De Deiteus Mythica, le Mythe des Demi-Dieux : Pages 1306 - 1308

Iran, seconde moitié du XIX^ème siècle :

Le 23 Mai 1844, Seyyed Ali Mohammed, appelé le « Bab » - ou « la porte » -, se proclame précurseur d’un nouveau message divin et abroge la loi islamique. Le babisme est réprimé et les disciples du Bab sont persécutés par les autorités. Lui même est fusillé en 1850. Aussitôt, Hossein Ali Nouri, dit « Baha’Allah », affirme être le messager annoncé par le Bab et prêche une religion nouvelle fondée sur la non violence, l’égalité des hommes et l’accès de tous à la culture et à la science. Ses adeptes prennent le nom de « bahaïs » et sont pourchassés sur ordre des ayatollahs, chefs religieux chiites, qui affirment leur autorité face au pouvoir impérial déclinant, asservi par les pays européens.

Parallèlement, la guerre russo-persane de 1826-1828 a procuré au tsar des gains territoriaux, politiques et commerciaux. Plus tard, les Russes ont obtenu deux ports et les pêcheries de la mer Caspienne, l’exploitation de mines de charbon et de puits de pétrole, la construction de routes et de chemins de fer, la fondation d’une banque d’escompte et la création sous l’égide de conseillers militaires, de la brigade des Cosaques, unité d’élite de l’armée persane.

La grande-Bretagne, qui a fait du golfe Persique un « lac anglais », s’est aussi intéressé au pays et en a occupé le Sud à la faveur de la guerre de Crimée. Elle a acquis des droits économiques : exploitation du télégraphe, du fret maritime, de mines et de forêts, de certains travaux d’irrigation. Bien que soucieux de moderniser son Empire, Nasir al-Din Chah est donc désormais contraint de placer son économie sous tutelle étrangère, à la vive exaspération de la population.

De fait, ses besoins d’argent décident le chah à concéder aux Britanniques le monopole de l‘exploitation du tabac pour une durée de cinquante ans ; l’Imperial Tobacco Corporation à le droit exclusif l’acheter, vendre et commercialiser la précieuse « herbe à Nicot » sur le marché perse comme à l’exportation. Cette mise en coupe réglée provoque des manifestations populaires dans plusieurs villes, mais le chah ne cède pas. C’est alors que, à la fin de 1891, l’ayatollah Chirazi, de Téhéran, déclenche la « grève du tabac » et interdit à tous les fidèles de fumer, priser ou chiquer. Son ordre est si bien suivi que le chah le presse de lever l’interdiction. Sur son refus, l’ayatollah est exilé : la révolte gronde et Nasir al-Din finit par annuler la concession.

Il est assassiné en 1896 et son fils Mozaffar al-Din lui succède. Il est moins violent, mais tout aussi fastueux : durant l’Exposition Universelle de Paris, en 1900, il dilapide avec sa suite la majeure partie d’un prêt de 2 200 000 livres sterling consenti par la russie. Pour rétablir ses finances, il accorde alors une concession d’exploitation pétrolière à l’homme d’affaires William Knox d’Arcy.

De fait, son monopole couvre la totalité du pays, à l’exception de quatre provinces sous influence russe, Azerbaïdjan, Gilan, Mazandéran et Khorasan ; il réserve à son détenteur le « privilège spécial et exclusif de rechercher, obtenir, exploiter, développer, rendre propre pour le commerce, emporter et vendre le gaz naturel, le pétrole, l’asphalte et l’ozocérite dans toute l’étendue de l’Empire Perse. ».

En 1897, l’Empire Perse compte environ 80 000 mosquées ou sanctuaires religieux. Chacun d’eux est entretenu par des « khadems » - ou « servants » - placés sous les ordres d’un « mottavalli » - ou « gardien » -, lui même assisté par des « rowzekhans » - ou « chanteurs qui psalmodient le martyre de l’imam Hussein à Kerbela – et des « pish-namaz » - qui dirigent la prière. Les plus éminents peuvent devenir « êmams-jom’e » - ou « imams de la prière du Vendredi », jour saint de l’Islam - ; les meilleurs théologiens, ou « hojjat-e-eslam »- ou « preuve de l’Islam » -sont promus « ayatollahs » - ou « signe de Dieu » -. Au sommet de cette hiérarchie siègent dix « ayatollahs ozma » - ou « grands » -, parmi lesquels est choisi celui qui incarne l’autorité suprême. 

Palestine, seconde moitié du XIX^ème siècle :

En 1850, grâce à ses investigations, l’Archéologue Français J. Delancy est capable de dresser un plan minutieux de l’ancienne Jérusalem. De son coté, la « Palestine Exploration Found » britannique confie à Charles Warren, la mission d’effectuer une série de fouilles aux alentours de ses plus vieux bâtiments. C’est donc à cette date que débutent les premiers relevés de ses souterrains.

En 1850 également, la palestine est terre Ottomane et, à ce titre, les Juifs qui y vivent sont soumis au statut de « protégés ». Ceux-ci sont en état d’infériorité par rapport aux musulmans, mais le libre exercice de leur culte est garanti. Jusqu’en 1856 cependant, le sultan Abdulmecid accorde l’égalité devant l’impôt à tous ses sujets, mettant fin à la principale ségrégation dont souffrent les Juifs et les Chrétiens de l’Empire.

En 1875, c’est J.L. Parter qui est le premier Archéologue à exhumer les vestiges de l’antique agglomération d’Hazor ; au Nord du lac Tibériade. C’est également lui qui se rend compte que la cité s’est dressée au croisement de la route qui va de Sidon à Bethshem, et de celle qui conduit de Damas à Megiddo. Il constate qu’elle a possédé une importance géographique, commerciale et stratégique, essentielle.

Pour aller plus avant dans ses observations, J.L. Parter consulte ensuite les archives de Mar. Il est en effet curieux de savoir si celles-ci évoquent bien l’existence d’Hazor ; ce qui est le cas. Il y découvre qu’elles considèrent cette agglomération comme un centre d’échanges vital entre Alep et Qatra. Elles révèlent que deux ambassadeurs de Babylone y ont longtemps résidé. Elles montrent qu’elle a été conquise à plusieurs reprises par des Pharaons du Nouvel Empire ; tels Thoutmosis III – XV^ème siècle avant J.C. – et Seti I^er – fin du XIV^ème et début des XIIIème siècles avant notre Ere. Et elles relatent enfin, qu’à une époque, elle a demandé l’aide des souverains de la vallée du Nil, contre les Kharibus qui ont semé l’anarchie dans la région, et qui ont menacé la liberté de ses comptoirs.

Puis, J.L. Parter distingue plusieurs fois Hazor dans les textes de la bible. Et il voit que la cité est particulièrement mise en avant lors de la conquête de la palestine par les Hébreux, mais aussi durant l’occupation de la galilée par Teglath Phalasar III en 732 avant J.C.

En 1881, au début de la première vague d’immigration, la population juive de la région est avant tout urbaine, concentrée à Jérusalem, à Safed, à Tibériade et à Jaffa. En 1882, les Juifs ont déjà acheté 2000 hectares de terres à des propriétaires arabes. Ils fondent des colonies de paysans indépendants, les « moshavot », qui sont à l’origine d’une présence juive agricole essentiellement concentrée près des côtes.

En 1890, l’Archéologue Anglais William Mathers Petrie commence à fouiller le site de Tell el Hasi. Bientôt, il croit y reconnaître un ancien monument jadis implanté à l’Ouest du mont Hébron : l’ancienne Elyon. Puis, un peu plus tard, il réussit à dater ses différentes strates, depuis la période Israélite – 1000 avant J.C. –, à la période Hellénistique.   

Il écrit alors : « Je ne fixais pas mon attention sur le cimetière voisin. Je constatais simplement que les tombes se trouvaient orientées Nord-Sud, et non pas Est-Ouest ; comme des tombes musulmanes modernes. Un prélèvement effectué sur l’une d’elles me fit ensuite penser qu’il s’agissait là du dernier lieu de repos d’une tribu Israélite. ».

En 1895, l’Exil et le retour vers la terre Promise sont des thèmes inscrits dans la culture juive des émigrés. La bible en donne deux exemples célèbres : l’Exode, c’est à dire la sortie d’Egypte, et l’exil à Babylone. Pour les Juifs religieux, il est clair que la diaspora n’est qu’une étape dans l’histoire du peuple d’Israël, qui doit s’achever par la venue du Messie et le retour à Jérusalem.