et les apprécier. Par contre, si, comme eux, je me passionnais pour l'image idéalisée d'eux-mêmes qu'ils diffusent à longueur de journée sur les réseaux sociaux ou ailleurs, ils m'accueilleraient volontiers au sein de leur cercle amical. Si je m'enorgueillissais de publier des selfies, des encarts sans consistance ou vu et revus jusqu'à l'overdose, là, je serai le bienvenu parmi eux.
 
Mais non ! Je ne suis qu'un intellectuel qui croit que lire -beaucoup -, qui pense que réfléchir et raisonner, est susceptible de dépasser les limites auxquelles ces gens sont assujettis. Ah, si je n'étais pas un penseur qui part du principe que le savoir et l'érudition sont à-même d'éradiquer - du moins, partiellement - l'ignorance, la médiocrité, la bétise, l'insignifiance, la propension à la violence et à la futilité..., que sais-je encore..., que ce serait plus simple ! Ah, si je n'étais qu'un quidam dont les textes n'étaient pas "prise de tète", que ce serait plus facile ! Aussi, ne suis-je suivi que par quelques personnes qui osent se démarquer de cette meute de moutons qui vont tous dans la même direction : dans le mur, évidemment !
 
Dominique Capo
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