Lire et écrire, toute ma vie, évidemment... :

Je viens de terminer le roman-thriller "Lignes de Feu", de Jeffrey Deaver, et je débute à peine la lecture de la série de titres rattachés à la saga "Fondation". J'ai tant de livres à dévorer. J'ai tant d'univers littéraires à explorer. Et plus je lis, et plus ma curiosité de bibliophile s'amplifie.

Je n'aurai jamais assez d'une vie pour me plonger dans la totalité des livres que j'aimerai lire ; pour éprouver les émotions qu'ils suscitent en moi ; pour partager avec ceux et celles qui leur vouent une passion aussi grande que la mienne ce qu'ils m'apportent véritablement. Quand je frôle leur couverture avant de les ouvrir et d'en décrypter les premières lignes. Quand je respire leur odeur de neuf, si particulière, et que je m'en enivre, en fermant les yeux pour m'en imprégner de longues secondes.

Quand, des années plus tard, furetant les étagères de mes différentes bibliothèques, j'en redécouvre les titres et qu’aussitôt le souvenir des moments merveilleux passés en leur compagnie remonte à la surface. Quand je m'empare de l'un d'eux éphémèrement et qu'immédiatement j'en ai presque les larmes aux yeux, tellement j'aimerai retourner en ces heures où il n'y avait qu'eux, où il n'y avait que moi, que rien d'autre ne comptait autant que ce qu'ils m'offraient démesurément.

Leurs mots, leurs lignes, leurs paragraphes, leurs pages, leurs chapitres, ces journées lumineuses ou ces nuits particulièrement obscures qui emplissaient mon regard. Ce sourire heureux qui constellait mon visage parce que rien d'autre autour de moi n'existait. Ces personnages, ces péripéties, ces aventures, ces univers dont ils étaient les sujets, et dont je me nourrissais quotidiennement à coup de centaines de pages avalées en un après-midi ou en une moitié de nuit.

Et puis, cet Age enfoui dans ma mémoire, mais que je n'oublierai jamais : lorsque je parcourais les corridors, les escaliers, et les salles empoussiérées de la Bibliothèque Nationale de long en large. Cette époque où j'y arpentais ces tunnels interdits au public, et dont les murs étaient constellés de rayonnages sur lesquels étaient positionnés des centaines de milliers, des millions d'ouvrages couvrant toutes es périodes de l'Histoire allant du Moyen-Age à aujourd'hui.

Quand j'en lisais à peu près trois par jour en dehors de mes heures de travail ; quand je prenais sur le coin d'une table des notes manuscrites évoquant les informations et les savoirs multiples dont ils étaient les récipiendaires. Des centaines de feuillets concernant les mythes et les légendes de la plupart des antiques civilisations éparpillées dans le monde entier ; leurs religions, leurs traditions, leurs secrets, leur histoire, quel plaisir de les découvrir et de les approfondir. En même temps, qui peut comprendre ce bonheur qui était alors le mien, en vérité....

Tous ces livres qui font partie de ma personnalité. Tous ces livres qui m'ont construit, qui m'ont permis d'évoluer dans nombre de domaines de la connaissance humaine. Tous ces livres qui m'ont ouvert l'esprit, qui m'ont nourri l'âme, qui m'ont embrasé le cœur plus que je ne saurai le dire. Et pourtant, quel vide, quel désespoir, quelle tristesse, de n'être écouté ou entendu que par quelques-un(e)s ; pas plus. Quelle détresse, quelle misère, quelle souffrance, de ne pas être capable de rassembler autour de soi des gens qui seraient dans le même état d'esprit que moi.

Je donnerai tout ce que j'ai... et ce que je n'ai pas, pour y parvenir. Je vendrai mon âme au Diable volontiers pour que cet amour des livres et du savoir, des imaginaires et de l'écriture, se transmette à ceux et celles que je côtoie, que j'apprécie, que j'aimerai rencontrer. Parce qu'ainsi, ils et elles me verraient tel que je suis réellement, et je n'aurai plus à me cacher, à me taire, ou à demeurer dans l'obscurité. Et je pourrais vivre heureux et épanoui parce que je leur rendrai au centuple tout ce que les livres ont eu l'occasion de m'apporter depuis que je suis enfant...

Dominique Capo