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28 mars 2010

De Deiteus Mythica, le Mythe des Demi-Dieux : Pages 1785 - 1787

USA_aujourd_huiEn 1954, l’Etat major des Etats-Unis se rend compte que la guerre directe avec l’U.R.S.S. comporte désormais de tels risques de destruction totale qu’il privilégie plutôt une stratégie indirecte ; Celle-ci vise à la déstabilisation de l’adversaire par l’exploitation de ses faiblesses internes et par la création de zones d’insécurité à sa périphérie. Avant tout psychologique, cette action recourt à une propagande effrénée.

L’Union Soviétique s’efforce de soutenir partout dans le Monde des guérillas et les mouvements de décolonisation, rebaptisés « luttes de libération nationale ». Les Etats-Unis créent alors des alliances régionales, propres selon eux à endiguer les progrès du communisme : l’ANZUS – Pacifique Sud -, ou l’OTASE – Asie du Sud-Est -. Des traités de coopération semblables sont établis avec les pays du Moyen-Orient, dont les ressources énergétiques prennent un caractère stratégique vital.

A l’intérieur, les Etats-Unis se mobilisent, non sans excès, contre la « menace rouge ». Si le parti communiste américain n’a qu’une audience quasi nulle, l’infiltration d’espions à la solde de l’U.R.S.S. constitue un réel danger. Des accusations portées contre plusieurs personnalités politiques et scientifiques donnent lieu à des poursuites justifiées. L’inculpation du diplomate Alger Hiss, coupable d’intelligence avec les services secrets soviétiques, propulse l’habile républicain Nixon sur la scène politique. L’arrestation et le procès des époux Rosenberg, ainsi que la filière issue du laboratoire de Los Alamos et se composant de l’ingénieur May et du mécanicien Greenglass, jettent la suspicion sur les milieux scientifiques. Mais ces affaires sont rapidement exploitées par la presse et par quelques démagogues soucieux de publicité personnelle : jusqu'à son discrédit final, le sénateur McCarthy se rend célèbre par sa commission d’enquête sur les agissements communistes au sein des organes gouvernementaux américains. Sous l’impulsion plutôt agressive d’Edgar Hoover, directeur du FBI, ce dépistage tourne bientôt à une persécution administrative dénuée de fondements ; des « listes noires » sont dressées dans plusieurs catégories professionnelles, comme le cinéma. Ces actions, qui encouragent la délation et la calomnie, finissent par lasser l’opinion. Le président Eisenhower désamorce cette procédure inquisitoriale avant d’écarter les trublions les plus notoires de la vie politique américaine.   

Par ailleurs, si les Etats-Unis sont rassurés par la détermination de leurs alliés européens face aux menées soviétiques, ils ne veulent pas voir les effets pervers de cette répression qui, ajoutés aux méthodes oppressives de confiscation et de conservation illégitime du pouvoir, confèrent à ceux qui la pratiquent un caractère de « despotisme oriental ». La grèce, la turquie, l’Iran, de nombreux pays d’Amérique latine connaissent des juntes militaires aux pouvoirs discrétionnaires : s’érigeant souvent en gardiens de l’ordre politique, ces régimes dictatoriaux prennent pour prétexte la lutte contre la subversion communiste non seulement pour interdire les activités politiques des partis d’extrême gauche, mais aussi pour briser toute revendication syndicale – même modérée -, étouffer les aspirations des classes sociales défavorisées et, plus largement, s’opposer à toute expression démocratique, avec le consentement tacite des Etats-Unis.

En 1954 également, un arrêt de la cour Suprême met fin à la doctrine vis à vis des Noirs : « Séparés mais égaux » de 1896, et donc de la ségrégation scolaire. Bientôt, des familles Noires inscrivent leurs enfants au lycée « blanc » de Little Rock et le président Eisenhower doit expédier 1000 parachutistes pour protéger les élèves Noirs et faire respecter la décision de la cour Suprême. Un peu plus tard encore, à Montgomery – Alabama -, le pasteur Martin Luther King encourage les Noirs à ne pas utiliser les autobus municipaux où la ségrégation est imposée. Et le succès de l’opération l’incite à créer la « Southen Christian Leadership Conférence » - ou « SCLC » - qui séduit la bourgeoisie noire par sa non violence.

En 1955, Robert Mitchum est le héros de « la nuit du Chasseur », l’unique film, fort et cruel, de Charles Laughton. L’ambiguïté est à la mesure du personnage qu’il incarne, séduisant et dangereux. Car, poursuivis par ce maléfique psychopathe qui a déjà tué leur mère, deux enfants échappent de justesse à la mort qu’il veut leur faire subir.

Toujours en 1955, soutenu par Peggy Guggenheim, mécène et peintre elle même, Jackson Pollock poursuit ses recherches picturales. Le mural qu’il a réalisé pour l’entrée de l’appartement Guggenheim, à New York, est déjà un simple et vigoureux lacis de couleurs. L’artiste systématise ce type de peinture en pratiquant le « dripping » : la toile est déposée sur le sol, et le pratiquant promène au dessus d’elle un bâton trempé dans la peinture ou, mieux, une boite de métal percée de trous d’où s’écoulent des filaments de couleur. Ainsi, dit Pollock, « le hasard retrouve t’il sa place primordiale dans l’acte créateur, auquel participe le corps tout entier. ».

Encore en 1955, commentateurs et sociologues s’avouent dépassés par les flots « d’hystérie » et l’incompréhensible violence qui accompagnent les spectacles de certains jeunes gens. Bill Haley, qui enregistre « Rock around the clock », Elvis Presley, puis Chuck Berry, Eddie Cochran, Jerry Lee Lewis, Budy Holly et Gene Vincent déchaînent l’enthousiasme de nouveaux consommateurs : les teen-agers américains, trop jeunes pour avoir connu la guerre, et qui se laissent emporter par des flots de musique plus rythmée et plus syncope encore que le be-bop, le rock’n roll, ainsi nommé à cause de la cadence qu’il imprime. Sur scène, les chanteurs aux déhanchements suggestifs portent smoking scintillants et nœuds papillons, mais leurs groupes définissent un nouveau « look », propre à la jeunesse, jeans et chemises à carreaux, comme l’acteur James Dean, ou blouson de cuir et bottes de moto, comme Marlon Brando dans « l’Equipée Sauvage ».

A partir de 1956, à l’instar de Roosevelt, Ike Eisenhower démarre une politique de grands travaux. Des canaux commencent à relier le Saint-Laurent au Lac Supérieur. La construction de 65 000 kilomètres d’autoroutes est programmée. La santé des entreprises est le premier souci du président, qui fait sienne la devise du grand patron Charles Wilson, son ancien employeur : « Ce qui est bon pour la « Général Motors » est bon pour les Etats-Unis et réciproquement ». A cette époque, l’Amérique – qui compte 7 % environ de la population mondiale -, produit 50 % des richesses. Reflet de cette prospérité, la démographie explose : les Américains sont maintenant 180 millions – et le baby boom se prolonge. Socialement, la composition de la population se modifie. Le nombre de « cols blancs » - employés de la classe moyenne – ne cesse de croître, alors que les ouvriers perdent de leur importance.

D’un autre coté, la publicité commence un règne sans partage, appuyée sur un nouveau média : la télévision. En 1956, 81 % des familles possèdent un téléviseur, 96 % un réfrigérateur, 70 % un aspirateur, 90 % une machine à laver le linge, 75 % une voiture. Et 60 % sont propriétaires de leur logement. C’est la « société d’abondance » décrite par l’économiste John Kenneth Galbraith. La consommation de masse, soutenue par le recours très répandu au crédit, met fin à certaines valeurs de l’Amérique traditionnelle. L’épargne, le contrôle de soi, la tempérance s’effacent au profit du culte de l’abondance et de la réussite matérielle. L’Amérique puritaine semble changer en profondeur, même si le modèle familial classique, avec la mère au foyer, reste le fondement de la société. A la même date, Hugh Hefner lance un nouveau magazine au succès foudroyant : « Playboy ».

Mais les inégalités demeurent et, parallèlement, une autre Amérique est en train de naître, celle de la contestation : pacifique avec les beatniks, qui méprise l’idéologie de la réussite et le culte de l’argent, qui consomme de la drogue et revendique une sexualité libre. Ses modèles sont des écrivains critiques à l’égard de la société de consommation : Allen Ginsberg, Jack Kerouac et William Burroughs. 

La contestation est aussi parfois farouche avec les mouvements féministes et touchants au cœur du tissu social avec la minorité noire – qui représente 10 % de la population -. Le pasteur Martin Luther King dirige le boycott des autobus ségrégationnistes de Montgomery en Alabama, qui dure 381 jours. Le vote de la loi sur les droits civiques est acquis. Mais la violence n’est pas loin : ces années sont aussi celles du triomphe des « Black Muslims », le mouvement extrémiste et séparatiste noir qui manifeste son refus des valeurs chrétiennes « blanches » par l’attachement à l’Islam. Il est vrai que l’Amérique triomphante coïncide largement avec l’Amérique blanche.

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