A propos de... :

J'ai débuté la correction et la mise à jour de mes textes décryptant l'actualité la plus chaude du moment. J'ai commencé à rédiger des textes de ce genre en 2015, à la suite des attentats islamistes dont les auteurs étaient affiliés à Daesh et consort. Les derniers de ces textes, eux, datent de l'invasion de l'Ukraine par les troupes russes de Vladimir Poutine. Entre-temps, il y a eu le 13 Novembre, il y a eu les attentats de Bruxelles, il y a eu l'élection d'Emmanuel Macron à la présidence de la République en 2017, ainsi que les conséquences incalculables sur la désintégration des partis traditionnels - à Droite comme à Gauche - depuis les années quatre-vingt-dix. J'ai abordé tellement de soubresauts de l'actualité divers et variés...

Lorsque j'en aurai terminé avec cette correction et cette mise à jour de mes textes, j'enverrai le tout à des éditeurs, afin qu'ils soient publiés sous forme de livre. Je ne prétends pas détenir la vérité concernant ces thèmes abordés par moi. Il s'agit juste de ma vision et de mon analyse des événements auxquels j'ai assisté. Il s'agit des réflexions et des raisonnements auxquels ils m'ont conduits sur leurs causes et leurs conséquences. Je ne demande donc à personne d'adhérer aux observations et aux conclusions que j'en tire. Elles n'appartiennent qu'à moi.

Je partage donc avec vous le premier de ces textes, refondu, relu, corrigé, amélioré... Le seul que je partagerai ici, du reste. Car je ne me fais pas de soucis, il aura certainement ses détracteurs. Il y aura probablement nombre de personnes qui vont m'incendier, me honnir, me calomnier, me mépriser, m'ironiser, que sais-je encore. Je leur répondrai seulement ceci : faites-en autant, et publiez en le résultat. Ensuite alors, et uniquement suite, nous pourrons en reparler....

Tout le monde le sait désormais, un attentat qui a fait douze victimes s'est produit aujourd'hui à Paris. La cible choisie par ceux qui l'ont commis : les locaux du journal satirique Charlie Hebdo. Les terroristes qui l'ont perpétré se revendiquent de la mouvance islamiste rattachée à Daesh. Ils se sont sciemment attaqués à l'une des valeurs cardinales instituées en France depuis 1789 : la liberté d'expression. Or, quelle que soit la religion que l'on honore, tuer des innocents au nom de Dieu est un procédé inqualifiable. Leurs auteurs devront en répondre devant Sa Loi autant que devant celle des Hommes.

L'attentat contre Charlie Hebdo, et par extension, contre les idéaux véhiculés par l'Occident dans son ensemble, n'est que le énième épisode d'une guerre menée par ces fous de Dieu depuis le 11 septembre 2001. L'invasion de l'Irak, la guerre civile en Syrie, les Révolutions Arabes de 2011, les massacres de Londres et de Madrid, ne sont que quelques-uns de ses soubresauts. Par ailleurs, depuis lors, cette guerre revêt moult formes. Jadis, leurs batailles étaient menées par des armées accompagnées de canons, de chars, de cavaleries, de troupes à pied. A notre époque, ce n'est plus toujours le cas. Certes, cette manière de procéder demeure non négligeable. Cependant, les attaques terroristes telles que celles dont les locaux de Charlie Hebdo a été l'objet cèdent de plus en plus le pas aux agressions financières, virtuelles, ou technologiques… Elles rappellent en cela les nombreuses escarmouches parfois dérisoires, souvent ponctuelles, dont a été ponctuée la Guerre de Cent Ans. Car, à l'instar de nos jours, cette dernière a avant-tout été émaillée d'embuscades ici, d'accrochages là. Certes, d'importantes batailles – Crécy (1346), Azincourt (1415), Patay (1429) – ont eu lieu ; elles ont été déterminantes. Néanmoins, elles n'en n'ont pas constitué l'essentiel. C'est notamment cette raison qui a conduit la Guerre de Cent Ans a durer si longtemps (1337-1453).

Au XXI^e siècle, un conflit armé ne se cantonne plus à ravager une province, une région, ou un pays. Rares sont les hostilités où seules deux nations s'opposent afin de conquérir une cité ou une portion de territoire. Prédominent les antagonismes idéologiques ou religieux, les rivalités économiques ou industrielles. Pour l'heure, ce sont les intégristes musulmans qui sont les plus vindicatifs et les plus dangereux. Demain, ce seront peut-être des racistes xénophobes. La montée des extrêmes de tous poils peuvent le laisser présager. Ca s'est déjà vu dans un passé pas si lointain. Et les affres de ce passé sont à même de ressurgir n'importe où et n'importe quand si nous n'y prenons pas garde.

Quoi-qu-il en soit, ces intégristes musulmans ne sont qu'une minorité, comparée à l'immense majorité de musulmans parfaitement assimilée. Car ces derniers adhèrent sans restrictions aux valeurs et aux lois de la République, il est utile de le mentionner. La liberté de penser, d'écrire, de croire ou de ne pas croire, de vivre où l'on veut, comme on veut, en fonction de son orientation sexuelle…, est l'un des fondements de notre démocratie, cette majorité de musulmans en est consciente ; et elle y agrée. Ne nous trompons donc pas d'adversaire, ainsi que certains s'y emploient volontiers. Si quelques extrémistes justifient leurs actions en posant des bombes et en assassinant des innocents, leur vision de la vérité et leurs convictions ne sont pas partagées par le plus grand nombre.

Ceci dit, des intégristes religieux aussi haineux avec des populations qui n'embrassent pas leur conception de la foi, il en existe ailleurs : aux Etats-Unis, les puritains et les fondamentalistes chrétiens refusant la théorie de Darwin et promouvant le créationnisme sont abondants. En Israel, les ultra-orthodoxes juifs refusant la présence d'un État Palestinien et une ville de Jérusalem où les trois Religions du Livre pourraient cohabiter pacifiquement. L'intolérance, le sectarisme, et le fanatisme sont trois des moteurs de cette Troisième Guerre Mondiale débutée le 11 septembre 2001 qui ne dit pas son nom.

Et s'imaginer que notre continent est une forteresse soi-disant inexpugnable est illusoire. Crier à cor et à cris que les étrangers – en particulier de confession musulmane – n'y sont pas les bienvenus est une solution simpliste qui ne résout rien du tout. En faire des boucs émissaires de tous nos malheurs fait écho aux méthodes utilisées contre les juifs dans les années Trente. Et on a constaté à quelles abominations ces méthodes radicales ont abouti au cours de la Seconde Guerre Mondiale.

En effet, pour qui l'aurait zappé, cette tentation d'accuser celui « qui n'est pas comme nous » de nos ennuis ne s'est pas éteinte avec le Nazisme. Elle réapparaît régulièrement. Mieux : chercher à se décharger de nos propres responsabilités sur ceux qui sont différents de nous est le ferment de nos misères à venir. Et il ne faut pas s'étonner ensuite que des partis politiques tels que le Rassemblement National en France, d'équivalents un peu partout en Europe, surfent sur cette vague pour attiser les peurs des ignorants et des naïfs. Il ne faut pas être surpris s'ils prônent le repli sur soi et la préférence identitaire. Il ne faut pas être stupéfait s'ils leur distribuent des réponses faciles… qui n'en sont pas !

En fait, les crispations communautaires servent leurs desseins. Identifier un ennemi extérieur, confondre intégristes musulmans avec simples croyants est du pain béni pour les quidams qui estiment que les remèdes de jadis sont la panacée. A monter des congrégations disparates les unes contre les autres ne fait que jeter de l'huile sur le feu. Ces partis d'Extrème-Droite en profitent dès lors pour exciter l'animosité des « bons français bien de chez nous » à l'encontre des personnes différentes ; quelle que soit l'aspect dont se farde cette différence, d'ailleurs !

Mais, en fait, tout ceci n'est qu'un prétexte. Chaque fait divers dramatique, chaque explosion de violence dont les médias se repaissent, est un paravent derrière lequel ils se cachent pour distiller leur idéologie aussi monstrueuse que celle révérée par Daesh et ses affidés. Finalement, les populations qui associent intégristes musulmans et simples croyants, sont probablement les mêmes qui ouvriront des concentration et de déportation en Europe dans un futur que je ne recommande à quiconque. Elles sont aussi ignominieuses que les barbares qu'elles souhaitent bouter hors d'Europe.

Daesh, pareillement aux terroristes qu'il enrégimente et qu'il arme, est d'autant plus incité à s'attaquer à l'Occident que l'Occident « impérialiste » exalte la mondialisation à outrance. Encensant la loi de l'argent et la réussite matérielle, l'Occident exploite sans état d'âme aux quatre coins du monde des ressources dont il est le seul à tirer avantage. Se fichant allégrement du sort des peuples autochtones, ses multinationales spolient sans complexes les richesses des sous-sols d'Afrique ou d'Asie ; c'est à dire, des contrées où ceux-ci sont les plus pauvres de la planète. Elles détruisent leur faune et leur flore et polluent pour accroître des bénéfices dont leurs actionnaires sont les principaux récipiendaires. La majeure partie des occidentaux, elle, n'en récolte que des miettes au travers des produits manufacturés – et vite obsolètes - qu'elles lui revendent à prix d'or.

Elles ne redistribuent également aux natifs de ces territoires qu'une infime fraction de leurs dividendes. Il ne faut pas exagérer ! Au mieux, par l'intermédiaire de réseaux complexes formés de comptes bancaires et de filiales ouverts dans des paradis fiscaux, ils versent des rétrocommissions et des pots de vins à leurs autocrates. Et elles contribuent à les maintenir à la tête de leurs États tant qu'ils continuent à favoriser leurs intérêts privés.

Pourtant, oui, malgré les crimes de l'Occident à l'égard d'anciennes colonies qui ne nous ont jamais pardonné ses velléités hégémoniques, malgré le néocolonialisme économique qu'il impose, Charlie Hebdo avait le droit – le devoir – de publier les caricatures de Mahomet. Oui, il avait le droit de se moquer le la religion musulmane. Après-tout, la religion catholique, les belges, les suisses, les américains, les agriculteurs ou les politiques…, eux aussi, ont souvent été la cible de leurs pochades. La parution de ses pamphlets a-t-elle entraînée de telles réactions ? Non, évidemment que non ! S'il y a des individus qui s'en sont offusqués, ils n'ont pas exécutés leurs parodistes en guise de représailles. Si il y en que ces caricatures ne font pas rire, qu'ils passent leur chemin. En France, contrairement à quantité de pays, ils ont le choix de les consulter… ou pas. Ils sont en capacité de s'en préserver s'ils ne désirent pas y être confrontés. De fait, qu'ils laissent les hommes et les femmes, qui ne leur ont pas demandé leur avis, qui-plus-est, et qui ont envie d'acheter Charlie Hebdo pour les éplucher, se faire leur opinion à leur sujet. Nous ne sommes pas en Iran, en Arabie Saoudite, en Chine, ou en Corée du Nord, que Diable !

Les terroristes qui ont perpétré un attentat dans les locaux de Charlie Hebdo sont par conséquent des fondamentalistes de la pire espèce. Ce sont des totalitaristes. Des totalitaristes qui s'en prennent aux aspirations mises en avant par la religion qu'ils sont censés défendre. Ils usent du Coran, de même que des édits du Prophète qui y sont retranscrits, dans un but qui est aux antipodes de leurs enseignements. Et in extenso, ils se donnent pour mission d'éliminer ceux et celles qui ne s'y inféodent pas. Daesh et son supposé califat dont l'étendue se situe à cheval sur l'Irak et la Syrie, dont ils se réclament, rançonne et pille allègrement les villes et les villages que ses mollahs contrôlent. Ces derniers n'hésitent en outre pas à faire du trafic de pétrole brut avec la Turquie afin de financer leur propagande sur Internet ou pour attirer de nouvelles recrues.

Non pas parce que l'Islam l'exige ; uniquement parce que ces terroristes interprètent ses textes afin qu'ils deviennent un instrument de pouvoir et de soumission. Comme moult gourous prêchant l'effondrement de la civilisation pour demain, l'arrivée des extra-terrestres pour sauver les « élus qu'ils sont » prochainement, l'Islam n'est qu'un moyen. Comme moult disciples de cultes fumeux, ce sont des considérations plus terre à terre qui les animent : Ben Laden, leur précurseur, est membre d'un clan saoudien richissime avant d'être le chef d'Al Qaida. Ce jeune Ben Laden qui, au milieu des années quatre-vingt, pour ceux qui ne s'en souviennent pas, a été subventionné, équipé et instruit par les Etats-Unis aux techniques de guérilla et de harcèlement de l'ennemi. Eh oui, à cette époque, Oussama Ben-Laden était un allié extrêmement précieux aux yeux du « Grand Satan Américain ». A la tète de l'un des nombreux groupes de rebelles s'opposant aux troupes soviétiques ayant envahies l'Afghanistan en 1979, il a été l'un des multiples pions qu'a employé les Etats-Unis lors de la lutte à mort contre l'URSS. Paradoxalement, il a concouru au retrait des troupes russes de cette région montagneuse en 1989 ; et, par là même à l'accélération de l'éclatement du bloc soviétique qui s'en est suivi. Étrange ironie de l'Histoire, n'est-il pas vrai !

Mais c'était un Age antédiluvien pour la plupart des gens qui lisent ses lignes  ! La Préhistoire, sans doute, pour cette génération née avec un téléphone portable dans une main et une tablette tactile en permanence connectée à Internet et aux réseaux sociaux dans la seconde ! Cependant, quoiqu'elle en pense, le monde n'a pas cessé d'exister avant elle, et il perdurera après elle.

Ce que les Etats-Unis, et donc l'Occident tout entier, étaient alors loin de supposer, c'est qu'il avait enfanté un monstre qui se retournerait bientôt contre lui. Et que ce monstre enfanterait à son tour d'autres monstres tous aussi hideux et effrayants que lui. C'est qu'à jouer aux apprentis-sorciers avec l'un d'eux pour une cause, qu'il y a quarante ans de cela, il était nécessaire de mener, le délaisser ensuite était la plus tragique des erreurs. Il ne fallait pas être sorti de Saint-Cyr pour deviner que c'est contre ses anciens « maîtres » qu'il se dresserait.

Aujourd'hui, l'Occident se réveille, effaré d'être l'objet de la haine et de la vindicte de ce monstre et de ses adeptes. Il a la mémoire courte. Il oublie trop facilement que certains des descendants des peuples qu'il a dominé autrefois se sont réfugiés dans l'observance la plus stricte de leur foi. Il oublie trop aisément que ceux-ci ne lui ont pas pardonné de les avoir traité d'inférieurs parce qu'issus du Proche et du Moyen-Orient, et d'Asie notamment. Il oublie trop commodément qu'à avoir foulé leur traditions et leur religion aux pieds naguère, ils le lui feraient payer très cher un jour.

Ces intégristes musulmans qui abhorrent l'Occident et ses valeurs, qui honnissent le néo-colonialisme économique et industriel dont il fait preuve en ce début de XXI^e siècle, ils se moquent de savoir si les innocents qu'ils assassinent par le biais de leurs épouvantables attentats, n'ont rien à voir avec les infamies qu'ont commis leurs ancêtres. Pour eux, c'est éventuellement une page d'Histoire obscure et sans intérêt. Pour ces fous d'Allah, l'actualité leur rappelle constamment que l'Occident « impérialiste » prône un modèle de société dont ils sont les éternels négligés. Et sur ce, celui-ci est consterné par la rancune féroce que ces extrémistes lui vouent. Quand comprendra-t-il qu'il est lui-même l'artisan de cette rancœur et de cette sauvagerie !

Est-ce une raison pour justifier de telles agressions ? Est-ce une raison pour s'en prendre aux locaux de Charlie Hebdo ? Est-ce une raison pour s'attaquer aux satiristes qui ont publié les caricatures de Mahomet, et qui mettaient la dernière touche a leur numéro à paraître ? Non, bien-sûr que non ! Aucune cause, aucun objectif, aucun combat, aussi nobles et légitimes soient-ils, n'excusent de tels actes. Ils vont à l'encontre des idéaux soutenus par leur religion. Ils sont contraires à leurs visées. En vérité, leurs déchaînements de colère ne font qu'envenimer des situations déjà éminemment délétères.

Hélas, la nature humaine est ainsi faite que le discernement et que le raisonnement éclairé ne l'emportent que très rarement sur le désir de vengeance et les penchants belliqueux de certains. Ces intégristes musulmans, ces partisans d'Al Qaida ou de Daesh appartiennent à cette catégorie. Nous, occidentaux, par notre dédain et notre suffisance vis-à-vis de ces populations, par notre rudimentaire croyance à la supériorité de la civilisation occidentale sur toutes les autres – ça ne date pas d'hier -, nous alimentons leur intolérance et leur malveillance à notre égard. Et tant que cet état de fait se perpétuera, nulle issue ne sera trouvée à cette répugnante confrontation. Une confrontation, du reste, dont personne ne ressortira indemne, puisqu'elle ne peut pas avoir de vainqueur.

En conclusion : oui, c'est une Troisième Guerre Mondiale qui ne dit pas son nom qui a été inaugurée le 11 septembre 2001. Les morts d'Irak, du Tchad, de Syrie, d'Afghanistan, d'Angleterre, des Etats-Unis, en sont les victimes. Celles de Charlie Hebdo, et celles à venir dans les mois et les années qui s'annoncent, également. Sauf qu'il n'y a quelqu'un qui est davantage « victime » qu'une autre pour le simple motif qu'elle est occidentale, et que la deuxième est syrienne ou malienne.

C'est dans ce genre de distinction que se dévoilent les racines des fléaux auxquels l'Humanité est juxtaposée depuis toujours. Des fléaux dont l'Humanité est la seule instigatrice. Des fléaux qui sont à l'image des pires égarements et des pires avilissements qu'elle dissimule en elle. Des fléaux pour lesquels elle cherche systématiquement parmi ses semblables des coupables pour ne pas à avoir à se regarder en face. Avec ses paradoxes et ses contradictions, avec ses faiblesses et ses indignités, avec ses insuffisances et ses lâchetés, certains de ses membres préféreront toujours accuser celui ou celle qui est différent ou qui vient d'ailleurs. Ils balayeront sous le tapis ce dont ils devraient répondre, plutôt que de se remettre en question et de changer de comportement vis-à-vis de ceux et celles qu'ils montrent du doigt, puis qu'ils rendent responsables de leurs propres outrances...

Dominique Capo