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31 août 2009

De Deiteus Mythica, le Mythe des Demi-Dieux : Pages 1510 - 1512

France_modernePourtant, tout à coup, alors que le secteur est si calme que les forts avoisinants ont été désarmés en 1915 pour récupérer soldats et matériel, Verdun est attaqué le 21 Février 1916 : neuf heures de bombardements détruisent les deux lignes de défense françaises, précédant les trois vagues d’assaut de l’armée du Kronprinz ; celles-ci se heurtent à la résistance acharnée de quelques survivants que tous croyaient anéantis. La situation est critique, car les principaux forts tombent sans presque coup férir. Mais le sacrifice de ces éléments retardateurs permet à l’arrivée des réserves. Nommé chef du secteur le 26 Février, le général Pétain colmate la brèche.

Dès lors, la priorité est accordée à la logistique : une noria de 4000 camions achemine les troupes, le matériel et les munitions par la route de Bar-le-Duc à Verdun, baptisée « Voie Sacrée » par Barrès. Dans les airs, les escadrilles du commandant de Rose sont composées « d’As » prestigieux, tels Navarre, Dorme, Nungesser, Fonck ou Guynemer, qui disputent la maîtrise du ciel à l’aviation allemande.

Falkenhayn s’obstine, mais d’Avril à Juillet, les terribles pertes des assaillants finissent par justifier le célèbre ordre du jour de Pétain, le 10 Avril 1916 : « Courage, on les aura ». Mêlée atroce où les effectifs fondent : lors des attaques de Juillet, le village de Fleury change seize fois de mains Et Falkenhayn échoue finalement : l’armée allemande est aussi « saignée » que la française. Le général allemand est démis de ses fonctions le 29 Août ; ses successeurs, Hindenburg et Ludendorff, renoncent à l’espoir de conquérir la place. Deux offensives françaises, les 21 Octobre et le 15 Décembre, aboutissent à la reprise des forts et mettent la citadelle à l’abri d’un coup de force. Le secteur redevient calme pour plusieurs mois.

Victoire plus psychologique que tactique – sa chute aurait eu un terrible impact sur le moral français -, la bataille de Verdun est un combat de titans : 220 000 morts et disparus, 215 000 blessés coté français ; coté allemand, 330 000 tués, disparus et blessés. 37 millions d’obus ont été tirés en dix mois, transformant pour longtemps les vallons boisés en de sinistres paysages lunaires.

De fait, à cause de Verdun, Joffre raccourcit le front prévu pour l’offensive de la somme et diminue les effectifs de 40 %. Commencée fin Juin, l’attaque débute par quelques brillants succès qui, néanmoins, ne suffisent pas à crever le front adverse. Les assaillants s’essoufflent dès l’automne. Nouveauté sur un champ de bataille : le 15 Septembre, de lourds engins blindés, appelés « tanks » - ou « réservoirs » - en raison de leur forme, accompagnent l’infanterie britannique à l’assaut.

Les Allemands perdent 300 000 tués et blessés, 100 000 prisonniers ; leur système défensif est désorganisé, mais Français et Britanniques totalisent des pertes supérieures. L’échec relatif de l’opération évince Joffre, élevé au maréchalat le 15 Décembre 1916, au profit de Nivelle qui s’est illustré à Verdun.

Inquiète des initiatives alliées, l’Allemagne doute alors de sa victoire finale. Ses discrètes ouvertures de paix, dont la nature n’est pas précisée, sont rejetées le 22 Décembre ; huit jours plus tard, les Etats-Unis demandent aux protagonistes de préciser leurs buts de guerre ; la conciliation voulue n’a pas d’écho, aucun des deux adversaires n’acceptant la moindre concession.

L’Allemagne tient à conserver ses conquêtes, surtout la belgique et le bassin minier de Briey. La france veut retrouver ses provinces perdues e »n 1871 et obtenir un glacis protecteur – rive gauche du Rhin et Sarre. L’Angleterre souhaite restaurer l’indépendance de la belgique mais aussi sa suprématie maritime et commerciale d’avant-guerre. Quant à l’Italie, elle réclame les gains territoriaux promis par les Alliés lors de son entrée en guerre : Trentin, Haut-Adige, cote dalmate avec Trieste et Fiume, Albanie.

L’année 1917 se profilant à l’horizon, les mois s’écoulent en négociations secrètes, en louches combinaisons personnelles, en lassitude générale, en grèves à l’arrière et en arrivée au pouvoir de Clemenceau, seul homme politique capable de galvaniser la nation au moment critique.

Car Clemenceau, dont le programme tient en une seule formule, « Je fais la guerre », lutte contre le défaitisme, faisant juger les ministres Caillaux et Malvy, auxquels il reproche d’encourager, par faiblesse, le pacifisme.

De fait, optimiste depuis Verdun, le général Nivelle décide d’attaquer les positions allemandes dans l’Aisne – secteur du Chemin des Dames – en Avril 1917. Les pertes considérables des premiers jours provoquent une grave crise du moral chez les combattants ; des régiments refusent de se faire massacrer pour rien, les désertions se multiplient. Ces mutineries affectent près d’un quart des effectifs de l’infanterie jusqu’en Juin.

Le général Pétain succède à Nivelle, destitué le 15 Mai ; il rétablit la discipline avec fermeté, par petites touches. 600 mutins sont condamnés à mort par les tribunaux militaires : 75 d’entre eux sont exécutés. Les conditions de vie des soldats sont améliorées : meilleur cantonnement, ravitaillement convenable, permissions régulières. Enfin, les attaques coûteuses sont proscrites, au profit d’opérations plus limitées, mais dont les objectifs sont sûrs. Dissimulée avec soin par la censure, la crise est vite jugulée. Mais partout, les armées sont lasses.

Ainsi, pendant cette période, le front occidental est peu modifié. Les Français, épuisés, restent sur la défensive, attendant, comme le dit Pétain, « les chars et les Américains ». A la fin de l’année, la défection russe libère le front oriental de nombreuses divisions allemandes, que Ludendorff répartit sur chaque secteur.

Pourtant, à partir de Mars 1918, 200 000 « sammies » débarquent chaque mois dans les ports français. Mais les nouveaux venus surprennent par leur taille plutôt élevée et leur décontraction. Les contacts sont d’abord chaleureux avec les populations et l’armée française, qui fournit du matériel et des instructeurs. Mais, bien vite, on se plaint de leur inaction militaire ; les premières troupes ne sont opérationnelles qu’en Avril 1918. Et le 8 Janvier 1918, le président Wilson publie ses « quatorze propositions » de paix, qui ont le mérite de clarifier les buts des alliés.

Les difficultés quotidiennes de la population s’aggravent à partir de 1916, malgré l’aide de la croix-Rouge américaine. La tuberculose frappe les organismes anémiés, le choléra réapparaît, tandis que la natalité s’effondre. Des grèves éclatent parce que les syndicats veulent conserver leur privilège de choisir les ouvriers à mobiliser. Moins bien payées, les femmes arrêtent le travail ; dix milles « cousettes » et « munitionnettes » défilent sur les Champs Elysées. Des augmentations de salaire leurs sont alors consenties, et trois cents milles grévistes reprennent le chemin de l’usine. Mais la dégradation du climat social sape l’Union sacrée.

En outre, la vie est beaucoup plus dure dans les territoires occupés : les Allemands réquisitionnent la production alimentaire et prélèvent des sommes énormes auprès des municipalités. Le sort de l’Alsace-Lorraine, soumise à des lois d’exception depuis 1914, n’est pas plus enviable.

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