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14 mars 2010

De Deiteus Mythica, le Mythe des Demi-Dieux : Pages 1761 - 1763

chineL’échec complet du Grand Bond en Avant suscite d’âpres critiques au sein du parti communiste chinois contre la ligne imposée par Mao Zedong. Le ministre de la défense, Peng Dehuai, oblige le « Grand Timonier » à une autocritique publique. Les intellectuels, les artistes, le maire de Pékin renchérissent. A partir de 1959, Mao n’est même plus président de la république : le poste échoit à Liu Shaoqi. Cependant, Mao conserve son emprise sur le parti, la population et l’armée, fort de l’appui des chefs militaires comme Lin Biao. De plus en plus autoritaire et sûr de l’adéquation de sa pensée à la situation chinoise, il veut définitivement bouleverser la société : dès 1962, il s’attaque à la bureaucratie du Parti.

Cet état de choses est très lié à l’évolution interne de l’Union Soviétique, où Khrouchtchev dénonce les excès du stalinisme et s’ouvre aux Etats-Unis. Aux yeux de Mao, il s’agit d’une véritable trahison de l’idéal marxiste léniniste : l’Union Soviétique restaure en partie le capitalisme et sa bureaucratie défend ses propres intérêts au détriment de ceux du « peuple ». Remarquant que ses collaborateurs sont gagnés par les idées « néfastes » de Khrouchtchev, Mao décide d’éliminer ces « contre-révolutionnaires » au profit d’une jeune « avant garde », plus pure, plus rouge. Il vante ainsi les mérites des soldats, véritables héros révolutionnaires selon lui.

D’un autre coté, après l’arrêt de l’assistance soviétique, le gouvernement fait de l’agriculture le secteur économique prioritaire, dans un pays qui compte 80 % de paysans. Il s’écarte de l’orthodoxie soviétique, qui privilégie un mode de développement décentralisé en petites unités de productions. Il encourage aussi les industries légères – machines-outils, chimie, engrais. La chine adopte ensuite une économie plus mesurée, réduit la taille des propriétés privées et réintroduit la notion du profit : la vente des produits sur des marchés libres est autorisée.

En 1963, la chine se dote de l’arme nucléaire. Au même moment, les graves incidents frontaliers du fleuve Oussouri, mettant aux prises des troupes soviétiques et chinoises, font craindre une guerre entre les deux pays. Longtemps tenue à l’écart de la communauté internationale au profit de Taiwan, la chine populaire est reconnue par la france l’année suivante ; elle se rapproche spectaculairement des Etats-Unis et signe un traité de coopération : l’ancien « Tigre de Papier » devient un allié éventuel contre l’U.R.S.S.. Et cette étape importante marque le début d’une normalisation avec les pays occidentaux et avec le vieil adversaire japonais. 

Or, la révolution Culturelle débute en Novembre 1965. Ses premières victimes sont le ministre de la culture, des écrivains, mais elle prend un tour très politique à partir de 1966 puisque Mao en profite pour supprimer ses compétiteurs les plus sérieux. Communiste de la première heure à la carrière exemplaire, Liu Shaoqi fait l’objet d’une campagne de diffamation avant d’être démis de toutes ses fonctions : maltraité à plusieurs reprises ainsi que sa femme par les gardes rouges, il meurt en prison. D’autres personnages influents connaissent un destin analogue. Le Secrétaire général du parti, Deng Xioping, est contraint de s’effacer. Mao s’adjoint de zélés collaborateurs : outre son ancien secrétaire politique Chen Boda, un petit groupe d’idéologues qu’il désigne lui même sous le nom de « Bande des Quatre », réunit sa femme Jiang Qing et trois partisans acharnés de la révolution Culturelle, Wang Hongwen, Zhang Chunqiao et Yao Wenyuan. Ils dirigent à leur gré les actions des jeunes Chinois fanatisés, surtout des étudiants.

De fait, Mao embrigade cette jeunesse malléable dans l’organisation quasi militaire des « gardes rouges », lesquels exécutent aveuglément ses ordres et lui vouent un véritable culte. Par millions, ils défilent devant le « Grand Timonier », brandissant « le petit livre rouge » comme une arme ou un talisman. Ils mettent au point une déclaration en seize points qui définit les « éléments engagés dans la voie capitaliste », les « zouzipai », qu’il faut débusquer. Ils usent également de moyens bien plus expéditifs pour tout détruire, les individus d’abord, les institutions ensuite. Mao leur octroie des pouvoirs très importants, les encourage à combattre leurs professeurs, puis tous les symboles de l’ancienne Chine ou de la « société bourgeoise » : religion des ancêtres, confucianisme, livres, musique, architecture, « art bourgeois », et les cadres du Parti. Ils jugent et humilient en public ces « ennemis », brûlent livres et œuvres d’art : toute la chine est prise dans une spirale de folie destructrice. La même année, la révolution Culturelle contamine les usines et les fermes, dont la production chute au nom de la pureté idéologique. Déportés dans les campagnes pour se « rééduquer » par le travail manuel, de nombreux artistes, professeurs et savants succombent aux mauvais traitements ou sortent définitivement brisés de ces épreuves. Les gardes rouges eux-mêmes rejoignent les campagnes, où ils sont à leur tour broyés par le système qu’ils ont engendré. Tandis que des slogans imagés, imposés par les responsables, fleurissent un peu partout.

Il s’ensuit une vague de violence meurtrière : des groupes rivaux s’affrontent dans un climat d’anarchie qui menace l’unité du pays. Sous l’impulsion du Premier Ministre Zhou Enlai, le gouvernement fait volte face en 1967 et redonne à l’armée son rôle de maintien de l’ordre : les gardes rouges les plus dangereux sont éliminés. Mais le mouvement maoïste se poursuit sous le contrôle des comités révolutionnaires, qui mettent en place une nouvelle administration civile et militaire.

La révolution Culturelle écarte donc du Parti communiste nombre de ses fondateurs, accentue l’autorité de Mao et accroît l’emprise de l’armée sur l’appareil politique. En Avril 1969, le IXème Congrès désigne un successeur au « Grand Timonier », en la personne de l’énigmatique ministre de la défense, le maréchal Lin Biao. Ancien héros de la longue Marche et de la guerre contre le Japon puis contre les nationalistes, ce dernier affiche vite une indépendance qui inquiète Mao Zedong. Il revient sur ce choix initial, mais la mort « providentielle » - et suspecte – de Lin Biao, fuyant vers l’Union Soviétique après l’échec d’une conspiration, le débarrasse d’un redoutable rival.

De fait, au début des années 1970, les luttes de factions déchirent le Parti communiste. La bande des Quatre relance le combat révolutionnaire contre les derniers vestiges « conservateurs » : c’est l’occasion de s’attaquer au Premier Ministre Zhou Enlai et à son protégé Deng Xiaoping, souvent opposés aux excès des gardes rouges. La disparition de Zhou Enlai, puis celle de Mao, en 1976, précipite les conflits de succession.

Les démonstrations de sympathie pour les deux chefs disparus se muent aussi en manifestations politiques lors du deuil national : des banderoles apparaissent, soutenant Deng Xiaoping et condamnant Jiang Qing, veuve de Mao. Cette dernière entame une campagne de diffamation publique contre l’ancien secrétaire général du Parti. Mais le nouveau Premier Ministre Hua Guofeng souhaite en finir avec la révolution Culturelle et fait exclure de la bande des Quatre du Parti. Le procès de ces derniers est donc un modèle du genre : au lieu de les condamner simplement pour « extrémisme », la justice chinoise les accuse de complot, de trahison, ‘d’embourgeoisement » et de maints actes « contre-révolutionnaires ». Le XIème Congrès, retient l’idée d’étudier de plus près l’histoire de la politique du Parti depuis sa fondation, ce qui aboutit à une critique relative de Mao Zedong et à une « démaoïsation » partielle.

Le bilan de la révolution Culturelle apparaît néanmoins désastreux ; des révoltes paysannes secouent la chine, où des millions de personnes ont péri de malnutrition et de mauvais traitements. La chine met en place une planification coercitive qui sépare les couples trop féconds, encourage la stérilisation ou l’avortement : la norme est bientôt celle de l’enfant unique ; mais il faut toutefois autoriser les « ruraux » à avoir un second enfant si le premier est une fille, pour limiter les cas d’infanticide.

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