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9 octobre 2008

De Deiteus Mythica, le Mythe des Demi-Dieux : Pages 1094 - 1096

am_rique_centraleColonies de l’Espagne, Amérique du Sud, première moitié du XVIIème siècle :

En 1600, les communautés indiennes deviennent la force de travail de l’économie coloniale, et « l’encomienda » - qui consiste à remettre des Indiens à un propriétaire, ce dernier ayant la charge de les nourrir et de les instruire dans la sainte foi -, un de ses piliers. Le développement des mines d’argent et de l’exploitation du mercure repose sur le travail forcé, la « mita ». Les Indiens doivent consacrer chaque année six mois à servir l’Etat dans des conditions épouvantables. D’autres formes de servitude se développent avec la domesticité indienne. Dans ce cas, le maître paie le « tribut » de ses « employés », en échange de leur travail. Là encore, les abus se multiplient : exploitation sexuelle, sévices corporels, ventes d’enfants, sous alimentation viennent s’ajouter à des contraintes de travail inhumaines. Un peu partout, les ateliers textiles, les « obrajes », fonctionnent avec un personnel indien surveillé par des esclaves noirs brutaux. Les vingt-cinq manufactures de textiles et les dix ateliers de chapeaux ont une telle réputation qu’on n’hésite pas à y envoyer des condamnés de droit commun. Dans les campagnes, l’agriculture de plantation épuise les meilleurs sols et immobilise les Indiens, forcés de travailler dans les champs de café, d’indigo, ou de s’occuper de vastes troupeaux de bovidés. En outre, le déclin irrémédiable de la population indienne entraîne l’importation d’esclaves africains, en nombre de plus en plus élevé. Ainsi, l’exploitation du Minas Gerais oblige les Portugais à faire venir plus de un million d’esclaves de l’Angola : c’est le début de la traite.

D’un autre coté, le bois, le tabac, la mélasse, les cultures extensives – le coton, par exemple -, la viande et, bien sûr, les activités minières – or, argent et diamants – contribuent à une fructueuse contrebande, l’Espagne ne pouvant apporter des produits manufacturés à une société créole consommatrice de produits de luxe. Les autorités locales ferment les yeux ou taxent, tout simplement, les navires anglais et français. A coté de la contrebande, tolérée, la piraterie exaspère les Espagnols. Mais la menace la plus sérieuse vient des Hollandais, qui s’en prennent au Brésil Portugais en raison du rattachement du Portugal à l’Espagne. La compagnie des Indes Hollandaises conquiert le Pernambouc, le royaume du sucre, s’attaque au Nord-est, riche de grands troupeaux bovins et de plantations de manioc, et à Bahia, pour son tabac. Face à cette menace, la population prend conscience de son appartenance brésilienne, et même les Noirs combattent aux cotés des Portugais.

Quant aux créoles, ils tentent, dans l’Amérique hispanique, de se concilier par le commerce les puissances européennes, de maintenir leur pouvoir sur des populations indiennes et noires asservies et d’exiger de la couronne une plus grande autonomie dans les affaires politiques locales.

En 1620, l’Eglise catholique joue un rôle déterminant dans la formation de la société coloniale en Amérique du Sud. Au Brésil les prêtres portugais baptisent les esclaves, les dominicains accueillent les Noirs dans le tiers Ordre de Notre Dame du Rosaire.

Mais les Indiens superposent des cérémonies catholiques à leurs croyances ancestrales. Ainsi, la fête-Dieu correspond à celle du Soleil. Les curés de village s’accommodent d’un tel syncrétisme, mais les jésuites s’attaquent à ces « cultes métis » et surtout aux sorciers et aux chamans, gardiens des anciens rites.

D’autre part, voulant préserver les Indiens de la rapacité des colons, les jésuites regroupent différentes ethnies dans des villages. Ces « reduccions » deviennent bientôt de puissantes communautés dans lesquelles les Indiens christianisés conservent une partie de leur culture. Les jésuites tentent par ailleurs d’éduquer une élite indienne chargée d’enseigner ensuite son savoir au reste de la communauté.

Alors, l’Eglise, désireuse de symboliser sa puissance sur ces terres de grandes Civilisations, impose aux Indiens un monumentalisme propre à impressionner les esprits. La présence de l’or et de l’argent offre aux architectes des matières capables de glorifier la conquête spirituelle du Continent. Le baroque des tropiques reste pourtant assez particulier, car il se déploie à travers un culte qui aime les processions grandioses, une religion pratiquée hors des édifices. Autre particularité, l’appel aux artistes indiens et métis qui, familiers d’une nature exubérante, aiment les arabesques et les couleurs vives. Au Pérou par exemple, le tragique du catholicisme hispanique rencontre le fatalisme des cultures indiennes étouffées par l’envahisseur. Les statues des églises se constellent de « milagros », ex-voto en argent et en or. Le Brésil, quant à lui, connaît l’influence portugaise, et notamment le goût pour les « talha », boiseries sculptées et dorées qui couvrent l’intérieur des églises.

La musique aussi cherche à séduire les Indiens. Le jésuite Domenico Zipoli consacre sa vie à adapter pour eux la musique baroque.

Colonies de l’Espagne, Amérique Centrale, première moitié du XVIIème siècle :

En 1605, l’Empire Hispanique d’Amérique Centrale est aussi vaste que fragile. Aussi, Français, Hollandais et Anglais ne ménagent pas leurs efforts pour y prendre pied et s’y tailler un domaine colonial. De même, ceux-ci se servent de la légende noire, le récit de cruautés perpétrées par les Espagnols lors de la conquête, pour dénoncer, dans leur propre intérêt, le pillage du Continent. Mais, en réalité, de profondes mutations de structures sont en cours en Amérique coloniale.

D’abord, le cadre administratif issu de la conquête se met en place : deux vice-rois, reflets du roi d’Espagne, se partagent la charge de la nouvelle-Espagne – le Mexique et les territoires voisins à peine soumis – et du Pérou – en fait, une région étroite qui s’étend de la colombie au Nord du Chili -.

Le vice-roi s’appuie sur une dizaine « d’auciendas », sortes de parlements au pouvoir judiciaire et administratif, dominés par la noblesse locale. Cette dernière est composée d’Espagnols et de créoles – Espagnols nés en Amérique -, qui revendiquent une hispanité sans mélange et sans partage. Au fil du temps, les tensions s’aggravent entre des Espagnols insulaires écartés des positions économiques importantes, et les créoles, privés de postes administratifs notables, alors qu’au siècle précédent, certains ont accédé à des responsabilités.

Des rivalités surgissent également entre les communautés ethniques, les Basques s’opposant aux Castillans et aux Estrémaduriens ; cette lutte sourde aboutit même à une véritable guerre civile de 1622 à 1624, dans la région du Potosi. Face à ces clans, la couronne limite à six ans la durée du mandat des hauts fonctionnaires, afin de prévenir les méfaits d’une trop grande adaptation au milieu américain.

Rivalités locales, amertume vis à vis d’une Couronne lointaine trouvent un exutoire momentané dans le sentiment religieux qui se manifeste en particulier par le culte de la vierge.

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