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Mes Univers
20 septembre 2008

De Deiteus Mythica, le Mythe des Demi-Dieux : Pages 1047 - 1050

polognePologne, seconde moitié du XVIème siècle :

Les derniers rois de la dynastie des Jagellon, Sigismond II Auguste dès 1548, ainsi que ses successeurs, gouvernent avec tolérance en ouvrant le pays à l’humanisme de la renaissance. Sous leurs règnes, la production céréalière et les exportations croissent, de nouvelles terres sont défrichées et l’enrichissement des nobles leur permet de goûter aux raffinements venus d’Italie. La liberté qui règne en Pologne attire de nombreux étrangers chassés de leur pays par les persécutions religieuses, les jésuites fondent des collèges, et les villes connaissent une floraison architecturale de palais et d’églises où les apports italiens se mêlent aux influences françaises, flamandes et tchèques.

Vers 1555, par le port de Gdansk, la pologne exporte des grains, du lin, du chanvre, de la poix et des munitions navales ; c’est là aussi que transitent les troupeaux de bœufs qui remontent de la moldavie.

La mer Baltique est à l’origine de la richesse de la ville. Proclamée « mare liberum », elle une mer de libre trafic où circulent les marchands d’Amsterdam, les Anglais, les Français et les Polonais. Le centre de développement du commerce polonais se déplace ainsi vers le Nord. Plus au Sud, à Cracovie, Lublin et Lvov, les échanges avec la moravie, la hongrie, Constantinople et l’Italie augmentent également. Mais, malgré cet accroissement des activités commerciales, la pologne n’entre qu’avec lenteur dans une économie monétaire moderne.

En 1563, Jan Kochanowski sert le roi Sigismond Auguste avec zèle, puis il se retire à la campagne. Après avoir écrit ses premières élégies en latin, il compose de petits poèmes dans sa langue natale, suivant en cela le mouvement européen d’écriture en « langues vulgaires ». Son inspiration devient alors plus personnelle. Ainsi, lorsque sa petite fille de quatre ans meurt, il en éprouve un immense chagrin et écrit ses dix-neuf « Thrènes », où des motifs érudits croisent des accents de tendresse et de douleur.

En 1572, 20 % de la noblesse – sa fraction la plus instruite et la plus active – adhère à la réforme, parce qu’elle y voit une arme efficace dans la lutte contre l’application des lois et un moyen de contestation face aux privilèges des membres du haut clergé et de la haute aristocratie. Mais le peuple reste à l’écart de ce mouvement. L’assujettissement des paysans aux seigneurs les prive de toute liberté, et le prétexte religieux ne permet nullement de désobéir. La grande majorité des paysans reste catholique et une minorité est convertie de force à la réforme sous la menace des amendes et des verges. En réalité, la confédération de Varsovie reprend, en les libéralisant quelque peu, les principes de la confession d’Augsbourg, qui a réglé le problème religieux dans l’Empire Allemand. Ici aussi, chacun doit adopter la foi de son prince.

Socin, un réformé parmi les plus virulents à l’encontre de l’Eglise catholique, rejette le dogme de la trinité, nie la divinité du Christ et conteste à l’Etat le droit de s’occuper de religion. Fuyant l’Inquisition italienne, il se réfugie à Cracovie. Les calvinistes réclament alors contre lui un édit de persécution qu’ils n’obtiennent pas, car la pologne se contente de constater la scission des protestants en Eglises majoritaire et minoritaire. Pourtant, l’antitrinitarisme rayonne dès lors à partir de la ville de Rakow, dans la région du Palatinat. C’est là, qu’un an après la mort de Socin, les antitrinitariens publient leur catéchisme officiel.

Pourtant en 1572, malgré cet Age d’Or culturel, les faiblesses du royaume de Pologne sont nombreuses. La bourgeoisie y est pratiquement inexistante, et la noblesse exploite de très grands domaines terriens grâce au travail d’une paysannerie de serfs dont les corvées sont sans cesse augmentées. L’aristocratie se méfie tellement de l’absolutisme qu’elle est incapable de doter l’Etat des instruments qui lui permettraient d’entrer dans l’Age Moderne. C’est ainsi qu’elle cherche à affaiblir le pouvoir royal au profit des diétines, assemblées nobiliaires de province, et qu’elle fait passer ses intérêts locaux avant ceux de l’Etat ; elle repousse également la levée d’impôts nécessaires à la création d’une armée nationale, et les frontières du pays doivent être défendues par des troupes de mercenaires de toutes origines, ressemblant plus à des bandits qu’à une armée organisée.

Pourtant, la pologne a désormais un territoire de 800 000 km² et compte 7 500 000 habitants. Cet agrandissement est le résultat de l’acquisition de la livonie, et de l’Union de Lublin, qui réunit le royaume de Pologne au grand duché de Lituanie sous l’autorité de la dynastie des Jagellon. Cet immense territoire représente une force réelle, mais ses frontières, qui n’ont aucune défense naturelle, sont fragiles.

A cette date, le gouvernement est confié à une diète unique, et le souverain est élu par les deux Etats. C’est Varsovie, moins éloignée de la lituanie que Cracovie, qui est choisie comme siège de la diète. Sigismond II Auguste, le dernier représentant de la dynastie des Jagellon, meurt en 1572, et, en 1573, c’est Henri de Valois, le futur roi de France Henri III, qui est élu roi de Pologne. La noblesse en profite pour accroître encore ses pouvoirs et imposer au nouveau roi des conditions destinées à la prémunir contre toute tentation absolutiste, tant sur le plan politique que religieux ; les nobles qui ont élu Henri ne veulent pas d’une Saint-Barthélemy polonaise. Mais le règne d’Henri de Valois ne dure que quatre mois : il préfère s’enfuir, de nuit, pour aller recueillir la couronne de France, que la mort de son frère Charles IX vient de laisser vacante.

Etienne Bathory, prince de Transylvanie, est élu à sa place en 1576. Le règne de ce roi catholique est glorieux. C’est un homme énergique, un stratège redoutable, et, en 1582, il est victorieux des armées d’Ivan le Terrible, à qui il reprend à nouveau la livonie. Il parvient aussi à maintenir son autorité sur la moyenne noblesse.

Une déclaration d’Etienne Bathory est prononcée à l’occasion de l’édit de Pskov, en 1581. En autorisant la liberté de culte sans renoncer à afficher ses préférences pour le catholicisme, la pologne offre un exemple de tolérance unique en Europe. Car le cardinal Hosius, pilier de la contre-Réforme, introducteur des jésuites à partir de 1564, recommande lui même une politique tolérante, persuadé que les sectes protestantes vont s’affaiblir d’elles mêmes par leurs dissensions doctrinales et leur émiettement. La modération est officialisée en 1573, à la conférence de Varsovie, qui proclame la liberté de conscience. Etienne Bathory continue donc cette politique, tout en refusant d’accepter les agissements des fauteurs de troubles et, par l’édit de Pskov de 1581, il récuse toute forme de violence.

Mais, l’avènement de Sigismond III Vasa, en 1587, modifie la situation. Ce roi confirme certes la liberté de culte, mais sous son règne, la contre-Réforme triomphe. En outre, ses ambitions dynastiques finissent par affaiblir le royaume. Celui-ci affronte à la fois la moscovie, les Turcs et la suède dans des guerres qui vident le Trésor. Le pouvoir central, affaibli, est contesté par les magnats de la haute aristocratie, qui constituent de véritables Etats dans l’Etat.

Russie, seconde moitié du XVIème siècle :

En 1560, un événement tragique vécu par Ivan IV, tsar de Russie, vient interrompre le cours paisible de son règne. Anastasia, son épouse, meurt, et sa disparition laisse le souverain désemparé. Il est persuadé qu’elle a été empoisonnée. Sept ans auparavant déjà, alors qu’il a été gravement malade, il a constaté que les boyards n’ont pas accepté les dispositions qu’il a prises pour sa succession. Désormais, il n’a plus confiance en personne, s’isole chaque jour un peu plus et finit par soupçonner tout le monde, en condamnant à la prison, puis à la mort, ceux qu’il estime responsables de la disparition de sa femme. S’ouvre alors une implacable période de répression, durant laquelle le tsar acquiert véritablement son surnom de « Terrible ». En 1564, Andreï Kourbski, l’un de ses plus fidèles conseillers, refuse les nouvelles orientations du règne et trahit le tsar en se mettant au service du roi de Pologne. La solitude d’Ivan est désormais totale.

A la fin de l’année 1564, il quitte Moscou soudainement, avec sa famille, et annonce qu’il veut renoncer au trône. Il se retire à Alexandrovo, à 90 kilomètres de la capitale. Mais le peuple, les boyards et les riches marchands, effrayés par cette vacance du pouvoir, multiplient les démarches auprès du tsar pour le supplier de revenir. Profitant de cette manifestation éclatante de sa légitimité, Ivan obtient que son retour soit suivi de la convocation d’un nouveau zemski sobor, qui accentue bientôt l’absolutisme de son pouvoir, désormais sans limite.

La principale mesure qu’il fait adopter entraîne la russie dans une tyrannie sans égale. Le pays est divisé en deux territoires distincts, « l’opritchnina », domaine réservé du tsar, et la « zemchtchina », les terres communes. L’opritchnina est formée des régions les plus prospères, à savoir les anciennes principautés et les régions qui entourent Moscou. Cette partie du pays est exclue du droit commun et devient le domaine privé du tsar, dans lequel il peut faire appliquer sa propre loi sans aucune restriction. Là, tous les propriétaires de la vieille aristocratie sont expropriés : douze milles familles de boyards, chassées en plein hiver, sont envoyés dans l’autre partie de la russie, la zemchtchina. Les fiefs qui leur sont attribués sont situés dans les zones de conquête récente, encore mal contrôlées. Ivan les charge en quelque sorte d’assurer le quadrillage, l’occupation et la mise en exploitation des nouvelles terres russes. Cette politique, qui pourrait sembler habile, laisse en réalité sans encadrement les paysans de l’opritchnina ; et, en soumettant ceux de la zemchtchina au servage, elle diminue d’autant leur ardeur au travail.

Pour Ivan, l’essentiel est de posséder à titre personnel le cœur de la russie. Une partie des terres libérées est distribuée à la petite noblesse des fonctionnaires qui, devant tout au tsar, lui est entièrement dévouée. Dans l’opritchnina, une garde personnelle est instituée. Ses membres, les « opritchniki », sont chargés de répandre la terreur : leurs attributs, une tète de chien et un balai, accrochés à leur selle, rappellent qu’ils doivent mordre les ennemis du tsar et balayer la terre de Russie. Tout complot doit être immédiatement dénoncé, et Ivan fait mettre à mort ceux qu’il soupçonne de vouloir lui nuire. C’est ainsi que Vladimir, son cousin germain et compagnon d’enfance, est contraint de s’empoisonner, avec sa femme et sa fille, sous les yeux du souverain. En 1568, ne pouvant plus supporter les reproches du métropolite Philippe, Ivan le livre à l’un de ses favoris qui l’étrangle lui même. La rupture avec l’Eglise orthodoxe est désormais consommée. Les hommes du tsar s’attaquent aussi aux villes rebelles, qui sont livrées au pillage ; en 1570, les habitants de Novgorod, tous soupçonnés de complot contre Ivan, sont massacrés pendant plusieurs jours.

La dévolution des domaines aux hommes du tsar entraîne la disparition de la vieille tradition russe de la commune libre. Les paysans, définitivement fixés à leur terre, sont répertoriés sur des registres. Asservis et appauvris, ils sont de moins en moins productifs et ne songent plus qu’à fuir vers les régions périphériques pour y retrouver leur ancien mode de vie. Cet exode massif dépeuple la russie centrale, et ceux qui restent sont encore plus durement exploités.   

A cette date également, c’est Lubeck, dans la baltique, qui entretient le commerce entre les Russes et les villes de la hanse, ce très ancien regroupement économique de cités du Nord.

Au bout de dix ans d’un régime sévère entretenu par Ivan, le pays est exsangue, épuisé par les impôts et les ravages des opritchniki. En 1570, la récolte est désastreuse ; l’hiver qui suit est marqué par la famine et les épidémies, entraînant bientôt des révoltes et des émeutes. En 1571, les Tatars réapparaissent, prennent Moscou et l’incendient. Pour sauver la russie, Ivan doit renoncer au système de l’opritchnina. Il fait établir aux confins méridionaux du pays une ligne continue de fossés et de fortins qui relient entre elles les places fortes. Il institue enfin un service de garde et de patrouille et oblige une partie de la nouvelle noblesse à s’installer le long des frontières. Mis en échec dans sa volonté de contrôle absolu de l’intérieur du pays, Ivan subit également de sérieux revers dans son désir d’expansion vers l’Occident. Il se heurte à la fois à la suède et à l’union des Couronnes de Pologne et de Lituanie. En 1582, il doit rendre la livonie à la pologne, et, en 1583, l’Estonie et la région du lac Ladoga à la suède. La colonisation ininterrompue de la sibérie compense en partie ces défaites à l’extérieur. 

Mais le tsar sombre peu à peu dans un désespoir qui n’atténue pas la débauche à laquelle il se livre depuis la mort d’Anastasia. Il épouse en effet sept femmes après elle, les répudie successivement, les jettent dans des couvents ou les assassinent, a de nombreuses maîtresses. Progressivement, la folie s’empare de lui et, le 19 Novembre 1581, dans un accès de fureur, il assassine son fils aîné avec un épieu ferré dont il ne se sépare jamais. Son règne s’achève trois ans plus tard par sa mort, qui laisse le trône sans réel héritier : l’un de ses fils, Dimitri, a trois ans, et l’autre, Fédor, est à moitié idiot. Comme pendant l’enfance du tsar, les luttes d’influence reprennent donc, et la russie s’enfonce dans une nouvelle période de troubles.

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