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Mes Univers
8 juillet 2022

Pourquoi ?

X1 (2)

Oui, pourquoi dans une société comme la notre doit-on catégoriser la souffrance et la détresse des uns et des autres ? Sur quels critères, en fonction de quelles caractéristiques, est-on en droit d'affirmer qu'untel souffre plus qu'untel ? Ceux et celles qui s'y emploient sont-ils à la place des personnes qui en sont la proie ? Savent-ils ou savent-elles ce qu'elles endurent au quotidien, de quelle façon celles-ci sont aidées, ou pas ; de quelle façon elles sont regardées, ou pas ; de quelle façon elles sont entourées, ou pas ? Savent-elles quelles moyens sont mis en œuvre pour les soulager des tourments et des peurs qui accompagnent leurs meurtrissures et leurs désespoir ?

De quel droit juge t-on que telle souffrance est plus éprouvante qu'une autre ? Quand on sait que chacun ressent la sienne différemment en fonction de son tempérament, des épreuves subies ou des obstacles franchis tout le long de son existence, en fonction de sa personnalité, en fonction de son parcours personnel, amical, familial, professionnel, etc. ?

Comment ose-t-on affirmer que celui qui a faim est plus malheureux que celui qui est malade ? Comment ose t-on avancer que cette personne âgée est plus dans la difficulté que ce handicapé ? Ceux et celles qui prétendent cela sont-ils dans leurs corps ou dans leur esprit ? Ressentent-ils les déchirements qui sont les leurs ? La solitude et le silence, l'obscurité et l'indifférence de notre société à leur égard, les éprouvent-ils de la même manière ? Les traite-t-on comme des encombrants qu'on fait attendre jusqu'à la saint glinglin avant qu'ils soient pris en charge correctement ? Met-on autant de moyen qu'envers les bien portant, envers les "gens normaux", actifs, productifs et rentables, afin de les soulager de leurs misères et de leurs terreurs ?

Comment peut-on leur clamer "Contente toi de ce que tu as" alors qu'ils sont diminués, incapables de se débrouiller seuls ? Alors que chaque geste est source de peur et de douleur ? Alors qu'on les rabroue, qu'on les bouscule, qu'on les maltraite même ; que ce soit physiquement ou psychologiquement ? Comment ose-t-on leur répliquer "Tais-toi ! Adapte toi à la situation ! Accepte-en les inconvénients et vois-en le bon coté." quand on n'est pas à leur place ? Et qu'on ne ressens pas les choses de la même manière ?

La souffrance n'est pas un état quantifiable. Sa brutalité, sa violence, sa rudesse, et comment on les endure, dépend de beaucoup de choses. En fait, chacun les ressent différemment, et à des degrés divers et variés. De plus, il y en a qui parviennent à surmonter cette souffrance ; il y en a qui y réussissent un peu, moyennement, beaucoup ; longtemps ou éphémèrement ; si ils en sont capables ou si ils en ont la possibilité... ou pas. Si ils sont entourés, si on leur octroie de l'attention ou de l'affection, si on est tolérant ou compréhensif, à leur écoute, y compris quand c'est dans des moments particulièrement inconfortable ou dur.

Oui, il y a tellement de facteurs qui entrent en ligne de compte et qui sont la plupart du temps ignorés ou non reconnus par ceux qui quantifie ou jugent que telle ou telle souffrance est plus prioritaire à leurs yeux qu'une autre. Oui, pour chacun, sa souffrance est insupportable, est monstrueuse, est implacable, est inhumaine, pour toutes ces raisons. Et nul n'a à le lui reprocher ou le condamner, à lui ordonner de se taire ou à l'invectiver pour cela ; c'est évident !!!

Dominique Capo

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