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Mes Univers
30 octobre 2009

De Deiteus Mythica, le Mythe des Demi-Dieux : Pages 1611 - 1613

URSSDe fait, afin de calmer les esprits échauffés par ce discours, le chef du gouvernement, le prince Lvov, se voit contraint de partager le pouvoir avec les socialistes.

Le nouveau gouvernement de coalition comprend désormais sept modérés et six socialistes, les uns sociaux-révolutionnaires, les autres, membres du groupe menchevik. Sa première tâche est de prendre une décision au sujet de la poursuite de la guerre, dont l’impopularité auprès de la population devient chaque jour plus manifeste. Le principe d’une paix sans annexions ni compensations, ardemment soutenue par le soviet, est repris, mais sans succès. Les Alliés refusent radicalement de prendre en compte un point de vue qui, selon eux, relève de la pure utopie. Le ministre de la guerre, Kerenski, suggère d’engager une nouvelle offensive sur le front pour renforcer la position de la russie face aux Alliés et obliger ces derniers à entériner les propositions russes. C’est du moins ainsi qu’il justifie, aux yeux de la nation, la nécessité de fournir un nouvel effort de guerre. Son stratagème réussit et une offensive est lancée le 18 Juin. Après quelques succès initiaux, elle se trouve cependant stoppée faute de matériel.

Cet échec sur le front révèle l’état de désorganisation du pays et l’incapacité des dirigeants à y remédier. Aux problèmes économiques et sociaux s’ajoutent les revendications nationales, en particulier celles de l’Ukraine, qui exige à partir de Juin la reconnaissance de son indépendance. Par l’intermédiaire de Kerenski, le gouvernement tente d’étouffer le contentieux naissant en laissant la possibilité de toute décision en la matière à la future Assemblée Constituante. Malgré l’accroissement des tensions, le 1er congrès panrusse des soviets, tenu en Juin, exprime à une très vaste majorité sa confiance au gouvernement. Seuls les bolcheviks et les S.R. de gauche réclament les pleins pouvoirs aux soviets, s’attirant la réprobation des représentants des autres partis.

Mais, au début de Juillet, la nouvelle de la préparation d’une attaque allemande sème le trouble parmi les soldats de la capitale, bien décidés à ne pas retourner sur le front. Les ouvriers se disent solidaires de l’armée et se tiennent prêts à manifester avec les soldats. Dans ce climat d’effervescence, le comité local du parti bolchevik, contre l’avis de Lénine et de Trotski, croit le moment venu de provoquer une insurrection qui renverserait le gouvernement. Une première grande manifestation est organisée le 3 Juillet ; le lendemain, soldats et ouvriers sortent à nouveau dans la rue, mais ils se trouvent aux prises avec trois régiments restés fidèles au soviet. Après un violent affrontement, ces derniers parviennent à rétablir l’ordre. Les bolcheviks, tenus pour responsables des troubles, sont réprimés. Leur parti est interdit, leurs chefs sont arrêtés et Lénine doit de nouveau fuir en Finlande.

Le prince Lvov charge Kerenski, promu Premier ministre, de réorganiser le gouvernement. Celui-ci se heurte violemment avec les K.D. – parti constitutionnel-démocrate -, qui conteste la participation trop importante des socialistes au nouveau pouvoir. En ce mois de Juillet, face au risque de débordements révolutionnaires, les K.D. cherchent appui auprès des forces conservatrices qui, reconstituées au sein de différents mouvements, militent en faveur du rétablissement de l’ordre et de la poursuite de la guerre jusqu'à la victoire finale. La promotion, le 1er Août 1917, du général Kornilov au titre de généralissime traduit ce rapprochement entre libéraux et conservateurs. Critiqué tant à gauche qu’à droite, Kerenski tente d’arbitrer, non sans peine, les rapports de force sur la scène politique. Cherchant à accroître son autorité, il organise à Moscou, du 12 au 15 Août, une conférence consultative d’Etat réunissant tous les représentants des partis et des unions civiques où, pense-t-il, la majorité soutiendrait ses positions. En réalité, cette conférence témoigne surtout de la popularité du général Kornilov parmi les libéraux et les modérés. 

En cet été 1917, le généralissime catalyse l’espoir d’un prompt rétablissement de l’ordre et de la discipline dans l’armée. Soutenu par les K.D. et les conservateurs, il tente, à la fin du mois d’Août, un coup de force pour renverser le gouvernement de Kerenski. Celui-ci fait alors appel au comité exécutif des soviets afin qu’il use de son autorité sur les cheminots et les soldats pour contrer l’offensive de Kornilov. Le 30 Août, la tentative de putsch est déjouée et le général est arrêté deux jours plus tard, mais les conséquences sur la vie politique de cette insurrection manquée sont importantes. Les K.D., discrédités dans l’opinion par leur complicité avec la « réaction », démissionnent du gouvernement. Kerenski a vaincu, mais avec l’aide des révolutionnaires : sa marge de manœuvre est réduite, car il doit désormais compter avec eux. Enfin, le putsch achève d’ébranler la confiance des soldats dans leurs officiers. Si Kerenski apparaît comme le défenseur de la révolution face aux putschistes, il reste néanmoins très isolé dans un pays en pleine ébullition.

Car, comme en 1905, la révolution entraîne une libération de parole qui se manifeste par d’importantes revendications. Les paysans exigent que la terre revienne à celui qui la travaille et les plus pauvres attendent de la commune villageoise qu’elle procède à une redistribution des parcelles. Mais les mois passent sans qu’aucune décision du gouvernement ne soit prise en leur faveur. Le parti S.R., qui, depuis le début du siècle, soutient la cause de la paysannerie, obtient des prérogatives conséquentes au gouvernement lorsque l’un de ses chefs, Victor Tchernoff, devient ministre de l’Agriculture en Juillet. Mais, face à la montée des soulèvements de l’été, ce dernier se contente de rappeler que seule la future Assemblée Constituante sera habilitée à réformer le système de la propriété et il exhorte les paysans à faire preuve de patience. 

Phénomène majeur de l’année 1917, la politisation de l’armée russe se concrétise par la participation des soldats aux soviets, ce qui cadre mal avec la discipline. Préoccupés par la signature rapide de la paix et inquiets devant l’obstination du gouvernement à poursuivre la guerre, nombre d’entre eux se rallient aux mots d’ordres bolcheviks ; les désertions se multiplient. L’effervescence sociale touche aussi le monde ouvrier. En dépit de quelques conquêtes importantes, le prolétariat est la première victime de la crise qui paralyse l’industrie. Les problèmes de ravitaillement, la diminution des commandes d’Etat entraînent une recrudescence du chômage et ne baisse générale des salaires qui ne suivent pas le rythme de l’inflation. L’idée du contrôle ouvrier des entreprises, défendue par les bolcheviks, gagne en popularité et apparaît à beaucoup un remède à la passivité du gouvernement.

Sortis de la clandestinité à la faveur de la tentative de putsch de Kornilov, les bolcheviks renforcent donc leurs positions à la fin de l’été. La radicalisation générale de la société crée désormais un terrain propice à leur propagande. Le 31 Août, les bolcheviks obtiennent une première victoire au soviet de Petrograd en faisant adopter le principe de la constitution d’un gouvernement sans participation « bourgeoise » et, le 9 Septembre, ils deviennent majoritaires au comité exécutif du soviet. Une semaine plus tard, persuadé que le moment est venu de prendre le pouvoir, Lénine se prononce pour la préparation d’une insurrection armée. A la fin du mois, il réitère son appel dans un article intitulé « la crise est mûre ». Mais sa prise de position ne fait pas l’unanimité. Plusieurs dirigeants, à l’instar de Kamenev et de Zinoviev, estiment que la situation n’est pas favorable à l’instauration du socialisme en Russie et, fort du succès remporté au soviet de Petrograd, ils prônent plutôt la conquête progressive et légale des institutions par le parti. Cependant, l’autorité de Lénine s’impose peu à peu face aux partisans du légalisme révolutionnaire. A la mi-octobre, l’insurrection est reconnue « à l’ordre du jour », et les dirigeants commencent à préparer des groupes insurrectionnels. La menace d’une attaque allemande contre Petrograd légitime la création d’un « centre militaire révolutionnaire » pris en charge par les bolcheviks. De son coté, Trotski fonde au soviet de Petrograd un comité militaire, auquel se joint le 21 Octobre la garnison de la capitale.

Or, dès la mi-octobre, l’annonce de la préparation d’une insurrection circule dans la presse de Petrograd, mais personne ne prend l’information vraiment au sérieux ; bien que des hommes d’affaires fuient la ville et se réfugient à Moscou. Kerenski ne s’alarme pas, se croyant assuré de la fidélité de la garnison au gouvernement et du soutien des S.R. Dans la nuit du 24 au 25 Octobre, les gardes rouges du soviet sont postés sur les ponts et le long des axes stratégiques de la capitale. Le 25 au matin, le gouvernement, replié au palais d’Hiver, fait appel en vain à l’état major de l’armée. A la fin de la journée, le comité militaire révolutionnaire adresse à ce dernier un ultimatum de reddition. Quelques échauffourées éclatent entre les défenseurs du palais et les gardes rouges qui, tard dans la nuit, assaillent le bâtiment. Le gouvernement se rend sans résistance, à quelques heures de l’ouverture du congrès des soviets. Mencheviks et S.R. de droite y condamnent « la conspiration militaire » et quittent l’Assemblée où ne siègent plus que les bolcheviks et les S.R. de gauche. Lénine fait immédiatement voter une motion attribuant tout le pouvoir aux soviets qui, de fait, e trouvent désormais entre les mains des bolcheviks. Avant de se séparer au matin, le congrès approuve les décrets sur la nationalité de la terre et sur le principe d’une paix immédiate, qui constituent les deux premières mesures du nouveau gouvernement.

Mais, si la prise du palais d’Hiver ne fait que six victimes, l’instauration du nouveau pouvoir suscite en revanche plus de résistance, notamment à Moscou : le Kremlin n’est pris que le 3 Novembre, après de violents combats. Dans le climat troublé de la fin de l’année 1917, le gouvernement réagit en prenant une série de mesures pour asseoir sa crédibilité et engager une véritable révolution. Dès le 26 Octobre, Lénine proclame le principe du « contrôle ouvrier » dans les entreprises, exercé non par les employés, mais par le biais de conseils locaux rattachés aux soviets. Le 2 Novembre, les droits des nationalités sont proclamés. Le 14 Décembre est signé le premier décret sur la nationalisation des entreprises industrielles. Parallèlement à ces mesures révolutionnaires, le gouvernement se montre soucieux de légalisme. Après avoir accusé le gouvernement provisoire de retarder la convocation de l’Assemblée Constituante, les bolcheviks décident de réunir cette dernière et organisent en Décembre des élections législatives. Les suffrages révèlent la grande popularité des S.R. de droite, qui sortent vainqueurs du scrutin, remportant à eux seuls plus de la moitié des sièges. Le 18 Janvier 1918, jour de l’ouverture de l’Assemblée, les députés rejettent la motion bolchevique définissant les compétences de la nouvelle institution et ils élisent le S.R. Tchernoff à la présidence. Défiant ce pouvoir concurrent, les gardes rouges font évacuer l’Assemblée le lendemain. La démocratie parlementaire est mort-née.   

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