La Citadelle des Ombres - Deuxième Jour, Sixième Partie

A peine fais-je quelques dizaines de pas supplémentaires vers l'Est, que quelque chose d'inhabituel attire mon attention. A moins d'une trentaine de là, apparait ce qui ressemble aux vestiges d'un feu de camp. Ceux-ci sont, il me semble, plutôt récents ; les cendres y sont encore tièdes. Non loin de ces dernières, je distingue les restes d'un repas : des os de poulet, un peu de pain rassis, une assiette de bois brisée en deux, au fond de laquelle se discernent des traces de légumineuses caractéristiques des hauts-plateaux de Vingmareth. Tout autour, je vois également des empreintes de pas récentes. Elles partent dans toutes les directions, comme si les personnes qui se trouvaient là il y a un moment, étaient en train de diner, et qu'elles ont dû fuir les lieux précipitamment. Elles se mêlent d'ailleurs à d'autres stigmates des événements qui se sont produit ici récemment, puisque des marques de griffures labourant le sol sont visibles. Comme si des créatures venues du Ciel avaient surgi brutalement, fondant sur leurs proies. Elles s'en certainement emparées, le temps qu’elles aient eu le temps de s'apercevoir de ce qui se passait. Abandonnant leur repas, les individus qui campaient là, se sont levés, se sont mis à courir sans but, tentant vainement d'échapper à ces ennemis certainement plus nombreux qu'eux. Car j'observe au moins une quinzaine de sillons me rappelant ceux des gigantesques rapaces dont j'ai pu voir l’évolution. C'était lorsque je venais juste de quitter la Cité de Cristal, et que j'ai traversé les Marches de l'Empire à l'Ouest de la Cité de Medigoth. Ces Griffons possédant une envergure de deux hommes mis cote à cote étaient déjà redoutables. Je me demande donc quelle sorte de Strigidé a pu s'en prendre à ce groupe de voyageurs, pour qu'ils n'aient pas eu, ni le temps ni l'opportunité de se défendre, ou, dans le meilleur des cas, fuir.

J'avoue que je n’aimerais pas être amené à croiser la route de ce genre de créatures. Elles me paraissent monstrueuses, implacables. Il semble également difficile - voire impossible - de s'en protéger et de se défendre de leurs assauts. Je suis d'autant plus inquiet que ce n'est pas la première fois, depuis que j'ai franchi la Frontière, que je rencontre ce genre d’éraflures capables de déchiqueter le sol de la sorte. Peu avant le lever du jour déjà, j'en ai aperçu des quasi-identiques. Je me demande d'ailleurs si ce ne sont pas ces étranges volatiles qui sont à l'origine des événements qui se sont déroulés autour de feu de camp. A moins, bien entendu, que d'autres êtres ne rodent sur la plaine ? Il s’agit peut-ètre aussi de créatures à l'apparence monstrueuses – éventuellement organisées en hordes - qui hantent la steppe, à l'affut d'inconscients osant pénétrer sur leurs territoires ? Je vais donc devoir renforcer ma vigilance, au moins jusqu'aux abords des Monts du Levant, si je ne veux pas finir comme ce groupe d'insensés.

Tout en m'éloignant, je fais en sorte de visualiser les  mots Magiques me permettant de lancer un Sortilège permettant à un bouclier invisible de m'entourer ; en espérant que cela soit suffisant - dans un premier temps - à repousser les assauts de ce genre de monstre.