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Mes Univers
13 février 2022

La bétise de certains :

X1

Je trouve extrêmement lamentable de rabaisser quelqu'un qui n'a pas eu le même parcours de vie de la majorité. Ce n'est parce que celui-ci est différent qu'il ne doit pas être respecté, considéré, voire honoré, pour tout ce qu'il cherche à partager. Ce n'est pas parce que ses savoirs, ses expériences, ses projets, ses rêves, ses espoirs, ses ambitions, ses passions, ses centres d’intérêts, sortent de l'ordinaire qu'ils doivent être moqués, rejetés, avilis, dégradés. Ce n'est pas parce que, dans un monde où le succès et la renommée se matérialisent au travers du nombre de "likes" ou de commentaires dithyrambiques que l'on récolte que ceux-ci reflètent la véritable valeur, l'authenticité, la sincérité, ou la qualité de la personne ainsi encensée.
 
Ces likes et ces commentaires ne se basent que sur l'image qu'il a de lui-même et qu'il veut partager avec autrui de celui ou celle qui la divulgue. Pour autant, sait-on ce qui se cache derrière ? Représente-t-elle ce que cette femme ou cet homme vit, ressens, accomplit, au jour le jour, en vérité. Cette image est, soit figée - quand il s'agit d'une photo -, soit éphémère - quand il s'agit d'une vidéo ; et cela, quelle que soit sa durée. Cette image répond-elle à toutes les éventuelles questions que l'on se pose sur lui ou sur elle ? Approfondit-elle ce qui se trouve au-delà des apparences ? Creuse-t-elle cette armure qu'elle incarne et qui le ou là protège de ce qu'elle ne désire pas révéler ? Non, bien-sûr que non ! Après-tout, ce n'est qu'une image ou une série d'images collées les unes aux autres quand il s'agit d'une vidéo ; tout simplement.
 
Tout simplement, oui. Facile, puisque de la poudre aux yeux, évidemment. Les images, chacun peut leur faire dire ce qu'il veut. Ça ne prend pas de temps à être fabriqué ; on peut les modifier à l'envi une fois réalisées. On peut les couper, les arranger, les travailler en quelques secondes ; quelques minutes tout au plus, afin qu'elles évoquent ce qu'on aimerait ce que les autres voient de nous ; ce qu'on aimerait ce que les autres se rappellent de nous ; ce qu'on aimerait ce que les autres pensent de nous. Elles suscitent l'envie de plaire ; à tout prix ; d'être honoré, voire idolâtré. Elles montrent souvent quelque chose d'idéalisé, proche de la perfection. Cette perfection qui n'existe pas et qui n'existera jamais, chacun en est conscient ; mais qu'on cherche tout de même à atteindre pour être apprécié, pour se sentir aimé.
 
Par contre, écrire sur soi-même, décrire qui on est est au travers de mots, de phrases, de paragraphes, de textes, voilà qui est plus chronophage, voilà qui est plus ardu, voilà qui est plus épuisant. Cette tâche exige de la concentration, de l'attention, de la réflexion. Cette tâche demande que l'on soit nanti d'un vocabulaire assez large pour être à même de décrire notre personnalité, nos qualités et nos défauts, nos forces et nos faiblesses. Cette tâche demande d'être capable de faire son autocritique - il n'y a pas que du mauvais à s'autocritiquer, loin de là - ; cette tâche demande d'être capable d'explorer les tréfonds de son cœur, de son âme, de sa conscience. Cette tâche demande de la patience, dans un monde où tout va de plus en plus vite, où les gens veulent de l'immédiat, de l'instantané, du simple, de l'aisé...
 
Cette tâche n'est donc pas à la portée de tous et de toutes. Ceux et celles qui cèdent aux sirènes de l'image le savent très bien, même si rares sont ceux ou celles qui oseront l'avouer. Quelle honte rejaillirait sur eux s'ils admettaient que l'écrit est une discipline qu'ils ne savent plus maitriser. Quelle honte de reconnaitre que leur glossaire se limite à quelques centaines ou à quelques milliers de vocables usuels. Quelle honte d'exhiber ses fautes d'orthographe, de grammaire, de ponctuation, au tout venant. Quelle honte de livrer des phrasés style SMS, vite édictés par un correcteur automatique intégré à son smartphone ou à sa tablette tactile. Le rouge inonderait leurs joues et leur front si on leur faisait l'affront de les montrer du doigt concernant leur aptitude à s'exprimer correctement, dans un français digne de ce nom.
 
Et puis, de toute façon, qu'est-ce qu'ils en ont à "foutre", ces mécréants. Savoir s'exprimer dans un français seyant dénué d'acronymes anglophones qui permettent les raccourcis et les approximations délétères, en voilà une gageure qu'ils ne relèveront jamais. Autant marcher pieds nus sur un sol de braises. Autant "décrocher" de sa "came" préférée que sont les "selfies" ou la transformation de son quotidien sans saveur et inepte en spectacle permanent.
 
Et puis, de toute façon, lire, à quoi ça sert ? Franchement, surfe-t-on sur internet, prospecte-t-on les réseaux sociaux pour y lire des textes approfondis ? Quelle prise de tête. Leurs neurones n'y résisteraient pas. Leur intelligence et leur culture supporteraient-elles cet amas d'informations déversées d'un coup ? Leur attention serait-elle assez prononcée pour qu'ils s'y adonnent plus de quelques secondes ; une minutes ou deux dans le meilleur des cas. Après, leur capacité à se concentrer serait altérée ; s'en remettraient-ils ? Probablement pas. Leur cerveau aurait grillé.
 
Aussi, comment feraient-ils pour béer devant leur matchs de foot ou devant leurs émissions de téléréalité favoris, une bière dans une main, un mordeau de pizza à moitié refoidi dans l'autre ? Comment feraient-ils pour suivre les fake-news et les thèses complotistes à propos de tout et de n'importe quoi, dont ils se repaissent à l'envi ? Abrutis par celles-ci qu'ils sont au point de ne plus savoir différencier des informations véridiques, vérifiées, documentées, décryptées, de vidéos de propagande, discutables dans ce qu'elles énoncent, qui promeuvent le sensationalisme et l'ignorance des faits assumée. Oui, les rouages de leur matière grise ne sont-ils pas trop grippés à force d'engloutir de telles insanités, pour savoir en user à bon escient ?
 
Alors, pour lire des textes argumentés sur Facebook ou ailleurs ! Laissez-moi rire ! C'est trop d'efforts intellectuels à fournir. Des commentaires encensant les images retouchées ou améliorées de jeunes femmes à-demi vétues, à la plastique "parfaite", aux formes affriolantes, leur suffisent. Ceux-ci sont le reflet de leurs fantasmes sexuels qu'ils aimeraient assouvir en leur compagnie, tout en sachant que c'est un rève irréalisable. Quant à celles qui les diffusent, ils nourrissent leur ego surdimensionné, ou engraissent une confiance en elles qu'elles n'ont pas. Aussi, cette béquille les aide-t-elle à s'affirmer, à entretenir leur pouvoir de séduction auprès des plus faibles et des plus crédules qui ne s'intéressent qu'à leurs attraits physiques.
 
Dans un monde où l'image est reine, que peut-on attendre d'autre d'elles, finalement. Comme ces "influenceuses" qui inondent le Net de leurs vidéos, qui sont même payées par les grandes marques afin d'encourager les "gogos" qui les admirent d'acheter les produits dont elles font la promotion - insidieusement ou non - ; oui, que doit-on attendre d'autres d'elles ? Et de ces béats d'admiration qui bavent devant elles, qui en font des stars, puis qui s'en détournent peu après sans complexe parce qu'une plus "fraiche", plus débauchée, titille leur propension au voyeurisme.
 
Oui, les mots, les phrases, les paragraphes, les textes, ne font pas le poids face à une telle apathie de leur encéphale. Les pauvres, ils sont tellement fragiles. Il faut tout leur mâcher. Il faut tout leur simplifier, puisqu'ils ne sont plus aptes à stimuler leur intellect par eux-mêmes.
 
Ah, bien-entendu, exalter la pratique du sport, exalter l'effort physique, exalter la compétition. Ah, évidemment, exalter la compétitivité, exalter l'endurance, la solidité, la puissance - anatomique, matérielle, financière, etc. -, exalter la rentabilité à tout prix, ça, ça leur parle ! C'est simple et facile à mettre en exergue. Ca permet de détourner leur attention et de ne pas les faire trop réfléchir. Car réfléchir, s'instruire, savoir développer des arguments ou des raisonnements en usant de l'écrit, en lisant, n'est pas dans l'intéret de tout le monde.
 
Chacun à sa place, voyons ! Il y a ceux qui bénéficient du savoir, de la capacité à y recourir, à l'exploiter, à l'assimiler. Oui, il y a ceux qui s'en servent pour sortir de leur milieu socio-culturel. Il y a ceux qui s'appuient sur ces acquis pour grandir, pour évoluer, pour s'enrichir - et je ne parle pas de ressources financières. Et il y a ceux qui ne s'en servent pas, et qui sont malléables, qui sont influençables, qui sont moralement et culturellement pauvres ; et qui sont heureux et satisfaits de l'être.
 
Mais, en même temps, ils sont les premiers à pleurer sur leur sort face aux aléas de notre société lorsqu'ils en sont les victimes. Mais en même temps, ils sont les premiers à juger et à condamner "l'autre", et en particulier celui qui est "différent" - religion, territoire, orientation sexuelle, que sais-je encore - d'être la source de leurs malheurrs. Mais, en mème temps, ils fustigent ce dernier, est prêt à le lapider, parce qu'il leur faut bien un bouc-émissaire facile à trouver. Un bouc-émissaire simple à haïr, à mépriser, à violenter, à humilier.
 
Oui, car ces gens auxquels ils s'en prennent, contrairement à eux, savent user des savoirs qu'ils ont engrangé pour affronter les épreuves et les difficultés dont leur destin personnel est jonché. Ils savent argumenter face aux personnes qui ne sont pas même du même milieu, qui sont culturellement différents d'eux. Ils savent aussi se défendre face aux vivissitudes de l'existence, trouver des solutions, des portes de sorties, là où ceux qui se contentent de se lamenter sur leur sort se bornent à manifester dans les rues de leurs villes ; là où ceux-ci se bornent à maudire leurs dirigeants politiques de ne pas les prendre par la main pour les dépétrer de leurs problèmes ; là où ceux-ci se bornent à se réfugier dans la drogue, dans l'alcool, dans la violence, pour ne pas à avoir à affronter leurs craintes ou leurs désagréments.
 
Oui, voilà pourquoi, entre autres, ces gens n'aiment pas ceux qui "savent". Voilà pourquoi ils détestent ceux qui se disent intellectuels. Voilà pourquoi ils abhorrent les érudits et les lettrés. Voilà pourquoi ils exécrent les "éclairés" et les plus aptes à s'adapter aux soubresauts de leur vie. Voilà pourquoi ils hinnissent ceux qui, grace à leur instruction, savent comment s'accoutumer aux convulsions et laux incertitudes auxquelles la société et les événements dont ils ne sont pas les maitres les livrent.
 
Et pour tout cela, et pour tout le reste, ces gens leur en veulent. Voila pourquoi ils ne supportent pas qu'ils ne soient pas des victimes ; en tout cas, dans les mêmes proportions qu'eux. Voila pourquoi ils les maudissent de "savoir" rebondir, reconstruire, avancer, évoluer. Tout ça, finalement, parce qu'il y a des gens qui se contentent de leur médiocrité ; et qu'il y a des gens qui ne s'en contentent pas ; qu'il y a des gens qui forcent leur destin et n'abandonnent jamais ; qu'il y a des gens qui préfèrent se cultiver - en écrivant et en lisant notamment - plutît que s'exhiber sur les réseaux sociaux ou de se limiter à ce qui y est diffusé et partagé, pour avoir l'impression d'exister ou se "cultiver...
 
Et ça, ce n'est ni de l'orgueil, ni de la vanité, ni se prendre pour quelqu'un "qui pète pus haut que son cul", etc. de le dire. Ce n'est pas de la fierté mal placée, ce n'est pas de la suffisance, ce n'est pas du dédain envers autrui, que d'être heureux en tirer de l'estime pour soi-même, que de le stipuler. Ce sont ceux qui sont dénués de cette propension à privilégier ces possibilités de se grandir soi-même via ces composants qui l'affirment. Ce qui ne veut pas dire qu'ils ont raison. Bien au contraire, cette poudre aux yeux dont ils se servent ne fait que souligner la médiocrité dans laquelle ils sont englués ; pire, de laquelle ils ne veulent, peuvent, n'osent, pas se débarasser. Parce que c'est plus simple et plus facile de se laisser aller que de se battre pour s'élever ou avancer...
 
Dominique Capo
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