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Mes Univers
27 octobre 2009

De Deiteus Mythica, le Mythe des Demi-Dieux : Pages 1605 - 1608

URSSRussie – U.R.S.S., première moitié du XXème siècle :

A l’aube du XXème siècle, le tsar Nicolas II et la tsarine Alexandra n’ont que des filles. Il faut attendre pour voir la naissance d’un prince héritier, le tsarévitch Alexis, dont l’hémophilie désespère la famille impériale. Celle-ci offre néanmoins à l’Europe une image exemplaire. Le tsar couvre son épouse et ses enfants de cadeaux, offrant les œufs de Fabergé. En outre, quand Nicolas et Alexandra sont séparés, ils s’écrivent en anglais, des lettres passionnées, où la tsarine recommande toujours à « Nicky » la fermeté et la rigueur.   

La condition des Juifs ne cesse de se dégrader. Progressivement exclus de l’Université, des professions libérales, tolérés en nombre de plus en plus limité dans les grandes villes, les Juifs sont désormais concentrés dans des ghettos qu’ils ne peuvent quitter. Leur vie même est en danger.

En effet, pour détourner les mécontentements, le régime tsariste choisit d’attiser l’antisémitisme populaire. En 1903, le mouvement des pogroms reprend. A Kichinev, Gomel, Odessa et Kiev, on pille et on massacre selon un scénario éprouvé : le peuple se soulève « spontanément » contre les Juifs et la police n’intervient qu’au bout de longues heures, parfois plusieurs jours après, se contentant de ramasser les victimes. Les Juifs survivants émigrent alors en masse vers l’Occident. 

En 1902, l’Empire Russe vit une brutale récession, qui succède à un brillant essor industriel et commercial favorisé par les capitaux étrangers. Etroitement dépendante des pays occidentaux, la russie subit les contrecoups d’une crise qui touche l’Europe et les Etats-Unis.

Dans l’industrie lourde, particulièrement touchée par le ralentissement des activités, la fermeture de plus de 4000 entreprises entraîne une importante vague de licenciements et le chômage d’une partie de la population ouvrière. Celle-ci, d’existence récente, issue du monde rural, n’ayant pas connu le servage, se montre plus frondeuse que ses aînées, d’autant plus qu’elle comprend, à la faveur de la crise, la vulnérabilité de sa position. Ainsi, dès la reprise économique, en 1903, la prise de conscience politique du monde ouvrier s’exprime à travers les nombreuses grèves qui éclatent dans l’Empire. L’agitation sociale gagne alors la paysannerie, éprouvée par deux années successives de mauvaises récoltes. Entre 1902 et 1904, 670 soulèvements contre les propriétés seigneuriales sont recensés. Ceux-ci révèlent la lente pénétration, grâce à l’école et aux moyens de communication modernes, des idéaux révolutionnaires qui, jusque là, ont été l’apanage de l’intelligentsia. Cette classe sociale intermédiaire, propre à la russie, est composée d’intellectuels qui, depuis des décennies, rêvent d’améliorer le sort du peuple.

Aux tensions intérieures s’ajoutent bientôt, à partir de Janvier 1904, les difficultés extérieures. Engagée dans une guerre contre le Japon pour le contrôle de la mandchourie et de Port-Arthur, la flotte russe accumule des défaites que l’opinion interprète comme un aveu d’incompétence du pouvoir. Loin de susciter un regain d’unité nationale, la guerre russo-japonaise contribue donc à susciter l’hostilité à l’égard du tsar.

De fait, le mécontentement populaire permet à l’opposition de se regrouper en mouvements de plus en plus nombreux et organisés. A l’extrême gauche, les marxistes russes, rassemblés dans le parti social démocrate – S.D. -, fondé clandestinement en 1898, prennent leur essor quand leurs deux chefs, Martov et Vladimir Oulianov – qui prend rapidement le pseudonyme de Lénine – quittent l’Empire. En 1900, ils fondent le journal « Iskra » - ou « l’Etincelle » -.

Lénine y développe ses premières théories sur l’organisation du parti qui, en tant qu’avant garde du prolétariat, doit regrouper une élite de militants autour d’une ligne politique unique. Beaucoup de sociaux démocrates refusent pourtant cette conception. Ils préfèrent celle de Martov, qui préconise la formation d’un grand mouvement de masse rassemblant des tendances diverses.

En 1903, le parti tient son deuxième congrès. Martov y est mis en minorité et rompt avec la tendance de Lénine. Les fidèles de Martov sont alors appelés « mencheviks » - ou « minoritaires ». Les partisans de Lénine reçoivent le nom de « bolcheviks » - ou « majoritaires ». Ceux-ci prônent dès lors le renversement du régime et concentrent leur propagande sur le monde ouvrier.

Le parti social révolutionnaire – S.R. -, est, quant à lui, l’héritier d’un mouvement exclusivement russe : le populisme. Il prêche l’émancipation de la paysannerie, qui constitue à ses yeux, le grand potentiel révolutionnaire. Les sociaux révolutionnaires se manifestent par de spectaculaires actions terroristes, dont plusieurs ministres sont victimes entre 1901 et 1904.

De son coté, l’opposition libérale et modérée commence tout juste à s’organiser. Les partisans de la monarchie constitutionnelle se recrutent surtout dans une partie de l’intelligentsia et les notables des assemblées locales et des unions professionnelles. A la faveur de la montée des mécontentements, les libéraux sont de plus en plus déterminés. En 1904, la création de « l’Union de libération » ainsi qu’une campagne de banquets popularisent leur programme. Cette action prépare la naissance du parti constitutionnel démocrate – dit « K.D. » -, qui représente à partir de 1905 les partisans de la démocratie « à l’occidentale ».

Or, des tensions sociales explosent au début de l’année 1905, à Saint-Pétersbourg, et se propagent ensuite à l’ensemble du pays. Le 3 Janvier, 12 000 ouvriers des usines Poutilov cessent le travail. En trois jours, la grève s’étend à toute la région industrielle de Saint-Pétersbourg. Le Dimanche 9 Janvier, plus de 150 000 personnes se dirigent vers le palais d’Hiver pour présenter une supplique au tsar. Le cortège, portant des icônes et chantant « Dieu sauve le tsar », est accueilli par la troupe, qui fait feu. Plusieurs centaines de morts et de blessés jonchent le pavé. Le « Dimanche Rouge » fait l’effet d’une bombe dans le pays. Il marque la rupture brutale entre le peuple et le tsar, jusque là considéré comme le père protecteur des Russes. L’image de Nicolas II, définitivement ternie aux yeux de l’opinion, devient celle d’un oppresseur sans foi ni justice. Dans les semaines qui suivent, des grèves éclatent dans l’industrie textile, parmi les cheminots et les métallurgistes. Leurs revendications sont essentiellement politiques. Inquiets, les milieux d’affaires réagissent en demandant l’abandon des mesures répressives. Nicolas II répond le 18 Février par un rescrit qui promet la convocation d’une assemblée consultative. Mais le mouvement de contestation est déjà trop radicalisé pour se satisfaire d’une proposition qui ne remet nullement en cause les fondements de l’autocratie.

Loin d’apaiser les esprits, la publication du rescrit impérial attise l’agitation, qui gagne toute l’intelligentsia. Celle-ci se mobilise en multipliant les unions professionnelles et civiques et en créant une Union des unions appelée à fédérer les actions de toutes ces associations. A l’arrivée du printemps, les contestations ouvrières et paysannes se conjuguent. Grèves et manifestations dans les villes, saccage des propriétés nobiliaires dans les campagnes concourent à accroître le désordre. Même l’armée, engagée dans la guerre avec le Japon, est gagnée par les troubles après le désastre naval de Tsushima, le 15 Mai. Un mois plus tard, l’équipage de l’unité la plus moderne de la flotte russe, le cuirassé « Prince Potemkine », se mutine devant le port d’Odessa et résiste quelques semaines. Face à la montée des troubles, l’opposition libérale rédige un « Manifeste de la nation », véritable programme politique de réformes exigeant l’avènement d’un régime constitutionnel. 

Mais Nicolas II refuse le partage du pouvoir. Libéraux, radicaux et révolutionnaires sont résolus à engager l’épreuve de force. En Octobre, une grève générale paralyse tout le pays. Le mouvement débute le 19 Septembre par la grève des typographes de Moscou et, en un mois, s’étend à tout l’Empire. Au plus fort de la crise, le 13 Octobre, un conseil d’ouvriers – ou « Soviet » - se constitue à Saint-Pétersbourg. Les cadres révolutionnaires – Trotski s’y fait remarquer – y jouent un rôle important et y acquièrent un début de légitimité. Ce Soviet se revendique comme le seul représentant des travailleurs de la ville. Son audience est vite élargie par la diffusion de son bulletin, « Izvestia » - ou « les Nouvelles » -. Un autre Soviet voit le jour à Moscou et tente en vain de susciter une insurrection. A la fin de l’année 1905, une dizaine de soviets sont fondés dans les grandes villes de l’Empire.

Leur existence est éphémère, mais ils contribuent à forger une nouvelle conscience politique, marquée par l’influence des partis d’extrême gauche. L’expérience est bientôt retenue par les révolutionnaires, qui voient désormais dans le soviet la future base d’un nouveau pouvoir ouvrier.

Aussi, l’ampleur de la grève générale d’Octobre accule le tsar au compromis. Le ministre Witte, consulté sur la politique à adopter, adresse à son souverain un mémorandum le pressant d’agir « avant qu’il ne soit trop tard » et lui recommandant de mettre fin à l’arbitraire, d’accorder les libertés fondamentales à son peuple ainsi qu’un véritable régime constitutionnel. Le 17 Octobre, Nicolas II signe un manifeste impérial qui annonce l’octroi des libertés civiques – de conscience, de parole, d’association et de réunion -, la convocation d’une future assemblée législative – la « Douma » – et l’organisation d’élections. Mais le manifeste, dans sa formulation, reste imprécis sur de nombreux points. Comment l’autocratie va t’elle cohabiter avec la « Douma », alors que l’existence d’une assemblée législative contredit les fondements mêmes du régime ? Le manifeste produit l’effet escompté par le tsar : il divise l’opposition. Alors que les révolutionnaires refusent tout compromis avec Nicolas II, les libéraux radicaux rassemblés dans le nouveau parti K.D. sont réservés. Seuls les modérés et l’Union du peuple russe, parti d’extrême droite, soutiennent sans condition la nouvelle politique tsariste. Ces divisions profitent au gouvernement qui, pendant l’hiver 1905, se lance dans la « normalisation » du pays. L’écrasement du soviet de Moscou en Décembre, la répression engagée contre la mutinerie des marins du port de Kronchtadt sont suivis par l’abandon des promesses faites dans le manifeste. Le 23 Avril 1906, quelques jours avant la réunion de la « Douma », Nicolas II fait publier les lois fondamentales de l’Empire. Celles-ci dotent la nouvelle Assemblée de pouvoirs qui sont, en réalité, très réduits.

Des élections législatives sont ensuite organisées. Elles profitent surtout au parti K.D., qui sort grand gagnant du scrutin, tandis que la droite ne remporte que 10 % des suffrages. Mais la victoire les libéraux leur sert peu. Constamment en butte au conservatisme du gouvernement la première Douma est dissoute au bout de quelques mois, en Juillet 1906. Celle qui lui succède est politiquement plus radicale – les S.R. obtiennent 37 sièges et les S.D. 66 -, mais aussi beaucoup plus divisée. Elle subit le même sort que la première : elle est dissoute le 3 Juin 1907. Le gouvernement profite de ce nouvel échec pour introduire des réformes qui font perdre à la « Douma » sa représentativité politique et ses prérogatives. Après deux années de lutte difficile avec l’opposition, l’autocratie semble victorieuse.

Car, premier ministre de Nicolas II à partir de Juillet 1906, Stolypine est le grand artisan de la nouvelle politique russe, qui se veut à la fois conservatrice et moderniste. Issu d’une famille de vieille noblesse, il a exercé les fonctions de gouverneur dans les provinces de Grodno et de Saratov. Pour lui, le seul remède à la flambée révolutionnaire est le développement économique du pays. Stolypine accorde d’abord toute son attention à la question agraire, objet de fortes controverses dans les premières Doumas et préoccupation permanente du pouvoir depuis les nombreux soulèvements paysans de l’année 1906. L’innovation la plus importante du Premier ministre consiste à pratiquement supprimer l’ancien système de la commune paysanne au profit de l’exploitation privée. En créant une nouvelle classe de petits propriétaires, Stolypine contribue à l’essor du monde rural et répond partiellement à l’attente de la paysannerie russe. Préoccupé d’asseoir l’économie du pays sur son indépendance, Stolypine s’emploie également à russifier le monde des affaires en favorisant la formation de capitaux russes, le développement des exportations et la mise en œuvre d’une production de plus en plus compétitive. Période de réaction, mais aussi d’accroissement et d’enrichissement, les années 1907 – 1911 sont caractérisées par le reflux du mouvement révolutionnaire et l’épanouissement d’un nouveau nationalisme qui s’appuie désormais sur l’image d’une autocratie éclairée, en marche vers le progrès et l’assainissement social. C’est l’âge d’or du régime de Nicolas II, mais de nombreuses tensions persistent et sont brutalement mises en lumière par l’assassinat de Stolypine, le 5 Septembre 1911.

D’un autre coté, la russie est tentée de raffermir son régime par une guerre victorieuse après son échec contre le Japon, ce qui la renvoie aux Balkans, toujours en ébullition ; l’Empire Ottoman est en pleine décomposition. A partir de 1907, la perspective d’un conflit généralisé en Europe est envisagée par le gouvernement et l’Etat-major.

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