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22 juillet 2009

De Deiteus Mythica, le Mythe des Demi-Dieux : Pages 1436 - 1438

japonJapon, seconde moitié du XIXème siècle :

Au début de cette période, le développement du mouvement shintoïste rehausse l’image de l’Empereur. Mais c’est avant tout l’influence occidentale qui entraîne la fin conjointe du shogunat et du féodalisme. En effet, en 1854, les Etats-Unis veulent étendre leur influence commerciale sur l’ensemble du Pacifique ; ils envoient une flotte au Japon et, sous la menace, contraignent le shogun à signer un traité humiliant qui ouvre deux ports aux Américains et abaisse les droits de douane. Des accords similaires sont ensuite signés avec la russie, la grande-Bretagne, les Pays-Bas et la france, qui, de plus, imposent au Japon de renoncer à son autonomie douanière et d’accepter que les ressortissants étrangers échappent au contrôle de ses juridictions. Le shogunat est évidemment tenu pour responsable de cette série d’humiliations. L’inflation galopante qu’entraînent ce bouleversement économique, les mauvaises récoltes, l’appauvrissement et la multiplication des soulèvements populaires achèvent de convaincre ceux qui rêvent de restaurer le pouvoir de l’Empereur.

Les partisans de la restauration impériale appartiennent essentiellement à la noblesse japonaise, mais ils réussissent à fédérer autour d’eux le mouvement anti-étranger qui agite le Japon. Le nouveau shogun, Yoshinobu, accède au pouvoir en 1867, l’année même où l’Empereur Mutsuhito monte sur le trône. Sentant la fin inéluctable de l’emprise des shoguns sur le Japon, Yoshinobu abdique en Novembre et transmet son pouvoir à l’Empereur, mettant ainsi fin à 268 années de règne de la famille Tokugawa. Mutsuhito, désormais monarque absolu de son pays, ouvre une nouvelle ère au Japon, l’ère « Meiji » - « du gouvernement éclairé » -. La guerre civile de 1869 entre les partisans du shogun et les troupes impériales ne modifie pas le cours des choses et, malgré le soutien de la france, les samouraïs des Tokugawa sont rapidement vaincus.

Marqué essentiellement par la lutte contre l’influence étrangère et par la restauration d’un pouvoir ancien, le rétablissement de l’autorité impériale aboutit, en réalité, à une révolution moderniste et à l’ouverture du Japon aux valeurs occidentales. Le 6 Avril 1868, le jeune Empereur énonce dans une déclaration solennelle les principes sur lesquels il compte bâtir le nouveau régime. Ce « programme de la nouvelle ère » tient en cinq points : le Japon va devoir se démocratiser et la liberté d’expression va être garantie ; les distinctions de classe vont disparaître et chacun va pouvoir participer aux affaires publiques ; les carrières civiles et militaires vont être ouvertes à tous ; les anciennes coutumes vont être abandonnées si elles ne sont pas conformes aux principes rationnels universellement admis ; enfin, le Japon va s’ouvrir à toutes les connaissances que le Monde a acquises et va se les approprier. Il ne s’agit, pour l’instant, que d’une déclaration d’intention, mais, peu à peu, l’Empereur Mutsuhito utilise effectivement son pouvoir absolu afin de détruire l’ancienne société féodale. En 1871, les fiefs sont abolis ; la noblesse est indemnisée de cette perte par un système de pensions. Les daimyos cessent d’être des seigneurs féodaux et deviennent de simples gouverneurs : ils ne tiennent plus leur pouvoir d’eux mêmes mais de l’Etat japonais. La centralisation administrative va bon train. Sans tenir compte des anciennes divisions féodales, le Japon est découpé en nouvelles régions administratives. Edo, la résidence des shoguns, devient la capitale du Japon et prend le nom de « Tokyo » - « capitale de l’Est » -. Dans cette ville, l’Empereur qui, quelques années auparavant, n’était qu’un symbole, détient désormais seul le pouvoir.    

De fait, regroupé autour de sa personne, le Japon se sent plus apte à résister à l’étranger. Mais, pour affronter l’Europe, Mutsuhito et les élites japonaises savent qu’il faut se mettre à l’école de celle-ci et cesser de prendre pour référence la chine en pleine décadence. Pour nombre d’esprits éclairés, le pays doit choisir entre la civilisation et la barbarie, qui, contrairement à ce qu’a laissé entendre l’idéologie traditionnelle, ne se situe plus à l’Ouest. En fait, les intellectuels japonais ne se sont jamais totalement coupés de l’Occident, grâce à la présence de Hollandais à Nagasaki, mais les connaissances que les Japonais veulent acquérir sont innombrables.

Assimiler à la fois la renaissance, les Lumières et les concepts de la révolution industrielle est en effet un défi étonnant. Le début de la période Meiji est donc un moment de grand bouillonnement intellectuel : pendant deux ans, de 1871 à 1873, sous la direction de l’ambassadeur Iwakura Tomomi, cinquante membres du gouvernement, des nobles, quelques étudiants et cinq femmes découvrent l’Occident. Leur rapport souligne le poids que représente l’industrie dans la richesse des nations modernes et l’importance qu’il faut accorder à l’éducation. Les institutions parlementaires impressionnent aussi beaucoup les visiteurs japonais. Conscients du retard de leur pays, les membres de la mission rentrent cependant avec la ferme conviction que le Japon peut encore réussir sa révolution industrielle en s’inspirant du modèle occidental. En outre, ils ramènent avec eux des livres européens de toutes sortes ; des ingénieurs et des techniciens européens sont invités à enseigner leur savoir, et les membres de l’aristocratie, chargés d’assimiler et de diffuser les connaissances occidentales.

Alors, passant rapidement de la théorie à la pratique, le Japon se modernise dans tous les domaines. La nouvelle législation s’inspire de l’Europe démocratique : la presse est libre, l’instruction obligatoire, l’opium interdit et la crucifixion abolie. L’éducation est réorganisée. Le gouvernement crée huit districts universitaires et s’attache au développement de l’instruction primaire. Les maîtres d’école sont formés dans des établissements à la discipline quasi militaire et les manuels scolaires, contrôlés par le pouvoir.

Outil primordial de la puissance d’une nation, l’armée est organisée avec l’aide d’instructeurs occidentaux qui s’inspirent à la fois des modèles prussien et français pour la rendre plus opérationnelle. Revenus d’Europe, des chefs militaires japonais tirent les leçons de la guerre de 1870 : la nouvelle armée doit avoir l’efficacité et la stratégie des Prussiens, être une armée de citoyens et un creuset national à la française. Bientôt, le service militaire devient obligatoire. Comme elle l’a été en France, la conscription se veut égalitaire et source d’unité nationale. De fait, elle met fin aux privilèges militaires des samouraïs – on leur retire le droit de porter le sabre - et contribue à former des hommes fidèles à l’Empereur et sachant concilier leurs rôles de guerrier et de paysan. Mais, comme initialement en France, la conscription est source de discrimination : les fils aînés sont dispensés de service car ils sont souvent les soutiens de la famille, et les riches peuvent acheter un remplaçant. Le but principal est cependant atteint : une armée nationale au service de l’Empereur. Quant aux anciennes troupes féodales, elles sont réduites à une garde impériale de 10 000 soldats.

Le Japon relevant la tète, la fierté nationale servant la politique impérialiste du gouvernement, celui-ci veut devenir le maître de l’Extrême-Orient. En 1875, le Japon occupe les Kouriles, puis impose son protectorat à la corée contre la volonté chinoise. Ce différend pousse les Japonais à débarquer en Chine, où ils écrasent l’armée, avant d’envahir l’île de Taiwan.

Puis, en 1877, les samouraïs se révoltent une nouvelle fois et le pays est encore plongé dans la guerre civile. Vaincus à Kagoshima par les troupes impériales, ils disparaissent alors définitivement en tant que caste organisée, léguant cependant au pays son principal code moral et social : le bushido.

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