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7 novembre 2008

De Deiteus Mythica, le Mythe des Demi-Dieux : Pages 1167 - 1169

espagneEspagne, seconde moitié du XVIIIème siècle :

En 1749, les Cortes, sont des assemblées représentatives désignées par les provinces du royaume. Elles qui ont autrefois tant contesté la politique centralisatrice de Madrid, voient désormais leurs prérogatives disparaître peu à peu. Enfin, en parfaite adéquation avec son modèle français, l’Etat espagnol se dote d’intendants qu’il répartit dans 26 « intendencias » hiérarchisées. Chacun de ces intendants dispose d’un pouvoir considérable en matière de justice, de police et de finances et assure ainsi au roi un contrôle direct et personnel sur l’ensemble de ses provinces.

Mais la france est plus qu’une simple inspiratrice pour l’Espagne, et les deux royaumes à de rares exceptions près, entretiennent d’excellentes relations. La diplomatie franco-espagnole est fondée sur le système des « pactes de familles » qui, des deux cotés des Pyrénées, scellent l’alliance entre les deux branches de la dynastie des Bourbons. Le fait d’avoir pour ennemi commun la plus grande force économique, la trop puissante Angleterre, donne en outre aux deux pays d’excellentes raisons de s’entendre. Ainsi, l’Espagne, à l’issue de la guerre de l’Indépendance Américaine, pendant laquelle elle combat aux cotés de la france contre les Britanniques, reprend aux Anglais la floride, Minorque et la colonie du Sacramento, au Nord de la californie.

En 1750, l’Etat est organisé sur le modèle français. Sous Philippe V, naissent quatre ministères ou secrétariats : celui de l’Etat et des Affaires Etrangères, celui des Affaires Ecclésiastiques et de la justice, celui de la guerre et de la marine et, enfin, celui des Indes. En 1754, la création du ministère des Finances les fait passer au nombre de cinq ; ils vont être sept sous Charles III. Cette réorganisation à la tète de l’Etat sert le dessein des Bourbons qui, à la manière du Roi-Soleil, cherchent à asseoir l’absolutisme de leur pouvoir.

En 1759, Charles III, troisième fils de Philippe V, fait entrer pour un temps l’Espagne dans le concert des Lumières. Souverain, éclairé, il encourage la création de Sociétés économiques des amis du pays et, à la fin du siècle, celles-ci sont déjà une soixantaine à favoriser l’enseignement  technique et  économique  et à diffuser  les idées « modernes ». Mais  Charles III meurt en 1788, et son successeur, Charles IV, n’a ni ses idées ni ses talents.

En 1789, les informations venues de France effraient le gouvernement de Madrid, qui décide de fermer le pays à toute forme d’influence révolutionnaire. Pendant que la france cherche dans le sang et la fureur des voies politiques nouvelles, en Espagne, les forces du conservatisme l’emportent.

L’Espagne connaît une croissance démographique vigoureuse : un recensement réalisé en 1797 indique une population de 11,5 millions d’habitants, contre 8 millions environs au début du siècle. C’est à cette époque là que cette croissance est la plus forte. Elle profite avant tout aux régions périphériques, mais plus qu’en Galicie, plus que dans les provinces Basques ou en Andalousie, c’est en Catalogne que les progrès dans ce domaine sont les plus spectaculaires. Les Catalans ne sont que 400 000 en 1720, ils sont presque 900 000 en 1797. Voir doubler sa population donne à cette région périphérique un dynamisme économique tout à fait exceptionnel.

Dans leur écrasante majorité, les Espagnols restent en effet des ruraux et aucune révolution agricole ne vient transformer les méthodes archaïques qu’ils utilisent pour travailler la terre. L’outillage est primitif et les rendements faibles. Pourtant, les campagnes connaissent quelques changements notables, mais il s’agit seulement de l’introduction de denrées nouvelles, riz, maïs – importé d’Amérique – ou pomme de terre, qui ne modifient pas radicalement les techniques de production et demeurent d’ailleurs assez peu répandues.

En 1797, peu novatrice sur le plan agricole, l’Espagne manque aussi le rendez vous de la première Révolution Industrielle. Seule la catalogne est à l’unisson des bouleversements qui commencent à s’opérer dans le reste de l’Europe. Le capital qu’elle a su accumuler grâce à ses activités commerciales et réinvesti dans l’industrie du coton, le développement des filatures et de l’industrie du textile y devient significatif. Bientôt, une classe d’industriels catalans s’affirme suffisamment pour importer la technique des métiers à filer. Ils introduisent la machine à vapeur. En 1800, l’industrie catalane des Indiennes emploie 100 000 personnes, réparties dans plus de 3000 établissements. Quant à l’Etat espagnol, c’est sans grand succès qu’il tente d’imiter le modèle économique colbertiste en investissant de fortes sommes dans les filatures. Dans toute la péninsule, seule la catalogne se prépare réellement à l’économie de marché. En revanche, la suppression des douanes intérieures et le développement de la marine marchande espagnole sont à l’origine d’un accroissement important du commerce avec les colonies d’Amérique.

Malgré tout, l’essor économique de l’Espagne, limité mais incontestable, doit beaucoup aux nouvelles idées à la mode en France et en Angleterre. Dans l’archaïque Espagne, elles font leur chemin et certains ministres réformateurs et « éclairés », s’empressent d’appliquer les théories des physiocrates et des économistes libéraux qui se font les tenants du « laisser faire, laisser passer ». Des « Sociétés économiques des Amis du Pays » sont le fer de lance des réformes. Sur le modèle français encore une fois, elles regroupent des nobles, des bourgeois et des gens d’Eglise acquis à l’idée de progrès et soucieux d’améliorer les conditions de vie de leurs compatriotes. Au pays de l’Inquisition, il existe même des Grands d’Espagne assez hardis pour, à l’exemple du duc d’Albe, défendre et tenter d’introduire « l’Encyclopédie » de Diderot et de d’Alembert. 

En 1797 encore, l’Inquisition dispose d’un pouvoir exorbitant et unique en Europe, que le roi veut ramener à des limites plus raisonnables. Silencieux, le peuple approuve cette décision, les courtisans en parlent avec une « indifférence méprisante » et la plupart des sujets du roi vantent sa « politique éclairée ». Les Inquisiteurs en sont alors réduits à supplier le souverain de délivrer leur maître, et le souverain accorde sa grâce, mais en imposant ses conditions. Désormais, l’Inquisition ne devra plus intervenir qu’en matière de censure des livres, et « personne ne pourra être jugé sans le consentement de la cour. ». 

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